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4.1.

CH. II. rales. Mais il y en a beaucoup qui n'ont pas la même horreur de tout ce qui peut bleffer l'efpérance. Ils auroient grand fcrupule de former le moindre doute contre la foi, de s'arrêter volontairement à des penfées contraires à la chafteté: & par un étrange abus ils ne craignent point non feulement d'affoiblir, mais de détruire prefque en eux-mêmes l'efpérance, en livrant leur efprit à des inquiétudes & des défiances continuelles de la bonté de Dieu, fans confiderer que la foi fans efpérance leur deviendra inutile, & qu'il leur eft commandé, non feulement d'entretenir, mais même de fortifier & de faire croître de plus en plus leur efperance. Car ce n'eft pas un fimple confcil mais un commandement impofé à tous de tendre toujours à l'accroiffement de la foi, de l'efpé rance & de la charité. S'il nous eft commandé d'aimer Dieu de tout notre cœur, fans nous borner volontairement à aucun degré d'amour; il nous eft de même commandé (f) d'avoir confiance en Dieu (f) Habe fiduciam in Domino ex toto cor

de toute notre cœur

fans nous bor- CH. II. ner volontairement à aucun de- §. II, gré de confiance. L'Eglife a grand foin de demander pour chacun de fes enfans cet accroiffement. Voyez fur tout l'oraifon de l'Office & de la Meffe du treiziéme Dimanche après la Pentecôte.

§. II.

Liaifon & dépendance de la Foi, de l'Espérance & de la Charité.

I.

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L

y a une liaison & une dépendance effentielle entre ces trois vertus divines. La foi fert de bafe à l'efpérance, & toutes deux fervent de fondement à l'amour. Comme il n'y a point d'efpérance fans foi, il n'y a point auffi d'amour de Dieu fans efpérance, comme on l'a déja montré plus haut. Nec amor fine fpe. La foi Auguft. qui eft la racine de la piété & de Enchir.. la juftice Chrétienne, nous eft don- & née (g) pour être le fondement des

de tuo. Proverb. 3. 5,

(g Eft autem fides fperandarum fubftangia rerum. Heb. 11. 1.

9. II.

CH. II. chofes que l'on doit efpérer, & pour nous les rendre préfentes & comme vifibles. (h) Pour s'approcher de Dien il faut croire non foulement qu'il y a un Dien, un être fouverainement parfait & par conféquent fouverainement aimable, mais il faut encore croire qu'il récompenfera ceux qui le cherchent, qui le defirent & qui l'aiment; & qu'aprés avoir exercé & éprouvé leur foi, leur efpérance & leur amour par les maux & les tentations de cette vie, qui ne dure que quelques momens, ils recevront de la bonté & de fa juftice la couronne de vie qu'il leur a promife. C'eft pourquoi Dieu ne rougit pas d'être appe lé leur Dieu; parce qu'il leur a préparé une cité (i).

II. Ces dernieres paroles méritent une attention particuliere. Dieu felon le raifonnement de l'Apôtre rougiroit d'être appellé

(b) Credere enim oportet accedentem ad Deum quia eft, & inquirentibus fe remumerator fit. Hebr. 11. 6.

(i) Ideo non confunditur Deus vocari Deus eorum: paravit enim illis civitatem. Febr. 11. 16,

leur Dieu, s'il ne les recompen- CH. II. foit en Dieu, s'il ne leur avoit pré- §. IL paré une cité célefte, une félicité vraiement digne de sa bonté & de fa magnificence, un royaume éternel au prix duquel tous les empires de ce monde ne font que des mottes de terre. C'eft pour cela que Dieu en vous appellant au Chriftianifme vous a donné l'Efprit de fageffe de inmiere; ces yeux éclairés du cœur, afin que vous le connoiftez, que vous compreniez, quelle eft l'espérance à laquelle il vous a appellés, quelles font les richeffes & la gloire de l'héritage qu'il vous define(k).

III. Il faut donc bien prendre garde de ne pas féparer ce que Dieu a uni, la foi, l'efpérance & la charité. Il ne faut pas feulement croire les myfteres de la Religion, & tout ce que Dieu a fait pour le falut des hommes. Cette foi pourroit être deftituée de con

(4) Ut Deus....det vobis fpiritum fapientix & revelationis in agnitione ejus; illuminatos oculos cordis veftri, ut fciatis quæ fit fpes vocationis ejus, & quæ divitiæ glorie hæreditatis ejus. Ephef. 1. 17, 18.

4.16

CH. 11. fiance & d'amour. Nous devons §. II. de plus, felon l'Apôtre Saint-Jean, connoître & croire l'amour que 1. Joan. Dieu a pour nous. Et nos cognovimus & credidimus charitati quam habet Deus in nobis. Nous devons croire par une vive & forte confiance qu'il nous a aimés d'un aJerem.mour éternel attirés à lui par 31. 3. un effet de fa bonté & de fa miféricorde; que par la grace de notre vocation, grace qu'il n'a point faite à tant de milliers de peuples entiers, il nous a arrachés de la puiffance des tenebres, 5 il nous a fait paffer dans le royaume de fon fils bienaimé (1); qu'il nous a rendus fes enfans les membres de ce fils bien-aimé & de l'Eglife fon Epoufe; qu'il eft devenu notre pere,

26.

2

que nous fommes devenus fes enJoan. 17. fans; qu'il nous aime de ce même amour dont il aime fon fils unique, comme faifant partie de ce fils & de fon corps myftique, & comme devant être pour L'éternité les cohéritiers de fa gloire;

(1)Qui eripuit nos de peteftate tenebra rum, & tranftulit in regnum filii dilectio nis fuæ. Col.ff., 13.

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