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les maux & tous les plaifirs de cette vie periffable ne lui paroiffent plus que comme les illufions d'un fonge. Il reçoit les fouffrances & les adverfitez comme des remedes falutaires pour le puri. fier, & qui le préparent à un bonheur infini. Il regarde les richeffes, & les grandeurs comme des moyens qui ne lui font donnez que pour rendre les autres heureux, en imitant la bonté communicative de Dieu. Tout ce qui arrive lui paroît toûjours le meilleur, parce qu'il aime la volonté fouveraine qui régle & dispose de

tout avec fageffe; & cet a mour adoucit toutes les peines & tourne en joye toutes fes amertumes. Il'aime les autres hommes comme fes freres, fortis d'une même origine, destinez pour un même bonheur. Il fe regarde non pas comme un être indépendant créé pour foi, mais comme une petite parcelle d'un tout qui compofe le genre humain, & comme un membre d'une même famille dont il doit preferer le bien general à fon bien particulier. C'est ainfi que la créance de ce que la Religion nous enseigne, rend

l'homme noble dans toutes fes paffions, aimable dans la focieté, & heureux même dès cette vie; élevé dans tous fes defirs, genereux

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dans toute fa conduite, paifible dans toutes fes recherches.

L'incredulité au contraire ravale & retrecit le cœur, elle détruit en l'homme ces grands fentimens & ces hautes idées. Elle lui fait rapporter tout à foi. Il n'aime, il n'eftime les autres qu'autant qu'ils fervent à fes paffions dereglées. L'amitié, la generofité, toutes les autres vertus qui rendent la focieté

fûre, douce, aimable, ne subsistent plus qu'autant que le propre interêt s'y trouve. L'amour propre de chaque homme eft continuellement fous les armes contre celui de fon voifin. Le bonheur d'un feul fait le malheur de cent autres. L'ambition, la jaloufie, la haine, l'avarice, l'incompatibilité des humeurs rendent la vie mal heureuse. Toute l'humanité. ne nous préfente plus qu'un trifte tableau, qu'une confufion generale, qu'un contraste monstrueux de paffions qui fe contredifent; & l'attente d'une autre vie

qui confole des maux inévitables de celle-cy, manque à l'Incredule. Ses plaifirs paflagers font fans ceffe interrompus par la crainte importune d'une affreuse éternité poffible. Et dans cette incertitude, le plus grand des maux, fon amour propre ennemi de foi par un excès de frenesie, ne trouve de reffource contre fes

frayeurs que dans l'idée de fon anéantiffement & de la deftruction totale de ce qui lui eft fi cher; ce Moi dont il eft idolâtre & à qui il fa crifie tout. Quelle differen ce entre ces deux systêmes I

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