mettre à une autorité qui leur propose les mysteres. Mais il faut obferver deux chofes : l'une eft, que l'efprit le plus court & le plus bouché, s'étend & s'ouvre à proportion de fa bonne volonté pour toutes les chofes, qu'il a befoin de connoître. L'autre eft, qu'il faut diftinguer une connoiffance fimple & fenfée d'une vérité, d'avec un approfondiffement, par lequel un homme éxercé refute toutes les vaines fubtilitez qui peuvent embroüiller cette vérité claire & fimple. Il n'eft pas neceffaire que tout ignorant comprenne la Religion jufqu'à pouvoir refuter toutes les fubtilitez, par lef quelles l'orgueil & les paffions tâchent de l'embroüiller. Il fufque les ignorans croyent ce qui eft vrai par une preuve véritable, mais implicitement con fit nuë.Difputez contre un payfan, vous l'embarafferez fur les véritez conftantes de l'agriculture; il ne pourra pas vous répondre. Mais il n'hefitera point, & il continuëra avec certitude à labourer fon champ. L'ignorant eft de même pour la croyance de la Religion. 6°. Il y a long-tems qu'il me paroît important de former un plan, qui contienne des preuves des véritez neceffaires au falut, lefquelles foient tout ensemble, & réellement concluantes, & proportionnées aux hommes ignorans. J'avois preffé autrefois un fçavant Prélat de l'executer. Il me l'avoit promis trèsfouvent. Je voudrois être capable de le faire. Cet ouvrage devroit être très-court: mais il faudroit un long travail & un grand talent pour l'executer. Rien Rien ne demande tant de genie qu'un ouvrage, où il faut mettre à la portée de ceux qui n'en ont point, les premieres véritez. Pour y réüffir, il faut atteindre à tout, & embraffer les deux extremitez du genre humain. Il faut fe faire entendre: par les ignorans, & reprimer la critique téméraire des hommes qui abufent de leur efprit con-tre la vérité. Je ne fçaurois vous donner ici qu'une idée très-va-gue & très défectueuse de ce? projet. Mais ce que je vous en! propoferai à la hâte & en fecret,, eft fans confequence; vous con-cevrez beaucoup plus que je ne puis vous dire en très peu de li-gnes. Voici plûtôt une fimple table des matieres, qu'une ex-plication des preuves. PREUVEDES TROIS principaux points neces faires au falur, pour foûmettre au joug de la Foy, fans difcuffion, les efprits fimples & ignorans. PREMIERE PARTIE.. Ely a un Dieu infiniment parfait, qui a créé l'Univers I ne faut qu'ouvrir les yeux,, & qu'avoir le cœur libre your appercevoir fans raisonne ment la puiffance &la fageffe du: Créateur qui éclatte dans fon ouvrage.. Si quelque: homme: - d'efprit conteste cette vérité, je ne difputerai point avec lui, je le prierai feulement de fouffrir que je fuppofe qu'il fe trouve par un naufrage dans une isle deferte; il y apperçoit une maifon d'une excellente architecture magnifiquement meublée; il y voit des tableaux merveil. feux, il entre dans un cabinet, où un grand nombre de trèsbons livres de tout genre font rangez avec ordre, il ne découvre néanmoins aucun homme dans toute cette ifle; il ne me refte qu'à lui demander s'il peut croire que c'est le hazard fans. aucune industrie qui a fait tout ce qu'il voit. J'ofe le défier de parvenir jamais par fes efforts à fe faire accroire l'affem. que * blage de ces pierres fait avec tant d'ordre & de symmettrie, que les meubles qui montrent tant d'art, de proportion & d'arrangement, que les ta bleaux qui imitent fi bien la sature, que les livres qui trai |