Tu me sembles si grand, et nous si peu de chose, Que mon entendement
Ne peut s'imaginer quelle amour te dispose A nous favoriser d'un regard seulement.
Il n'est foiblesse égale à nos infirmitez: Nos plus sages discours ne sont que vanitez, Et nos sens corrompus n'ont goust qu'à des ordures; Toutesfois, ô bon Dieu,
Nous te sommes si chers qu'entre tes creatures, Si l'ange a le premier, l'homme a le second lieu.
Quelles marques d'honneur se peuvent adjouster A ce comble de gloire où tu l'as fait monter? Et, pour obtenir mieux, quel souhait peut-il faire, Luy que, jusqu'au ponant,
Depuis où le soleil vient dessus l'emisphere, Ton absolu pouvoir a fait son lieutenant?
Si tost que le besoin excite son desir, Qu'est-ce qu'en ta largesse il ne trouve à choisir? Et, par ton reglement, l'air, la mer et la terre N'entretiennent-ils pas
Une secrette loy de se faire la guerre A qui de plus de mets fournira ses repas?
Certes, je ne puis faire, en ce ravissement, Que r'appeller mon ame, et dire bassement :
O sagesse éternelle, en merveilles féconde! Mon Dieu, mon Createur,
Que ta magnificence étonne tout le monde, Et que le ciel est bas au prix de ta hauteur!
ASSAILLANS AU COMBAT DE BARRIERE
quoy donc la France, feconde
En incomparables guerriers,
Aura jusqu'aux deux bouts du monde Planté des forests de lauriers, Et fait gagner à ses armées Des batailles si renommées, Afin d'avoir cette douleur D'ouïr démentir ses victoires, Et nier ce que les histoires Ont publié de sa valeur!
Tant de fois le Rhin et la Meuse, Par nos redoutables efforts, Auront veu leur onde écumeuse Regorger de sang et de morts,
Et tant de fois nos destinées Des Alpes et des Pyrenées Les sommets auront fait branler, Afin que je ne sçay quels Scythes, Bas de fortune et de merites, Presument de nous égaler?
Non, non s'il est vrai que nous sommes
Yssus de ces nobles ayeux
Que la voix commune des hommes A fait asseoir entre les dieux, Ces arrogans, à leur dommage, Apprendront un autre langage, Et, dans leur honte ensevelis, Feront voir à toute la terre Qu'on est brisé comme du verre Quand on choque les fleurs de lys.
Henry, l'exemple des monarques Les plus vaillans et les meilleurs, Plein de merites et de marques Qui jamais ne furent ailleurs, Bel astre vrayement adorable De qui l'ascendant favorable En tous lieux nous sert de rempart, Si vous aimez vostre loüange, Desirez-vous pas qu'on la vange D'une injure où vous avez part?
Ces arrogans, qui se defient De n'avoir pas de lustre assez, Impudemment se glorifient
Aux fables des siecles passez, Et, d'une audace ridicule,
Nous content qu'ils sont fils d'Hercule, Sans toutesfois en faire foy;
Mais qu'importe-t-il qui puisse estre leur ancestre,
Ny leur pere ny
Puis que vous estes nostre Roy?
Contre l'avanture funeste
Que leur garde nostre courroux, Si quelque esperance leur reste, C'est d'obtenir grace de vous, Et confesser que nos épées, Si fortes et si bien trempées Qu'il faut leur ceder ou mourir, Donneront à vostre couronne Tout ce que le ciel environne, Quand vous le voudrez acquerir.
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