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culteàquelques démonftrations extérieures, qu'on nomme des cérémonies. Dès que l'intérieur yeft, il faut que l'extérieur l'exprime, & le communique dans toute la fociété. Le genre hu.^ main jufqu'à Moïfe faifoit des offrandes & des facrifices.Moïfe en a institué dans l'Eglife Judaïque.La Chrétienne en a reçû de JESUS-CHRIST. Qu'on tue des animaux, qu'on brule de l'en cens, ou qu'on offre les fruits de la terre, qu'importe, pourvu que les hommes ayent des gnes, par lefquels ifs marquent leur amour pour Dieu. Tous les biens de la nature font fes dons. On lui rend ce qu'on en a reçû, pour confeffer qu'on le tient de lui. Par ces fignes on se rappelle la majefté de Dieu, & fes bienfaits; on s'excite mutuellement à le prier, à le louer, à esperer

en lui, on cherche une certaine uniformité de fignes, qui reprefentent l'union des cœurs, & qui empêche le defordre dans le culte commun. Quand Dieu n'a point reglé ces cérémonies par des loix écrites, les hommes ont fuivi la tradition dès l'originedu genre humain. QuandDieu a reglé ces cérémonies par des loix écrites, les hommes ont dû les obferver inviolablement. Les Proteftans mêmes qui ont tant critiqué nos cérémonies, n'ont pû s'empêcher d'en retenir beau coup,tant il eft vrai que les hommes en ont befoin. Il faut des cé rémonies,non qui amufent,&ou l'on prenne le change, mais qui aident à nous recueillir, & à rappeller le fouvenir des graces de Dieu. Voilà le vrai culte de Dieu. Quiconque le concevroit autrement, le connoîtroit fort mal.

VII.

On n'a qu'à comparer main tenant ces deux divers plans. Dans l'un,chacun reconnoiffant le vrai Dieu, l'honoreroit intérieurement à fa mode, fans en donner aucun figne au refte des hommes. Dans l'autre, on a un culte commun, par lequel cha. cun fe recüeille, nourrit fon amour, édifie fes freres, annonce Dieu aux hommes, qui l'ignorent, ou qui l'oublient: Que ce fpectacle eft aimable & touchant ! N'eft-il pas clair que le fecond plan eft mille fois plus digne de l'Etre infiniment par fait, & plus accommodé au be foin des hommes que le premier!Quiconque fera bien refolu à preferer Dieu à foi, & à porter le joug du Seigneur, n'hefitera jamais entre ces deux plans.

VIII

On objecte que Dieu eft infiniment au deffus de l'homme, qu'il n'y a aucune proportion entr'eux, que Dieu n'a pas befoin de notre culte; qu'enfin ce culte d'une volonté bornée est indigne de l'Etre infini en perfection. Il eft vrai que Dieu n'a aucun befoin de notre culte fans lequel il est heureux, parfait, & fe fuffifant à lui-même: mais il peut vouloir ce culte ? lequel, quoiqu'imparfait, n'est pas indigne de lui; & ce ne peut être que pour ce culte qu'il nous a créez. Quand il s'agit de favoir ce qui convient, ou ce qui ne convient pas à l'Etre infini, il ne faut pas le vouloir pénétrer par notre foible &courte raifon. Le fini ne fçauroit comprendre Linfini. C'eft de l'infini même

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qu'il faut apprendre ce qu'il peut vouloir, ou ne vouloir pas. Or le fait évident décide : D'un côté nous ne pouvons pas douter que l'Etre infini ne nous ait ctéez de l'autre, nous voyons clairement qu'il ne peut point avoir eû, en nous créant, une fin plus noble & plus haute, que celle de fe faire connoître. & aimer par nous. Il eft inutile de dire que cette connoiffance & cet amour borné font une

fin

difproportionnée à la perfeation infinie, de Dieu. Quelque imparfaite que főit cette fin, elle est néanmoins fans doute la plus parfaite, que Dieu ait pû fe propofer en nous créant. Pour lever toute la difficulté, il faut diftinguer ce que la créature peut faire, d'avec la complaifance que Dieu en tire. L'action de la créature

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