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l'amour, vous entrez dans le cœur d'une Amante, vous en fçavez pénetrer tous les replis & tous les détours: & au tra, vers de mille froideurs, vous fçavez démêler un reste de pasfion qu'on ne fçauroit éteindre. Ce que vous venez de me dire, ine rend la vie, n'en doutons

De Lefbiæ marito. Carm. 83.

Lesbia mi, prafente viro, mala plurima dicit.

Hoc illi fatuo maxima latitia eft.

Mule, nihil fentis; fi noftri oblita taceret,
Sa

saga effet; quod nunc gannit, & obloquitur,
Non folum meminit: fed, que multò acrior eft res,
Irata eft: hoc eft, uritur, & loquitur.
De Lelbia. Carm. 91.

Esbia mi dicit femper malè, nec tacet unquam De me difpeream, me nifi Lesbia amat. Quo figno? quafi non totidem mox deprecor illam Affiduè verùm dispeream, nifi amo.

1

-point, mon cher Licinius, on m'aime.

IMITATION DU LATIN. LEsbie en termes pleins d'aigreur,

Parle de moi fans ceffe: M

Elle change en mépris, dit-elle, fa tendreffe, Et je n'occupe plus fon cœur.

Si Lefbie offenfee

Avoit éteint l'amour, dont j'ai feu la bleffer,
Ami de fa peníte 1015191

Lefbie auroit fed me chaffer, do Mais quoi! fur mon fujet elle ne peut fe taire, Elle n'en parle qu'en colere.*** Andr

En vain de fes froideurs je ferois alarmé; 3
Elle fe plaint de mol :jesfuis toûjours aimé.
IMITATION DU LATIN.
dal sidel gul erior

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Que Lesbic eft trompée !

De moi feul occupée

EAERA lorfqu'elle en dit du mal,

Aveuglement fatal!

allsen

J'en ufe a fon egard de même ; ada Mais je meure, A je file Painet

e

Pardonnez, mon cher Liginius,aux transports d'un Amant qu'une amoureufe joie a em porté plus loin qu'il ne vouloit. Vous connoiffez l'Amour & les Mufes, & vous fçavez fi l'on peut réfifter à leurs mouvemens I fecrets, lorfqu'il leur plaît de s'emparer de nous.

Je ferois bien fâché dit obligeamment Licinius, que yous leur euffiez

vinitez vous ont é. Ces di

fait dire de

mais i

I

I

trop agréables choses; reprenons notre hiftoire Helvius Cinna avoit trop de í plaifir à croire que Lebie l'ai moit, pour fe laiffer perfuader par mes raifons. Il continua fes affiduitez auprès d'elle, & il fe confirma dans la penfée qu'elle fentoit pour lui quelque chofe

de

'de plus tendre que pour les

autres.

Cependant un parent de Les. bie qui avoit fait une grande fortune à Rome, mourut, & il la laiffa feule heritiere de fes grands biens. Ceux fous l'autorité de qui elle étoit, la voyant devenue fi riche, réfolurent de la marier au plûtôt : & comme parmi tous fes Amans, il n'y en avoit pas un qui n'eût beaucoup de bien, beaucoup de qualité, & beaucoup de confidération dans le monde, fes parens lui dirent de choisir celui qui lui plairoit le plus, & de fe préparer à l'épouser.

Elle fut frapée de cette déclaration : & elle commença à fentir qu'elle vous aimoit encore, forfqu'elle envisagea le

Tome 11.

H

la

mariage, & qu'elle fongea que vous n'êtiez point du nombre de ceux qu'on lui propofoit pour époux. Elle fremit de la feule pensée de fe donner à un autre que vous. Elle ouvrit fon cœur à Sératine, qui me difoit Tout ce qu'elle lui confioit, & qui pourtant ne put obtenir d'elle que j'allaffe la voir. Cependant fes parens preffoient étrangement, & plus elle témoignoit de repugnance au mariage, plus ils augmentoient leurs perfécutions. Enfin après beaucoup de plaintes & de remontrances inutiles, ils allerent la trouver. Celui d'entre eux qui étoit le plus confiderable, lui dit que puifqu'elle ne vouloit pas fe choifir ellemême un mari, fa famille.

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