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Mais il faut l'avouer, dûffent de tous côtez
S'élever contre moi les Aftres irritez;

A revenir vers vous je ferois toute prête,
Et me trouverois mieux fur votre aimable tête,
Nourrie avecque foin d'effence & de parfums,
Qu'environnée au Ciel de rayons importuns.
Mais à de vains honneurs les Dieux m'ont def-
tincé,

Et je fuis en ces lieux pour toûjours enchaînée
Vous que l'Hymen unit par des liens facrez,
Refufez des plaifirs fi longtems defirez,
Et ne permettez point qu'un Epoux temeraire
Faffe ce qu'aux Epoux il eft permis de faire ;
Avant que vous m'ayez par des prefens offerts
Engagée à donner des charmes à vos fers.

Je ne parle qu'à vous beautez chaftes & sages,
C'eft de vous que je veux recevoir des homma-

ges.

Puiffent fe perdre en l'air les odieux prefens

De celles dont les vœux ne font point innocens Je ne fuis point propice aux coœurs fouillez de crimes;

Pour vous qui ne brûlez que de feux legitimes, Dans un heureux Hymen jouiffez d'une paix,

Vefter onyx, cafto petitis que jura cubili.
Sed quæ fe impuro dedit adulterio,

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Illius ab mala dona levis bibat irrita pulvis.
Namque ego ab indignis præmia nulla peto.

Sed magis, o nupta, femper concordia vestras
Semper amor fedes incolat affiduus.

Tu verò, regina, tuens cum fidera Divam
Placabis feflis luminibus Venerem

Sanguinis expertem ; non votis effe tuam me :
Sed potiùs largis effice muneribus.

$idera cur retinent? utinam coma regia fiamë Proximus Hydrocboi fulgeret Oarion.

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Dont la tranquillité ne finiffe jamais.

Et vous,ma belle Reine,à qui je dois ma gloire, De ce que je vous fûs, confervez la memoire: Lorfque vous tournerez vos regards vers les Cieux,

Sur moi de tems en tems arrêtez vos beaux yeux.
Daignez me confier vos fecrettes demandes,
Et fouffrez qu'à Venus je porte vos offrandes.
Mais je paffe avec vous trop de tems en difcours
Le jour approche,il faut que je fuive mon cours,
De mes retardemens déja le Ciel s'irrite,
Adieu ma Reine, adieu, malgré moi je vous
quitte.

Il eft jufte, dit Cléopatre à
Catulle, après avoir lû plusieurs
fois ces Vers; & il eft tems que
je m'acquite de ce que je vous
ai promis. Elle fe leva auffitôt,
& après avoir congedié fa Cour,
elle le fit paffer par un beau jar-
din dans un falon délicieux qui
étoit au milieu de quatre par.
terres. Aux deux côtez du fa.

lon étoient deux grottes magnifiques, où l'eau que l'art y avoit conduite, faifoit mille figures furprenantes. Les fenêtres du falon donnoient d'un côté fur l'appartement royal qui étoit à l'autre extrémité du jardin, où il prefentoit une face admirable: de l'autre côté elles donnoient fur un bois d'orangers & de citronniers percé d'une grande allée au milieu, que términoit une cascade ma gnifique qui tomboit avec un bruit pareil à celui des plus rapides torrens. Ce fut dans cet agréable falon que Cléopatre mena Catulle. Elle le fit affeoir fur une pile de carreaux de differentes étoffes : & s'étant à demi couchée fur un petit lit de drap d'or, elle parla de la sorte.

HISTOIRE

DE

CALLIMAQUE

E T

DE BERENICE.

CA

Allimaque ayant réfolu de fuivre l'exemple de fon pere, qui avoit preferé l'étude de la Poëfie au gouvernement de la Republique de Cyrene, vint à Alexandrie fur la fin du regne de Ptolomée Philadelphe, celui de tous les Rois d'Egypte qui a eu le plus de goût & le plus d'affection pour lesLett res. Il fut bientôt connu & eftimé dans une Cour. où c'étoit affez de faire profes

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