Et, rendant l'univers de son heur étonné, Adjouste chaque jour quelque nouvelle marque Au nom, qu'il s'est acquis, du plus rare monarque Que ta bonté propice ait jamais couronné!
Cependant son Dauphin, d'une vistesse pronte, Des ans de sa jeunesse accomplira le conte, Et, suivant de l'honneur les aimables appas, De faits si renommez ourdira son histoire Que ceux qui dedans l'ombre eternellement noire Ignorent le soleil ne l'ignoreront pas.
Par sa fatale main, qui vengera nos pertes, L'Espagne pleurera ses provinces desertes, Ses chasteaux abbatus et ses champs déconfits; Et, si de nos discors l'infame vitupere
la derober aux victoires du pere,
Nous la verrons captive aux triomphes du fils.
POUR LES DEMY-DIEUX MARINS CONDUITS PAR NEPTUNE
O! qu'une sagesse profonde
Aux avantures de ce monde
Preside souverainement,
que l'audace est mal apprise De ceux qui font une entreprise, Sans douter de l'évenement!
Le renom, que chacun admire, Du Prince qui tient cet empire Nous avoit fait ambitieux De meriter sa bien-vueillance, Et donner à nostre vaillance Le témoignage de ses yeux.
Nos forces, partout recognues, Faisoient monter jusques aux nues
Les desseins de nos vanitez; Et voicy qu'avecque des charmes Un enfant qui n'avoit point d'armes Nous a ravy nos libertez.
Belles merveilles de la terre, Doux sujets de paix et de guerre, Pouvons-nous avecque raison Ne benir pas les destinées Par qui nos ames enchainées Servent en si belle prison?
L'aise nouveau de cette vie Nous ayant fait perdre l'envie De nous en retourner chez nous, Soit nostre gloire ou nostre honte, Neptune peut bien faire conte De nous laisser avecques vous.
Nous sçavons quelle obeïssance Nous oblige, à nostre naissance, De porter à sa royauté;
Mais est-il ny crime ny
Dont vous ne dispensiez une ame Qui dépend de vostre beauté?
Qu'il s'en aille à ses Neréides, Dedans ses cavernes humides,
Et vive miserablement,
Confiné parmy ses tempestes; Quant à nous, estant où vous estes,
Nous sommes en nostre élement.
Phylis, qui me voit le teint blesme, Les sens ravis, hors de moy-mesme, Et les yeux trempez tout le jour, Cherchant la cause de ma peine, Se figure, tant elle est vaine, Qu'elle m'a donné de l'amour.
Je suis marry que la colere Me porte jusqu'à luy déplaire; Mais pourquoy ne m'est-il permis De luy dire qu'elle s'abuse, Puis qu'à ma honte elle s'accuse De ce qu'elle n'a point commis?
En quelle eschole nompareille Auroit-elle appris la merveille
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