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l'ignorance de ces premiers sie cles, devint depuis un des mysteres du gouvernement, comme nous aurons lieu de le faire observer dans la suite: & on prétend que Romulus même voulut être le premier Augure de Rome, de peur qu'un autre, à la faveur de ces fuCicer. 1. perftitions, ne s'emparât de la confiance de la multitude. Il défendit

Deorum,

3. de legibus. par une Loi expresse, qu'on ne fit Idem. 1.3.aucune élection, soit pour la dide natura gnité Royale, le Sacerdoce, ou les Magiftratures publiques, & qu'on n'entreprît même aucune guerre, qu'on n'eût pris auparavant les D. H. 1. aufpices. Ce fut par le même esprit de religion & par une sage politique, qu'il interdit tout culte des Divinitez étrangeres, comme capable d'introduire de la division entre ses nouveaux Sujets. Le Sacerdoce par la même Loi devoit être à vie; les Prêtres ne pouvoient être élus avant l'âge de cinquante ans. Romulus leur défendit de mêler des fables aux mysteres de la Religion, & d'y répandre un faux merveilleux sous prétexte de les rendre plus venerables au

peuple. Ils devoient être instruits des Loix & des Coûtumes du pays, & ils étoient obligez d'écrire les principaux événemens qui arrivoient dansl'Etat; ainsi ils en furent les premiers Historiens & les _premiers Jurisconsultes.

Il nous reste dans l'histoire quelques fragmens des Loix civiles qu'établit Romulus. La premiere Gellius. c. regarde les femmes mariées; elle 25. leur défend de se séparer de leurs maris sous quelque prétexte que ce soit, en même tems qu'elle permet aux hommes de les répudier, & même de les faire mourir en y appellant leurs parens, si elles font convaincuës d'adultére, de poison, d'avoir fait fabriquer de faufses clefs, ou seulement d'avoir bû du vin. Romulus crut devoir établir une Loi si sévére pour prévenir l'adultere, qu'il regarda comme une seconde yvresse, & comme le premier effet de cette dangereuse liqueur. Mais rien n'ap

proche de la dureté des Loix qu'il établit à l'égard des enfans. Il donna à leurs peres un empire absolu Inftit. 1. 1. fur leurs biens & fur leurs vies; ils

D. H. Plur.

pouvoient de leur autorité privée les enfermer, & même les vendre pour efclaves jusqu'à trois fois, quelque âge qu'ils euffent, & à quelque dignité qu'il fussent parvenus. Un pere étoit le premier Magistrat de ses enfans. On pouvoit se défaire de ceux qui étoient nez avec des difformitez mõstrueuses; mais le pere étoit obligé avant que de les exposer, de prendre l'avis de cinq de ses plus proches voisins, la Loi lui laissoit plus de liberté à l'égard de ses filles, pourveu que ce ne fut pas l'aînée, & s'il violoit ces reglemens, la moitié de fon bien étoit confisqué D. H.1.2. au profit du trésor public. Romulus qui n'ignoroit pas que la puiffance d'un Etat consiste moins dans son étendue, que dans le nombre de ses habitans, défendit par la même Loi de tuer un enne-. mi qui se rendroit, ou même de le vendre. Il ne fit la guerre que pour conquerir des hommes, fûr de ne pas manquer de terres quand il auroit des troupes suffisantes pour s'en emparer.

Ce fut pour reconnoître ses for

ces, qu'il fit faire un dénombrement de tous les Citoyens de Rome. Il ne s'y trouva que trois mille hommes de pied, & environ trois cens cavaliers. Romulus les divisa tous en trois Tribus égales, & il affigna à chacune un quartier de la Ville pour habiter. Chaque Tribu fut ensuite fubdivisée en dix Curies ou Compagnies de cent hommes, qui avoient chacune un Centurion pour les commander. Un Prêtre fous le nom de Curion étoit chargé du soin des facrifices ; & deux des principaux habitans, appellez Duumvirs, rendoient la justice à tous les particuliers.

:

Romulus occupé d'un aussi grand dessein que celui de fonder un Etat, fongea à assurer la fubfiftance de ce nouveau peuple. Rome bâtie sur un fond étranger, & -qui dépendoit originairement de la ville d'Albe, n'avoit qu'un territoire fort borné: on prétend qu'il V. Strabon ne comprenoit au plus que cinq 1.5. ou fix milles d'étendue. Cependant le Prince en fit trois parts, quoi qu'inégales. La premiere fut

D. H. 1. 2.

Id, ibid.

consacrée au culte des Dieux; on en referva une autre pour le domaine du Roi & les besoins de l'Etat; la plus considerable partie fut divisée en trente portions par rapport aux trente Curies, chaque particulier n'en eut pas plus de deux arpens pour sa subsistance. L'établissement du Sénat succéda à ce partage. Romulus le composa de cent des principaux Citoyens: on en augmenta le nombre depuis, comme nous le dirons dans la suite. Le Roi nomma le premier Sénateur, & il ordonna qu'en son absence il auroit le gouvernement de la Ville; chaque Tribu en élut trois, & les trente Curies en fournirent chacune trois autres; ce qui composa le nombre de cent Sénateurs, qui devoient tenir lieu en même-tems de Ministres pour le Roi, & de Proteteurs à l'égard du peuple: fonctions aussi nobles que délicates à bien remplir.

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Les affaires les plus importantes devoient être portées au Sénat. Le Prince comme le Chef, y présidoit à la vérité: mais cependant

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