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qu'il lui adreffe pour foi & pours.xit. ceux que fon Pere lui a donnés; Mon Pere, maintenant je viens à vous, § je dis ceci étant encore dans le monde afin qu'ils aient en eux-mêmes la plénitu de de ma joie (d). Les Apôtres qui avoient reçû de telles inftructions de Jefus-Chrift, ne fe font point laffés de les inculquer aux fidéles; & toutes leurs Epitres en font remplies;

II. Cependant ces premiers Chrétiens à qui les Apôtres recommandent fans ceffe la paix & la joie, étoient exposés à des peines & à des tentations beaucoup plus grandes que les nôtres.

Les perfécutions alors étoient horribles; les menaces de la mort & d'une mort cruelle & fanglante prefque continuelles. Et il ne faut pas croire que ces fidéles qui vivoient dans ces commencemens de l'Eglife, fuffent tous parfaits & dans un dégré de force héroïque. Nous voyons par les Epîtres mêmes des Apôtres,qu'il y en avoir

(d) Nune autem ad te venio, & hæc loquo¶ in mundo, ut habeant gaudium meum img pletum in femetipfis, Joan. 17, 13 C

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CHAP. I. auffi beaucoup de foibles & d'im4. XII. parfaits. Ces foibles & ces imparfaits fe voyoient fouvent en dan

ger de perdre la foi & le falut éternel, à moins de recevoir de Dieu la grace du martyre, qui eft la plus grande grace qu'il puiffe accorder aux plus forts & aux plus parfaits. Et néanmoins quoiqu'ils fuffent expofés à de terribles tentations, les Apôtres leur défendent 1. Pet. le trouble & l'agitation, leur or 3, 14.5, donnent de jetter dans le fein de Dieu toutes leurs inquiétudes, de croire qu'il a foin d'eux, & qu'il 1. Cor. ne permettra point qu'ils foient 10, 13. tentés au-deffus de leurs forces, de Eph. 6. fe fortifier dans le Seigneur &

7.

10.

10.

20.

dans fa vertu toute-puiffante, d'afHeb.13, fermir leur cœur par fa grace qui peut faire en nous plus que tout ce Eph. 3. que nous demandons & tout ce que nous penfons; de prier fans 1. Theff. ceffe pour l'obtenir, & de fe rejouïr 5.16, 17. en tout tems dans le Seigneur par Philipp. la confiance, que celui qui les 4. 4., 5. avoit appellés à la fociété de fon 1 Pet. Fils & à fon éternelle gloire, les 5,1. affermiroir & les fortifieroit; &

qu'ayant commencé lui-même

l'œuvre de leur falut, il la per- CHAP. I. fectionneroit jufqu'au jour du Sei- §. XIII.

gneur.

§. XIII.

Les ames pieufes ne doivent point fe laiffer aller au troube & à la défiance, quoiqu'elles ne fentent pas en elles cette paix & cette

I.

joie.

Uoique cette joie & cette paix dans le Saint - Efprit foit filiée avec la Juftice Chrétienne, il ne faut pas néanmoins que ceux qui vivent dans la piété fe laiffent abbattre & découraget fous ce prétexte, qu'ils ne fentent pas en eux cette paix & cette joie, & qu'ils fe fentent au contraire fouvent troublés & agités ; ni qu'ils fe perfuadent pour cela qu'ils n'ont point de part à la juftice Chrétienne. Dans ce fermon admirable d'après la cène où Jefus-Chrift recommande fi fouvent la joie & la paix comme le legs le plus précieux, qu'il vouloit laiffer à tous fes vrais difciples, nous trouvons

Philipp. 1,6.

CHAH. I, de quoi coníoler & raffurer les S. XIII. perfonnes pieufes dont nous parlons préfentement. Jefus-Chrift a

27.

Joan 145 eu foin d'y dire expreffément: Que votre cœur ne fe trouble point. Il a même eu søin de le dire une seconde fois : Que votre caur ne fe trouble point ne fe laiffe point abbattre par la crainte. Jefus-Chrift ne défend donc que le trouble du cœur qui vient du peu de confiance en fa puiffance & en fa bonté. Il ne défend point le trouble ni les frayeurs des fens & de l'imagination, dont l'ame n'eft pas toujours maîtreffe. Pendant que la partie inférieure eft dans l'agitation, la partie fupérieure de l'ame peut & doit fe conferver dans la paix.

II. Jefus-Chrift lui même par une humiliation étonnante, mais qui étoit d'autant plus digne de fon amour infini, qu'elle paroiffoit plus indigne de fa majefté, a voulu éprouver de l'ennui, de la crainte & de la trifteffe, jufqu'à tomber dans une agonie qui par un prodige inouï tira de toutes les parties de fon corps une fueur de fang qui découloit en terre ; &

dans le tems que fur la croix il Chap. L facrifie fa vie pour la gloire de fon §. XIII. Pere, il fe plaint que fon Pere l'abandonne en failant porter à fon ame fainte tout le poids de fa juftice & de fa fainteté en la plongeant dans une mer de douleurs, d'amertumes & de défolation; lui ôtant tout autre plaifir, toute autre joie, tout autre confolation que celle d'obéir au dépens de tout à la volonté de fon Pere. Voilà jufqu'où fa charité infinie l'a rabbaiffé pour raffurer & pour confoler les plus foibles de fes membres dans les ennuis, dans les craintes, la trifteffe, & la privation de toute joie & de toute confolation fenfible, qu'ils éprouvent dans le cours de la vie Chrétienne; & pour leur apprendre auffibien qu'aux plus parfaits, qu'ils doivent tout facrifier à Dieu,s'eftimer heureux de lui obéir & de fouffrir pour fon amour la privation de toute autre confolation & de toute autre joie que celle de faire fa fainte volonté aux dépens de tout.

III. Tandis que la partie infé

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