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Ne fussent encore honorez
Ces ouvrages des mains celestes

Que, jusques à leurs derniers restes,
La flamme grecque a devorez!

ODE IX

POUR LE ROY [LOUIS XIII]

ALLANT CHASTIER LA REBELLION DES

ET CHASSER LES ANGLOIS

ROCHELCIS

QUI, EN LEUR FAVEUR, ESTOIENT DESCENDUS
EN L'ISLE DE RÉ

1627

Donc un nouveau labeur à tes armes s'appreste;
Pren ta foudre, Loüis, et va, comm' un lion,
Donner le dernier coup à la derniere teste
De la rebellion.

Fay choir en sacrifice au demon de la France
Les fronts trop élevez de ces ames d'enfer,
Et n'épargne contre eux, pour notre delivrance,
Ny le feu ny le fer.

Assez de leurs complots l'infidelle malice
A nourry le desordre et la sedition;

Quitte le nom de Juste, ou fay voir ta justice
En leur punition.

Le centiéme decembre a les plaines ternies,
Et le centiéme avril les a peintes de fleurs,
Depuis que parmi nous leurs brutales manies
Ne causent que des pleurs.

Dans toutes les fureurs des siecles de tes peres,
Les monstres les plus noirs firent-ils jamais rien
Que l'inhumanité de ces cœurs de viperes
Ne renouvelle au tien?

Par qui sont aujourd'huy tant de villes desertes,
Tant de grands bastimens en masures changez,
Et de tant de chardons les campagnes couvertes,
Que par ces enragez?

Les sceptres devant eux n'ont point de privileges,
Les immortels eux-mesme en sont persecutez;
Et c'est aux plus saints lieux que leurs mains sacrileges
Font plus d'impietez.

Marche, va les détruire, éteins-en la semence,
Et suy jusqu'à leur fin ton courroux genereux,
Sans jamais écouter ny pitié ny clemence
Qui te parle pour eux.

Ils ont beau vers le ciel leurs murailles accroistre,
Beau d'un soin assidu travailler à leurs forts,

Et creuser leurs fossez jusqu'à faire paroistre
Le jour entre les morts.

Malherbe.

9

Laisse-les esperer, laisse-les entreprendre:
Il suffit que ta cause est la cause de Dieu,
Et qu'avecque ton bras ell' a pour la deffendre
Les soings de Richelieu :

Richelieu, ce prelat de qui toute l'envie
Est de voir ta grandeur aux Indes se borner,
Et qui visiblement ne fait cas de sa vie
Que pour te la donner.

Rien que ton interest n'occupe sa pensée,
Nuls divertissemens ne l'appellent ailleurs;
Et, de quelques bons yeux qu'on ait vanté Lyncée,
Il en a de meilleurs.

Son ame, toute grande, est une ame hardie,
Qui pratique si bien l'art de nous secourir
Que, pourveu qu'il soit creu, nous n'avons maladie
Qu'il ne sçache guerir.

Le Ciel, qui doit le bien selon qu'on le merite,
Si de ce grand oracle il ne t'eust assisté,
Par un autre present n'eust jamais esté quitte
Envers ta pieté.

Va, ne differe plus tes bonnes destinées;
Mon Apollon t'asseure et t'engage sa foy
Qu'employant ce Typhis, syrtes et cyanées
Seront havres pour toy.

Certes, ou je me trompe, ou déja la Victoire

Qui son plus grand honneur de tes palmes attent, Est aux bords de Charente en son habit de gloire, Pour te rendre content.

Je la voy qui t'appelle, et qui semble te dire :
<< Roy, le plus grand des rois, et qui m'es le plus cher,
Si tu veux que je t'aide à sauver ton empire,
Il est temps de marcher. »

Que sa façon est brave et sa mine asseurée !
Qu'elle a fait richement son armure étoffer!
Et qu'il se cognoist bien, à la voir si parée,
Que tu vas triompher!

Telle, en ce grand assaut où des fils de la Terre
La rage ambitieuse à leur honte parut,
Elle sauva le ciel, et rua le tonnerre
Dont Briare mourut.

Déja de tous costez s'avançoient les approches;
Icy couroit Mimas, là Typhon se battoit,
Et là suoit Euryte à détacher les roches
Qu'Encelade jettoit.

A peine cette vierge eut l'affaire embrassée,
Qu'aussi-tost Jupiter, en son trosne remis,
Vit, selon son desir, la tempeste cessée,
Et n'eut plus d'ennemis.

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