Imágenes de páginas
PDF
EPUB

Ch. II. avec précipitation, fans fentiment §. III. de dévotion & fouvent même fans attention, quoique toutes les paroles foient autant d'actes de foi fur les principaux my fteres de la Religion; dans Is Symbole, dis-je, nous ne difons point, Je crois un Dieu: nous ne disons pas non plus, Je crois à Dieu : mais nous difons, Je crois en Dieu. Et cette expreffion fignifie, felon l'explication qu'en donnent les Théologiens après les faints Peres, le mouvement d'une ame, qui tend & s'éleve vers Dieu comme vers le fouverain bien auquel elle defire de s'unir, dans lequel elle efpere de trouver fon repos éternel; & qui dit par les difpofitions fecrettes & intimes de fon cœur, Mon bonheur eft de demeurer attaché à Dieu, de mettre mon efpérance dans celui qui eft le Seigneur, le Dieu de mon cœur, & mon partage pour toute l'éternité (0). C'eft là la foi des fidéles; c'eit-là

...

(o) Deus cordis mei, & pars mea Deus in ternum. Mihi autem adhærere Deo bonum eft: ponere in Domino Deo fpem, meam. Pf. 72, 27, 25+

croire en Chrétien, croire en ef- CH. II.
pérant. C'est pour cela que le Sym- .!!!.
bole eft appellé par les Peres le
Symbole de notre espérance. Nous
ne pouvons en reciter les pre-
mieres paroles, fans faire une pro-
feffion folemnelle de nous confier
en Dieu, comme de notre pre-
mier & de notre plus effentiel
devoir.

IV. Mais croire fans efpérer, c'eft la foi des démons. Vous croyez qu'il n'y a qu'un feul Dieu, un feul jefus-Chrift; vous croyez tous les autres myfteres. Mais les démons croient auffi tout cela ; & non feulement ils croient; mais ils tremblent (p). Mais ce qui diftingue la foi des vrais Chrétiens de celle de ces malheureux efprits, c'eft l'efpérance.Les démons croient que Dieu a envoyé Jefus-Christ au monde pour les tourmenter & pour les perdre (q); & les Chrétiens croient qu'il eft venu pour les fau

ver.

(p) Dæmones credunt, & contremifcunt. Jacob. 2. 19.

(1) Venifti huc ante tempus torquere nos. Mat. 8. 29. Venifti perdere nos. Luc. 4. 34.

T

CH. II.
S. IV.

S. IV.

Manquer de confiance en Dieu c'eft felon les Peres une espece d'idolatrie.

1.Iles de bois, de pierre ou de

Ly a long-tems que les ido

metal font détruites dans le monde, & les temples des faux Dieux du Paganifme renversés; mais à la place de ces idoles matérielles le diable en a fubftitué dautres plus fpirituelles. Selon faint Auguftin & faint Bernard, les Chrétiens qui fe représentent Dieu tout autrement qu'il n'eft, qui s'en forment une idée fauffe, fe forgent une idole dans leur cœur,& fe font un faux Dieu en la place du Dieu véritable Format fibi idolum pro Deo. Ceux qui au milieu de leurs crimes fe figurent Dieu comme n'ayant que de la bonté fans juftice, qui efperent qu'en continuant de vivre dans le violement de fes commandemens & de ceux de l'Eglife, Dieu ne laiffera pas de les fauver, & qu'il ne punira

point leurs excès, fe forgent une idole, & fe font dans leur cœur un faux Dieu en la place du Dieu véritable; car le vrai Dieu est tout autre. S'il eft infiniment bon, il est auffi infiniment jufte. S'il fait fentir combien il eft riche en miféricorde envers ceux qui fe convertiffent à lui fincerement en quittant leurs crimes, il eft impoffible qu'il ne faffe auffi fentir la rigueur de fa juftice à ceux qui ne les quittent point.

11. Mais ceux qui font toujours agités de défiance & d'inquiétudes, qui fe représentent Dieu comme un juge févere qui n'a que de la rigueur & de la juftice, qui est inexorable pour les moindres fautes, comme s'il ne cherchoit que des occafions pour perdre les hommes fe forgent auffi une autre idole dans eux-mêmes ; ils fe font un faux Dieu par la fauffe idée qu'ils y mettent en la place du Dieu véritable; car le vrai Dieu eft tout autre qu'ils ne fe le figurent. S'il eft infiniment jufte il eft auffiinfiniment bon. Il punit ceux qui demeurent dans leurs crimes, parce

CH. II.

§. IV.

CH. II. qu'il eft jutte, mais il pardonne à 6. IV. tous ceux qui fe convertiffent à lui, parce qu'il eft bon. Il punit, & il fait miféricorde; mais avec cette différence, qu'il punit à regret,& parce que nous l'y forçons; qu'il pardonne, parce qu'il s'y porte de lui-même. De noftro justus, dit un Pere, de fua mifericors. Il ne trouve point en lui, mais en nous de quoi exercer fa juftice; mais il ne trouve qu'en lui-même & dans le fond infini de fa bonté les motifs qui le portent a exercer fa miféricorde. C'eft en pardonnant & en faisant miféricorde qu'il aime particulierement à faire éclater fa Oraifon toute puiffance. Deus qui omnipodu dixié- tentiam tuam parcendo maximè 5 mime Dim. ferando manifeftas. O COMBIEN eft après la Pentecô-grande la miféricorde du Seigneur, & fa bonté à pardonner à ceux qui fe convertiffent à lui! Car tout ne fe peut pas trouver dans les hommes : c'eft-àdire, car les hommes ne peuvent pas être parfaits, fans défaurs & fans péché (r). Autant que le Ciel eft élevé au deffus de la terre, autant a

te.

(r) Quam magna mifericordia Domini & propitiatio illius convertentibus ad se!

« AnteriorContinuar »