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CH. IIT

§. II.

§. II.

Comment la connoiffance de foi-même est nécessairement liée avec l'Espérance Chrétienne.

I.

le

N vient de dire, & on prouvera dans la fuite, que l'efpérance chrétienne eft effentiellement fondée fur la miféricorde de Dieu & les mérites de JesusChrift unique médiateur entre Dieu & les hommes. Or qui dit miféricorde en Dieu, fuppofe la mifere dans l'homme. Qui parle de la néceffité d'un médiateur entre Dieu & les hommes, fuppofe dans les hommes, le péché, qui les a féparés de Dieu & rendus indignes d'avoir par eux-mêmes & fans médiateur aucun accès auprès de lui. Dieu peut exercer fa bonté fur d'autres que fur des malheureux, & il l'a en effet exercée fur l'Ange & l'homme innocent; mais il ne peut exercer fa miféricorde que fur des malheureux. L'Ange & l'hom. me dans l'état d'innocence n'a

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CH. III. voient pas besoin d'un médiateur $. II. pour s'adreffer à Dieu, parce que n'étant point pécheurs & ennemis de Dieu, ils n'avoient point befoin d'un médiateur pour les réconcilier. Un Chrétien ne peut donc fonder fon efpérance fur la miféricorde de Dieu & les mérites de Jefus Chrift, fans faire en même-tems un aveu fincere de fa propre mifere & de fon indignité. II. Ces vérités font tellement liées enfemble, & il eft fi effentiel d'en être bien inftruit , que faint Paul en a fait le principal fujet de trois de fes Epîtres. Le but qu'il fe propofe dans l'Epître aux Romains, dans celle aux Galates & dans celle qu'il a écrite aux Hebreux, eft d'apprendre à tous les hommes, que la mifere où ils font tombés par le péché, eft k profonde, que ni les Gentils par la force de la loi naturelle, ni les Juifs par le fecours de la loi de Moïfe n'ont pû s'en délivrer que la juftice chrétienne, par laquelle de pécheurs, que nous é condamnés à la mort éternelle, nous devenons justes & di¬

tions,

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gnes de la vie éternelle

eft un CH. III,

effet de la miféricorde gratuite de s. II. Dieu, & de la foi en Jefus-Chrift fon fils, qu'il a propofé pour être la victime de notre propitiation & de notre réconciliation, par qui nous avons droit de nous préfenter avec confiance devant le trône de fa grace, afin d'y recevoir miféricorde, & d'y trouver dans nos befoins les fecours de fa ce. (4).

gra

III. Cet Apôtre nous apprend que la caufe pour laquelle Dieu a réprouvé & abandonné le peuple Juif, c'eft parce qu'il fe repo-\

(4) Omnes homines ufque adeò erant fervi peccati & fub poteftate diaboli ac mortis, ut non modò gentes per vim naturæ, fed ne Judæi quidem per ipfam etiam litteram legis Moyfi inde liberari aut furgere poffent ; tametfi in eis liberum arbitrium minimè extinctum effet, viribus licet attenuatum & inclinatum ; quo factum ut cœleftis Pater.... Chriftum Jefum Filium fuum ad homines miferit, ut & Judæos qui fub lege erant, redimeret & gentes quæ non fectabantur juftitiam, juftitiam apprehenderent. Hunc propofuit Deus propitiationem per fidem in fanguine ipfius pro peccatis nofttis; non folum autem pro noftris, fed etiam pro totius mundi." Concil. Trid. feff. 6, c. 1 ó 2,

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. III. foit fur la loi que Dieu leur avoit donnée, efpérant parvenir à la vraie juftice, & au falut, par les feules forces de leur libre arbitre, aidés des connoiffances qu'ils trouvoient dans la loi, au lieu d'attendre le falut & la juftice qui y conduit, de la miféricorde de Dieu, & des mérites de JefusChrift: Mais pour nous, dit cet Apôtre (b), Seachant que l'homme. n'eft point juftifié par les œuvres de la loi faites fans la grace & la foi en Jesus-Chrift), nous croyons en Je∞ fus-Chrift, pour être juftifiés par la foi que nous avons en lui, & que nous attendons du Saint Efprit par la foi l'efpérance de la juftice.

(b) Scientes autem quod non juftificatur homo ex operibus legis, nifi per fidem Jefu Chrifti: & nos in Chrifto Jefu credimus, ut juftificemur ex fide Chrifti. Galat. 2. 16. Nos enim fpiritu ex fide, fpem juftitiæ expectamus, Ibid, 5 › 5.

CH. III

9. III.

§. III.

Pourquoi S. Paul attribue toujours la juftice & le falut à la foi,& non à la loi.

I.

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'Apôtre ne fe laffe point d'enfeigner que la loi par elle même ne donnoit la juftice & la vraie vie à perfonne; qu'on ne l'obtient que par la foi: il repéte fons ceffe cette vérité, il a grand foin de l'exprimer en differentes manieres, tant il a jugé important que tous en fuffent bien inftruits. Mais pourquoi la foi conduit-elle à la vraie juftice & au falut, & que la loi n'y conduit perfonne ? C'eft que Dieu ne juftific & ne fauve que ceux qui font vraiment humbles. La foi rend les hommes tels: la loi au contraire les rend préfomptueux & orgueilleux non par un défaut qui foit dans la loi même, mais par un défaut qu'elle trouve dans l'homme, défaut que la loi n'a pas la force de détruire par

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