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que

toient pas encore finies, lorf que les nouvelles qui vinrent de Syrie troublerent les réjouif fances publiques. La cruelle Laodice avoit trouvé moyen de voir Antiochus : ce Prince avoit pour elle beaucoup de penchant : elle lui fit des reproches, elle mêla des tendrèsfes à fes plaintes, & elle le rendit plus amoureux que jamais.

Il voulut renvoyer la jeune Berenice en Egypte : mais Laodice une des plus vindicatives perfonnes qui ait jamais été, s'y oppofa. Elle obligea ce Prin ce aveugle qui s'abandonnoit à toutes les paffiors, à empoifonner l'innocente Berenice, qui reçût de la main de fa barbare Rivale, le funefte breuvage qui la fit mourir.

Laodice remonta fur le thro. ne avec tant d'éclat, & avec autant de pompe que fi le che min qu'elle avoit pris pour y arriver, eût été le plus inno cent & le plus glorieux du monde. Mais comme les grands crimes ont cela de propre, qu'ils en attirent toûjours de nouveaux après eux; cette injuste & ambitieuse Reine qui apprehendoit de perdre encore une fois ce thrône qu'elle venoit de regagner par une ac tion fi odieufe, craignit l'inconftance du Roi fon mari : & elle l'empoifonna lui-même, comme il avoit empoisonné la jeu

ne Berenice.

Des actions fi horribles, la mort d'une jeune & innocente Princeffe, le malheur d'un Rot

que fon aveugle amour avoit perdu, irriterent tellement Ptolomée Evergetes, qu'il réfolut d'aller punir Laodice de fes cruautez. On vit ceffer en Egypte les jeux & les plaifirs & on fe prépara à la guerre avec tant d'application & avec tant d'empreffement, que les Armées furent bientôt en état de marcher.

Lorfque Ptolomée fut fur le point de partir, la Reine Berenice fa femme fut veritablement affligée. Le devoir feul l'intereffoit de telle forte, en ce qui pouvoit arriver de fâcheux dans cette guerre, qu'elle n'auroit pas eu plus de crainte pour les perils où le Roi alloit s'expofer quand elle n'auroit jamais aimé que lui. Comme

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elle ne crut point qu'il y eût de moyen plus affuré pour fe mettre en repos, que d'implo rer l'affiftance des Dieux, elle fit un vœu qui étoit alors fort en ufage.

Elle alla au Temple de Ves nus, où après plusieurs facrifices, elle promit qu'elle confacreroit fes cheveux, qui étoient les plus beaux du monde, & qu'elle les feroit attacher dans le Temple en action de graces, fi Ptolomée revenoit victorieux.

Ce Prince eut tout le bon fuccès qu'il pouvoit fouhaiter. Il conquit prefque toute la Sy. rie, & ce qui étoit plus confi derable, il se rendit maître de la perfonne de Laodice, qu'il fit punir de fes crimes par une mort qui eût paru jufte, fi elle

eût été ordonnée par un au tre que par un frere: mais je ne fçai s'il n'étoit point trop cruel lui-même, de venger la mort d'une foeur par celle d'une autre fœur.

Quoi qu'il en foit, il revint bientôt triomphant en Egypte. Et après fon retour une des premieres chofes que fit Berenice, fut de s'acquiter de fon vou. Elle fe fit couper les cheveux. Et on avertit les Prêtres qu'ils fe préparaffent à les recevoir comme une dépouille confacrée à Venus.

Le jour que la ceremonie fe devoit faire, Callimaque alla voir Berenice & l'ayant trouvée feule, Helas! Madame, lui dit-il, vous allez faire à Venus un prefent dont la Déeffe ne

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