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Ut albulus columbus, aut Adoneus ?
Cina de Romule hoc videbis & feres?
Et impudicus, & vorax, & helluo
Eone nomine, Imperator unice',
Fuifti in ultima Occidentis infulas
Ut ifta voftra ..

Ducenties comeßet, aut trecenties?
Quid eft? an hac finiftra liberalitas,
Parùm expatravit? an parùm belluatus eft?
Paterna prima lancinata funt bona:

Secunda prada Pontica; inde tertia

Hibera, quam fcit & amnis aurifer Tagus
Hinc Gallia timent Britannia.

Quid hunc malum, fovetis? aut quid hic potefta
Nifi unita devorare patrimonia ?

Eone nomine, Imperator unice

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Socer, generque, perdidifti omnia?

Jufqu'alors inconnus au refte des mortels?

Tu cherchois plûtôt leurs richeffes, Que ta prodigue main répand fur cent flatteurs; Qui de ton vain pouvoir lâches adorateurs, Font tous les jours pour toi de nouvellesbaffeffes. Siniftre liberalité,

Qui des dépouilles des Provinces,

Et des tréfors des Princes,

Enrichit un flatteur à ce prix acheté !
Les richeffes du Pont, du Tage & de l'Ibere,
Ont eu le même fort que les biens de ton Pere;
Qu'en vains ajustemens, en presens superflus,
Ta main a d'abord répandus.
Romains, qu'attendez-vous encore ?
Que vous-mêmes il vous dévore?
O trop heureux Romains!

Si quelques favorables mains

Du Gendre & du beau-Pere,

Avant leurs fiers débats avoient pû vousdéfaire!

Plus je lis ces fatyres contre Céfar, plus j'admire la liberté. que fe donnoient les Poëtes de

fon tems, & la patience du premier Empereur du monde. Il fembla qu'il eût entrepris de laffer & de confondre Catulle · à force d'honnêteté. Il lui en fit faire de fi grandes après que ces derniers Vers eurent paru, qu'enfin Catulle fe rendit à tant de générosité, & qu'il alla avec un repentir très-fincére le prier de lui pardonner fes égaremens.

Cefar lui répondit avec tant 'de bonté, que fes plus grands ennemis ne purent s'empêcher de louer fa clémence. Il ne perdit depuis aucune occafion d'o. bliger Catulle. Ce fut à fa confideration qu'il écrivit à Cinna, & qu'il le pria fi obligemment de revenir à Rome, que Cin na ne pût s'en défendre. Mais

Catulle

Catulle n'en fut pas plus heureux : car Lefbie ne voulut point accompagner fon mari en un lieu où elle fçavoit qu'elle ne pourroit s'empêcher de voir fon Amant.

Cet Amant malgré les honneurs que lui faifoit le Dictateur, étoit le plus infortuné des hommes, lorfque les terri*bles révolutions qui cauferent le malheur general, qui dura fi longtems, firent fon bonheur particulier de la maniere que je vais dire. Autant que Cefar avec les perfonnes privées étoit honnête, civil & moderé, autant il étoit fuperbe & arro. gant avec le public: de forte que fi d'un côté il gagnoit quelques affections particulieres, de l'autre il s'attiroit la Tome II.

N

haine & l'indignation generale. Le peuple commençoit à se laffer de fa domination, & tous les jours il arrivoit quelque avanture, qui faifoit voir que les Romains ne fouhaitoient autre chofe que de nouveaux remuemens. On trouvera ces mots écrits au deffous de la statue du fameux Brutus, qui avoit chaffé les Tarquins: Plût aux Dieux que tu vécuffes encore.

Ce qui acheva de ruiner entierement Cefar dans l'efprit de tous les Citoiens, fut le bruit qui courut alors, qu'il vouloit fe faire couronner Roi de Rome, & l'arrogance avec quoi il reçût le Senat. Tous les Peres confcrits alloient le trouver en corps avec les Decrets les plus avantageux & les plus

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