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de M. BRILLON, Docteur & Profeffeur de Sorbonne.

JAY

lû pour Monseigneur le Chancelier ces Lettres fur l'Exiftence de Dieu, la verité de la Religion, l'Immortalité de l'ame, la Liberté de l'homme, &c. Ces ma tieres font traitées avec une beauté d'efprit & des graces aufquelles on reconnoît aisément Filluftre Auteur. En Sorbonne, le 4. Août 1717.

BRILLON

LETTRE

LETTRE

SUR

L'EXISTENCE DE DIEU,

SUR LE CULTE

DIGNE DE LUI,

ET SUR

LA VERITABLE EGLISE.

E foyez nullement en peine, MONSIEUR, de vos deux grandes Lettres. Elles m'ont é

difié & attendri. Je n'y vois que candeur, qu'amour de la verité, que foin de l'approfondir, que zele pour la Religion, & que confiance en ma bonne volonté. Je ne veux être, ce me femble,

A

occupé que de mon miniftere. Mais je ne fuis point un Devot ombrageux, & facile à fcanda. lifer. Je m'attends à toutes fortes de fyftêmes & d'objections. On n'établiroit rien de folide,fi les perfonnes zelées pour la Religion ne fe communiquoient pas en liberté les unes aux autres, les raisonnemens captieux par lefquels on tâche de l'obfcurcir.Ce qui m'embarrasse,eft que vous avez écrit ayant la fiévre, & que je l'avois en vous lifant. Il m'en refte beaucoup d'abattement. On me défend toute application. Il faudroit pourtant écrire un volume pour vous répondre. Que ne puis-je me trouver en pleine fanté dans votre cabinet, impertranfito medio, comme parle l'Ecole:En attendant un peu de fanté, je vais prendre la liberté de vous re

préfenter ce que je pense fur di vers points.

1o. Je n'ai point lû encore la préface que vous avez vûë. Elle eft d'un Ecrivain habile, & que j'eftime. Mais indépendamment de ce qu'elle contient, je vous avouë que le systême deŚpinosa ne me paroît point difficile à renverfer. Dès qu'on l'entame par quelque endroit, on rompt toute fa pretenduë chaîne. Selon ce Philofophe, deux hommes, dont l'un dit oui, & l'autre non; dont l'un fe trompe, l'autre croit la vérité; dont l'un eft un fcelerat, & l'autre est un homme très-vertueux, ne

font qu'un même Etre indivifible. C'est ce que je défie tout homme fenfé de croire jamais sérieusement dans la pratique. La fecte des Spinosistes eft donc une fecte de menteurs, & non

de Philofophes. De plus, on ne peut connoître une modifica tion, qu'autant qu'on connoît déja la fubftance modifiée. Il faut connoître un corps coloré, pour concevoir une couleur, un corps mobile, pour en concevoir le mouvement, &c. Il faut donc que Spinofa commence par nous donner une idée de cette fubftance infinie, qui ac corde dans fon être fimple & indivifible les modifications les plus oppofées, dont l'une eft la négation de l'autre. Il faut qu'il trouve une multiplication infi nie dans une parfaite unité. Il faut qu'il montre des variations & des bornes dans un être invariable & fans bornes. Voilà d'énormes contradictions.

2o. La grande mode des libertins de notre tems n'eft point de fuivre le systême de Spinofa,

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