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Phare étoit une espece de petite Ville; que le même Ptolomée avoit trouvémoyen de joindre à Alexandrie,par un mole, ou une espece de digue qu'il avoit fait élever dans la Mer.

:

Surle rivage on voyoit le magnifique Palais des Rois d'Egypte, qui avoit d'un côté l'afpect de la Mer, & de l'au tre celui d'un Theatre fuperbe qui fervoit de Citadelle. Ce Palais étoit fi vafte il étoit orné de tant de dômes fuperbes, de tant de tours & de pavillons, dont les pointes dorées éblouiffoient ceux qui le regar doient, qu'on l'eût plûtôt pris pour une Ville, que pour une feule maison. Un peu plus dans l'enfoncement s'élevoit Ale xandrie, dont les édifices fe

commandoient les uns aux autres avec tant de regularité, qu'il fembloit que ceux qui les avoient bâtis, avoient voulu faire une espece d'amphithea.

tre.

Catulle ne pouvoit fe laffer d'admirer tant de beautez lorfqu'il fut agréablement furpris par un fpectacle auffi magnifique que galant, & qui lui fembloit avoir quelque chofe de l'enchantement.

Il entendit d'abord un con cert de flûtes, de hautbois & de lires: cette fymphonie étoit mêlée de voix qui chantoient des airs tendres & languiffans. Il tourna la tête du côté où fe faifoit le concert, & il vit une petite Flotte compofée de fept ou huit vaiffeaux qui vo

guoient lentement fur la Mer. Ils étoient ornez de riches peintures, leurs mafts étoient dorez, les cordages étoient de foye mêlée d'or, les voiles d'étoffe en broderie de differentes couleurs, les pavillons de même, & ils étoient renouez avec de gros cordons d'or. Dans l'un de ces vaiffeaux étoient les Joueurs d'inftrumens ; dans un autre les Chanteurs, tous habillez d'une maniere finguliere & galante: un autre portoit des gens qui brûloient des paftilles & qui répandoient des effences dont tout le rivage étoit parfumé: dans un autre, on voyoit des femmes couvertes de guirlandes & de feuillages, elles te. noient des corbeilles pleines de toutes fortes de fleurs: à côté

d'elles, des hommes vêtus à peu près de la même maniere, portoient de grands baffins d'or chargez de fruits en pyramides. Le refte des vaiffeaux étoient pleins des plus belles perfonnes du monde de l'un & de l'autre fexe leurs habits étoient fi ri. ches & fi brillans, qu'il étoit impoffible de les regarder, lorf que le Soleil donnoit deffus.

Au milieu de cette petite Flotte paroiffoit une Galere plus riche & plus fuperbe que les au tres vaiffeaux. Le long de fes bords regnoient des festons de fleurs d'orange & de jasmin, foûtenus d'espace en espace par de petits Amours de vermeil doré. On y avoit élevé fur un tapis couleur de feu, broché d'or, un petit thrône tout bril

Jant d'émeraudes & de perles. Autour de ce thrône paroif. foient de belles filles vêtuës en Nymphes & en Nereïdes; & de jeunes enfans habillez en Amours, qui tenoient des évan. tails en leurs mains pour rafralchir l'air. Les rameurs repré. fentoient des Faunes & des Satyres, & dans cet ajustement fauvage ils ne laiffoient pas d'avoir je ne fçai quoi d'agréable.

Sur le thrône étoit affife l'admirable Cleopatre, dans un habit pareil à celui que les Peintres donnent à la Déeffe Venus elle avoit à fes côtez Iras & Charmion fes deux che. res confidentes, qui ne l'abandonnerent jamais, & qui lui furent fi fidelles, que lorfqu'après la défaite d'Antoine, cette bel

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