Imágenes de páginas
PDF
EPUB

couvrir toutes les beautez. Callimaque fe mit à

genoux auprès de fon lit, & il la regarda fans lui rien dire, avec un trouble & un embarras qui la firent rougir. Ils s'apperçurent tous deux de l'état où ils étoient, & leur trouble aug. menta encore par la réflexion qu'ils y firent. Enfin la Princef. le rompit la premiere ce filence, qui avoit je ne fçai quoi de fort doux & de fort amou.

reux.

Hé bien, Callimaque, lui dit-elle, vous vouliez partir fans me voir ? Est-ce que vous vous repentez de m'avoir fervie, & que réfolu de ne plus travailler à ma vengeance, vous craigniez que je ne vous en parlafle.Ah, Madame,repliqua-t-il, D

i

que vous rendez peu de juftice au refpect d'un malheureux, qui fe défioit de lui même, & qui n'ofoit vous voir de peur de vous dire que malgré que malgré vos cruel

les défenfes, il vous aime toutjours avec une paffion qui ne finira jamais.

Callimaque en disant cela, jetta les yeux fur Berenice : & comme il remarqua qu'elle le regardoir d'une maniere qui n'avoit rien de rude ni d'irrité, il continua à lui parler ainfi. Croyez, Madame, que j'ai fait tous mes efforts pour étouffer cette paffion qui vous offenfe mais les feux que diffici. vous allumez, font trop les à éteindre, & je fens que je vous aimerai toute ma vie : Je fens de plus que mon amour

aigri par la contrainte où je l'ai tenu jufqu'à prefent, va déformais éclater malgré moi. Non, Madame, ajoûta-t-il, je n'en fuis plus le maître ; & fi vous ne voulez pas qu'il paroiffe, il faut que j'aille me cacher moi-même dans quelque de fert, où je tâcherai inutilement de vous oublier. Voilà, Madame, la réfolution que je prends: & d'abord que j'aurai fait pour vous dans l'emploi que le Roi m'a donné, tout ce que vous pouvez attendre de Amant le plus paffionné qui fut jamais, j'irai habiter des climats fi éloignez de l'Egyp te, que vous n'entendrez jamais parler de moi. Callimaque ayant achevé de parler, fe leva comme s'il eût

[ocr errors]

}

voulu fe retirer; & la Princeffe l'arrêtant par le bras: Quelle étrange réfolution prenez vous, lui dit-elle de pareils excès font-ils dignes de Callimaque ? Hélas, Madame, interrompitil, je ne fuis plus moi-même. C'est bien injuftement, que j'ai encore dans le monde cette reputation de fageffe & de force d'efprit que mes premieres actions m'ont acquifes. Je fuis maintenant de tous les hommes le plus foible & le plus malheureux. Que je fuis à plaindre, s'écria-t-il enfuite, d'avoir perdu ce repos dont je jouiffois uniquement occupé de l'étude & des belles Lettres !

Il y en a, dit la Princeffe, en paffant la main sur son vi

fage pour cacher fa rougeur, qui fe croiroient peutêtre heureux, s'ils étoient dans l'état où vous êtes. En quoi donc, Madame, reprit-il auffitôt, en quoi faites-vous confifter mon bonheur ?

[ocr errors]
[ocr errors]

Comptez-vous pour rien répondit elle, la bonté que j'ai de vous écouter & de fouffrir les déclarations que vous me faites? Callimaque fongez que c'est beaucoup pour une perfonne de mon rang. Ah! Madame, dit-il en fe remettant genoux, c'en eft plus que je ne mérite, & je ne porte pas mes defirs plus loin. Souffrez que je vous aime & que je vous le dife, je ferai le plus heureux & le plus content des hommes. Il fe tût après cela, & com.

[ocr errors]
« AnteriorContinuar »