Imágenes de páginas
PDF
EPUB

S. VI.

Le peu de confiance en Dieu eft une fource de tentations très-dangereufe, parce qu'elle ravit à l'ame la paix, la remplit de troubles fortifie l'oppofition naturelle aux vertus chrétiennes, &c.

I.

[ocr errors]

Lendasele, dus

E Royaume de Dien, dès à pré

[ocr errors]

dit

[ocr errors]

J. C. (g). Et ce Royaume ou ce regne de Dieu confifte, dit S. Paul (b), dans la juftice, dans la paix & dans la joie du Saint-Efprit. Cette paix & cette joie intérieure font le fruit de la juftice & de la piété chrétienne & n'en doivent point être féparées fuivant ces paroles d'Ifaïe (i) : La paix fera l'ouvrage de la justice, 5 mon peuple fe repofera dans la beauté de la paix. Les Apôtres ont cru que (g) Ecce regnum Dei intra vos eft. Luc.

17. 21.

(b) Non eft regnum Dei efca & potus: fed juftitia & pax & gaudium in Spiritu fancto. Rom. 14. 17.

(i) Et erit opus juftitiæ pax..... Et fedebit populus meus in pulchritudine pacis. Ifaia 32. 17. 18.

CHAP. I. §. VI.

CHAP I, cette paix de l'ame étoit fi liée a§. VI. vec la grace ou la justice chrétienne, que toutes leurs Epîtres, hors deux ou trois, portent à la tête cette bénédiction qu'ils adreffent à tous les fidéles. La grace & la paix la miféricorde la paix, la charité E la paix. C'est cette paix laquelle furpaffe tout autre fentiment, & tout autre plaifir, qui conferve nos cœurs & nos efprits en JesusChrift, qui affoiblit & furmonte Bhilip.. toutes les tentations. Pax Dei, qua exuperat omnem fenfum, cuftodiat corda veftra & intelligentias veftras in Chrifto Jefu. C'est cette paix, cette joie du Saint-Efprit qui fait toute notre force contre toutes les attaques des ennemis de notre falut, fuivant ces paroles de l'Ecriture: 2. Efdr. La joie du Seigneur eft notre force : GAUDIUM Domini eft fortitudo noftra.

7.

3. 10.

II. Or la défiance affoiblit ou ruine cette joie & cette paix de l'ame qui fait toute fa force, la remplit de fcrupules, de crainte, de trouble, d'inquiétude, de trifteffe; & aprés lui avoir ôté prefque toute fa force la laiffe expofée à une infinité de tentations

très - dangereuses, auxquelles cet- CHAP. I te defiance ouvre la porte. » La §. VI. » fource & le commencement des plus funeftes tentations, dit l'Auteur du livre de l'Imitation (k), ➡ c'eft l'inconstance de l'ame & le peu de confiance en Dieu. » III. La véritable piété doit être fimaple, humble & tranquille : tout ce qui rend la vertu pleine de fcrupules, d'anxiétés, de retours, de raifonnemens, devient une tentation dangereufe qui porte infenfiblement à quitter le parti de la piété. L'homme n'a déja que trop de peine à vaincre l'oppofition continuelle qu'il trouve dans la corruption de fa nature, à la pratique des vertus chrétiennes. Cette rentation toute feule en renverfe plufieurs qui avoient bien commencé, mais qui n'ont pas eu la force de foutenir un combat fi long & fi pénible. Mais lorsqu'au lieu de la force qu'une ame tiroit des exercices de piété pour foutemir ce combat & vaincre fon

2

(k)Initium omnium malarum tentation mum, inconftantia animi,& parva ad Deum confidentia, Lib. 1. cap. 13. n. 4•

CHAP. I. oppofition naturelle à la vertu, elle §. VI. ne trouve plus dans les pratiques de piété que des peines, des amertumes & des difficultés toujours nouvelles, la tentation devient alors tout autrement forte & violente, & infiniment plus capable de la renverfer & de lui faire abandonner au moins une partie de fes devoirs.

IV. Notre cœur cherche naturellement & néceffairement le bonheur. L'amour du bonheur eft, felon faint Auguftin, le principe de toutes fes actions. S'il n'en trouve plus aucun dans la piété, il en cherchera hors de la vertu : tout ce qui fe fait avec une grande répugnance & contre toutes les inclinations du cœur, laffe, dégoute, & ne fçauroit être de longue durée. Rien n'eft donc plus dangereux que de fe laiffer enlever par les artifices du tentateur la joie & la paix chrétiennes fous quelque prétexte que ce foit. Une crainte & une défiance exceffive ne font pas moins contraires au falut, que la paix & le repos lé targique des méchans.

2

[ocr errors]

S. VII.

Que cette tentation, quoique très-
dangereufe, eft commune.

[ocr errors]

ככ

Uelque dangereufe que foit
cette tentation, elle cft néan-
moins très-commune ; & c'ef
par elle que le démon attaque &
renverfe ordinairement les ame
qui ont la crainte de Dieu. Com-
bien en trouve-t-on
qui confi-
>> derant fans ceffe leur propre foi-
bleffe, font, dit S. Bernard (1),
» comme accablés & abîmés dans
» la pufillanimité & le découra-
gement. Ces perfonnes habitent
» non dans le fecours du très-haut
& la protection du Dieu du Ciel,

...

(1) Sunt & alii qui confiderantes imbecillitatem propriam, deficiunt & obruuntur à pufillanimitate fpiritus, habitantes in carné fua,& circa infirmitatem propriam femper intenti, ut omnia quæ patiuntur curfim enumerare parati fint. . . . . In adjutorio autem Dei non habitant. quandiu & pœnas fuftinents, in quibus nocte & die conteruntur; & eis quoque quas nondum fentiunt, amplius cruciantur, ut non fufficiat diei malitia fua; fed opprimunrur his quoque quæ fortaffe nunquam experientur : qust tormenta, quis in fernus intolerabilior poteft excogitari? Berg, in Pf. 90. ferm. 1. m, 26

3.

CHAP.

§. VII.

« AnteriorContinuar »