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4. I,

CHAP. I. tus: elle adoucit toutes les peines: elle affoiblit toutes les tentations: elle eft une fource féconde de toute forte de bonnes œuvres : elle eft comme un Paradis de bénédiction & une efpece de félicité anticipée. Beni l'homme, dit le Prophéte Jerémie (a), qui met sa confiance au Seigneur, & dont le Seigneur eft l'espérance: il fera femblable à un arbre tranfplanté fur le bord des eaux , qui étend fes racines vers l'eau qui l'humecte, qui ne craint point la chaleur lorfqu'elle eft venue. Sa feuille fera toujours verte il ne fera point en peine dans le tems de la féchereffe, & il ne ceffera jamais de porter du fruit. Le défaut de cette confiance eft au contraire une fource d'un trèsaffoiblic grand nombre de maux, 'toutes les vertus, remplit l'ame de excite & peines & d'amertumes, fortifie toutes les tentations, e

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(a) Benedictus vir qui confidit in Domino & erit Dominus fiducia e us. Et erit quafi lignum quod transplantatur fuper aquas, quod ad humorem mittit radices fuus, & non timebit cum venerit æ tus. Et erit folium ejus viride, & in tempore ficcitatis non erit follicitum, nec aliquando definet facere fructum, Jeremia 17. 7.

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4. I,

pêche de faire quantité de bonnes CHAP. I. œuvres, & devient fouvent comme une espece d'enfer anticipé. Auffi S. Bernard ne craint point Serm.38. de dire que la défiance eft le plus in Cante grand obftacle que nous puiffions mettre à notre falut Dieu ne verfant l'huile de fa miféricorde que dans un cœur plein de confiance. Nec oleum mifericordiæ, nifi Serm: 3: in vafe fiducia ponit.

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II. Il eft aifé de montrer que peu de confiance en la bonté de Dieu est un obstacle à la vraie piété, à l'efprit de priere, à l'efprit de reconnoiffance, & à l'amour de Dieu, & que de plus c'est une fource des plus fâcheufes tentations, & la caufe de beaucoup de chûtes, en raviffant à l'ame la paix qui lui eft fi recommandée, & fi néceffaire pour remplir tous fes devoirs. On verra dans la fuite de ce Chapitre la vérité de tout ce qu'on vient de dire.

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nunc.

3.

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Que le peu de confiance en Dieu eft un grand obftacle à la vraie piété.

1. Une or timide rend la piété

Ne confiance toujours foi

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tremblante & chancelante. Or une telle piété eft fans ceffe arrêtée par les plus petits obftacles rallentie par les moindres contretems, découragée par les plus legeres contradictions. Il faut à chaque pas lui tendre la main pour la foutenir dès qu'elle eft fans guide extérieur & fans appui fenfible, elle s'intimide, elle fe laffe, & elle est toujours prête à tomber. Elle demeure toujours dans une espéce d'enfance, où elle n'eft capable d'être nourrie que de lait une nourriture plus forte & plus folide qui fortifie les aul'accableroit, Par cette enfance & cette foibleffe, qui devroit être encore plus honteuse dans la vie fpirituelle que dans la vie corporelle, on demeure tou

tres,

jours incapable des actions de CHAP. I vertus, qui demandent un peu de . IL force & de courage.

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II. Une ame en cet état ne peut profiter des motifs de crainte parce qu'elle s'en trouve accablée. Elle tire même peu de profit des motifs de confiance, parce qu'ils ne font fur elle que des impreffions très-legeres. Elle fe fait de tout ce qu'on dit touchant le respect qui eft dû aux Sacremens une matiere de trouble & de fcrupule. Les exhortations à la pénitence & à la componction fouvent lui nuifent, loin de lui profiter, parce qu'elle prend tout au criminel, & qu'au lieu d'y trouver, comme les autres, des motifs de ferveur elle n'y voit que des raifons de fe faire des reproches accablans. Si elle tombe (comme il eft difficile que cela n'arrive) dans quelques fautes un peu plus confidérables que celles de pure furprife, le reproche que lui fait fa confcience la jette dans la confternation, & enfuite dans une espece de découragement qui au lieu de lui procurer devant Dieu une humiliation & une dou

CHAP. I, leur tranquille, qui lui feroient §. 111. tirer du profit de fes fautes mêmes, la trouble & lui ôte le goût des exercices de piété; ce qui peut avoir des fuites très-funeftes.

§. III,

Que c'eft un obftacle à la priere,
I. L'Espérance eft la fource d'où

coule toute priere chrétienne; mais le ruiffeau ne peut couler qu'à proportion que la fource eft pleine & abondante. Une efpérance timide & tremblante rend auffi les prieres, qui en naiffent, timides & tremblantes, & par con féquent incapables d'obtenir beaucoup. Saint Jacques nous ordonne de demander à Dieu les vertus qui nous font néceffaires, fans aucun doute, fans héfiter, nihil bafitans (b). Celui qui doute I qui hésite,

(b) Si quis veftrûm indiget fapientia, po ftulet à Deo, qui dat omnibus affluenter, & non improperat,& dabitur ei. Poftulet autem in fide nihil hæfitans; qui enim hæfitat, fimilis eft fluctui maris, qui à vento movetur & circumfertur. Non ergo æftimet homo ille quod accipiat aliquid à Domino. Jafa

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