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ne pouvoit qu'être embarraffante, & pour Lefbie, & pour Cinna. Il partit donc malgré les inftantes prieres de ce dernier qui vouloit le retenir pour faire voir qu'il n'étoit point capable d'une jaloufie injurieufe à fa femme, dont la vertu lui étoit trop connue pour être foupçonnée. Licinius fuivit fon ami, & ils arriverent à Rome où Catulle étoit fouhaité de tous les honnêtes gens qui ne pouvoient s'accoûtumer à ne le point voir. Il fut vifité de tout ce qu'il y avoit pour lors de gens illuftres à la Cour de Célar, qui témoi gna même qu'il eût été bien aife que ce qui s'étoit paffé en Bithynie fût oublié.

Licinius qui avoit été reçû du Dictateur avec des bontés

qu'il n'avoit ofé esperer, fit inutilement tout ce qu'il put pour perfuader à fon ami de rentrer dans les bonnes graces d'un Maître fi debonnaire. Le chagrin que caufoit à Catulle le malheur de fes amours, fe répandoit fur tout. Il s'en pre noit à tout le monde; & il étoit devenu fi mélancolique & fi bizarre, qu'il n'y avoit que fes meilleurs amis qui connoiffoient la caufe du changement de fon humeur, qui puffent le fupporter.

Il s'alla perfuader que fi Lesbie étoit à Rome, il pourroit vaincre par fa perfévérance la réfolution qu'elle avoit prise de ne le plus voir. Il crut que les injustices du Dictateur étoient les feules caufes de la retraite de

cette vertueufe perfonne. Ce pendant il eft vrai qu'elle ne s'éxiloit de Rome que pour fuir la vûë de ce même Amant, qui imputoit aux autres tous les malheurs dont il ne devoit accufer que lui-même. Enfin il augmenta fi fort l'averfion qu'il avoit déja conçue contre Ĉéfar; il s'acharna fi fort à le déchirer par des fatyres. fanglantes, qu'il fut condamné de tout le monde, & qu'il n'eût peutêtre trouvé perfonne qui eût voulu prendre fon parti, fi le Dictateur avoit voulu fe vanger.

Mamurra qui étoit toûjours, le favori de Célar, partageoit. avec fon Maître le chagrin & la haine de Catulle. Catulle ne le laiffoit jamais en repos, &

il faifoit paroître presque tous les jours de nouvelles invectives contre lui. Il ne pouvoit fouffrir que le Dictateur fit tant de bien à cet homme, qui à la vérité n'étoit pas prévenu par les voies les plus honnêtes du monde, à cette haute fortune où il étoit. Voici, felon moi, les plus violens de tous les Vers que Catulle ait faits fur ce fujet.

Q

In Cæfarem: Carm. 19

Vis boc poteft videre, quis poteft pati, Nifi impudicus & vorax, & aleo? Mamurram habere quod comata Gallia Habebat unetum, & ultima Britannia? Cina de Romule hac videbis & feres? Es impudicus, & vorax, & aleo. Et ille nunc fuperbus, & fuperfluens Perambulabit omnium cubilia,

IMITATION DU LATIN.

Qu

Uoi! l'Ile des Bretons, les Gaules, tout

l'Empire,

Aux dépenfes que fait l'infâme Mamurra,
A peine pourront fuffire?

Toûjours de nouveaux biens Cefar l'accablera,
Et Rome le fouffrira?

O vous! dont jufqu'ici l'indigne patience,
Du Maître & de l'Efclave a nourri l'infolence,
Romains, foibles Romains,

Vous êtes déformais les derniers des humains.
Le fuperbe Cefar regne dans vos familles :
Il vous ôte à fon gré vos femmes & vos filles :
Romains qui les voiez, & qui le permettez,
Vous ne méritez pas le nom que vous portez.
Et toi Céfar toûjours fuivi de la victoire,
Quand ta fole témérité

Des farouches Bretons a foumis la fierté,
N'allois-tu chercher que la gloire
Chez ces peuples cruels,

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