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elle, & je vis auprès de Tertie la fille, qui à ce qu'on dit a auffi partagé avec fa meré les bone nes graces & le cœur de Ce-> far..... On dit même, car il eft bon de vous informer de tous ces détails que vous igno. rez peutêtre : onc dit que la mere, qui, à quelque prix que ce foit, veut fe conferver l'empire qu'elle a fur Cefar, a ménagé le commerce & l'intrigue que fa fille a eu avec lui :& on rapporte fur cela dans le monde un bon mot, que Ci ceron a dit, qui peutêtre lui coûtera cher. Mais revenons à notre fujet.

Je vis auprès de Tertie une jeune perfonne qui me plut extrémement. Elle avoit je ne fçai quoi de fi doux & de fi modes

ze dans la phifionomie, qu'on ne pouvoit s'empêcher de l'admirer, dans une Cour où la retenue n'eft pas une qualité fort ordinaire. Cette perfonne étoit venue à la Cour pendant mon abfence; & je ne fçavois qui elle étoit. Je m'en infor mai à un vieux Chevalier Ro main, qui n'est jamais forti de Rome. Il me dit qu'elle s'appelloit Seratine: & comme c'est un fort grand parleur, il me fit enfuite l'hiftoire de la famille de Sératine, qui eft fort illuftre. Il n'oublia aucune de fes bonnes qualitez, & il m'en parla fi long-tems, qu'il m'eût fans doute ennuyé, fi des raifons fecrettes dont je ne m'apper cevois pas encore, ne m'euffent fait prendre un plaifir fingulier

à entendre parler de cette ad mirable perfonne songom ont Ce Chevalier ajoûta à tour ce qu'il m'avoit dit, que Sératine étoit la bonne amie de Lefbie, & que leur amitié avoir quelque chofes de fort rare, parce qu'étant toutes deux belles & jeunes, il y avoit ap parence qu'elles devoient avoir quelque jaloufie l'une de l'au tre, & que cependant elles vivoient dans une union par faite.

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Lorfque j'appris que Sératine étoit amie de Lesbie, je me fentis piqué d'un violent defir de la connoître, plus particu lierement,& de lier amitié avec elle. Je crus d'abord que je n'envilageois que vous en cela, & que je ne fouhaitois d'être

des amis de. Sératine, qu'afin de la mettre dans vos interêts, & de l'obliger à vous rendre de bons offices auprès de Lesbie; mais en effet je n'envisageois que moi. Dès le premier moment que je la vis, j'étois devenu amoureux de Sératine : & l'amour qui, comme vous fçavez, fe déguife toûjours dans les commencemens prenoit le prétexte de vous rendre fervice pour me mener chez elle, où il vouloit achever de m'engager.

Je me donnai tant de peine, & je m'informai avec tant de foin, qu'enfin je trouvai une femme de mes amies, qui étoit affez bien avec Sératine. Elle me présenta à elle, & j'obtins de cette belle perfonne la per

miffion de lui rendre vifitė. Infenfiblement je l'accoûtumai à me voir; & enfin je me rendis fi affidu, qu'il ne fe paffoit point de jour que je n'allaffe chez elle.

Lesbie à qui elle faifoit con fidence de tout, fçût d'abord notre commerce, & elle pria feulement fon amie de ne me point mener chez elle, mais en même tems elle lui dit mille biens de moi. De forte que la répugnance qu'elle témoignoit à me voir, ne fit aucune impreffion fur l'efprit de Sératine, auprès de qui je ne laiffai pas de me mettre affez bien. Cependant plufieurs Chevaliers de grande confideration s'étoient attachez auprès de Lefbie: elle les recevoit tous

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