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IMITATION DU LATIN.

Contre Cefar & contre Mamurra,

Le peuple en vain sʼirritera :

De leur amitié criminelle,
En vain on fe plaindra;

Leurs vices reffemblants, la rendront éternelle
Tous deux effeminez,

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A de honteux plaifirs tous deux abandonnez
Dans leurs amours infames,
Compagnons & rivaux des femmes,
Tous deux fpirituels,

Et d'un peu de science,

Pour tromper les mortels,

Affectant l'apparence;

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Comme tant qu'ils vivront ils feront vicieux, Auffitant qu'ils vivront ils s'aimeront tous deux

La moderation de Cefar fut admirable dans cette rencontre; car quoique ces Vers faffent très-offenfans, & qu'il

en eût un très-grand chagrin, il feignit les ignorer, & bien loin de fe venger de Catulle, comme il l'eût fans doute pû, il le fit prier de venir fouper à fa table, le jour même que ces Vers parurent.

Un procedé fi plein d'honnêteté & de douceur touchoit fort Catulle; mais l'injure qu'il prétendoit avoir reçûe de Cefar, étoit encore trop recente pour être oubliée : il ne cherchoit qu'un honnête prétexte pour s'éloigner de la Cour lorfque la fortune, qui fembloit prendre plaifir à le perfecuter. lui en fournit un bien funefte.

Il avoit un frere qu'il aimoit cherement, & qui depuis deux, ou trois ans fervoit dans les

A

troupes de Phrygie. On lui manda que ce cher Frere étoit à l'extremité, il s'embarqua auffitôt, & partit pour aller le voir. Cependant Cefar, qui avoit terminé en Bithynie avec les Rois & avec les Députez des Peuples, toutes les affaires des Provinces Afiatiques, partit auffi pour retourner en Italie. Antoine & les autres Lieutenans que Cefar y avoit, exer çoient des violences & des tyrannies qui faifoient haïr fa doquoique de lui.

mination

même il fût le plus doux de tous les hommes. La belle Craftinie le suivit, & il lui pro mit qu'il rendroit fa fortune fi éclatante, , que Catulle fe re pentiroit plus d'une fois d'avoir rompu avec elle.

pour

Catulle arriva au Port de l'ancienne Troye, où il apprit que fon Frere étoit mort. Il donna des marques d'une douleur fi vive, qu'on apprehenda fa vie. fl abandonna toutes fortes de plaifirs; il ceffa même fes études, & long. tems durant, les lettres qu'il écrivit à fes amis furent pleines de regrets & de plaintes. On eut toutes les peines du monde à l'arracher d'auprès du tombeau de fon Frere, où il disoit qu'il vouloit achever le

peu de

Inferiæ ad fratris tumulum, Carm. 997

Multas per gentes, & multa per aquorm

vectus,

Advenio has miferas » frater » ad inferiasz

vie qui lui reftoit. Enfin on le
fit refoudre à partir, & il prit
le chemin de Sirmion, qui
étoit cette Prefqu'ifle où fon
Pere lui avoit laiffé une maison.
Voici les Vers qu'en partant
il fit fur la mort de son Frere.

IMITATION DU LATIN.

N'Ai-je donc traverse tant de vastes deserts,

Tant de lieux inconnus, de Fleuves & de Mers,
Que pour parler en vain aux cendres de mon
Frere?

Quel noir deftin à mon bonheur contraire
Quand je vole à votre fecours,/.
S'eft hâté de finir vos jours?

Cher Frere, puifqu'enfin la Parque trop cruelle
Trahit les foins qu'eût pris mon amitié fidelle;
Frere digne d'un meilleur fort

Recevez après votre mort,

Le pitoyable office,

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