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3. de legi.

bus.

Deorum,

l'ignorance de ces premiers fiecles, devint depuis un des mysteres du gouvernement, comme nous aurons lieu de le faire obferver dans la fuite: & on prétend que Romulus même voulut être le premier Augure de Rome, de peur qu'un autre, à la faveur de ces fuCicer, 1. perftitions, ne s'emparât de la confiance de la multitude. Il défendit par une Loi expreffe, qu'on ne fit Idem. 1.3. aucune élection, foit pour la dide natura gnité Royale, le Sacerdoce, ou les Magiftratures publiques, & qu'on n'entreprît même aucune guerre, qu'on n'eût pris auparavant les D. H. 1. aufpices. Ce fut par le même efprit de religion & par une fage politique, qu'il interdit tout culte des Divinitez étrangeres, comme capable d'introduire de la divifion entre fes nouveaux Sujets. Le Sacerdoce par la même Loi devoit être à vie; les Prêtres ne pouvoient être élus avant l'âge de cinquante ans. Romulus leur défendit de mêler des fables aux myfteres de la Religion, & d'y répandre un faux merveilleux fous prétexte de les rendre plus venerables au

peuple. Ils devoient être inftruits des Loix & des Coûtumes du pays, & ils étoient obligez d'écrire les principaux événemens qui arrivoient dansl'Etat ; ainfi ils en furent les premiers Hiftoriens & les premiers Jurifconfultes.

Il nous refte dans l'histoire quelques fragmens des Loix civiles qu'établit Romulus. La premiere Gellius. c. regarde les femmes mariées; elle ". leur défend de fe féparer de leurs maris fous quelque prétexte que ce foit, en même tems qu'elle permet aux hommes de les répudier, & même de les faire mourir en y appellant leurs parens, fi elles font convaincues d'adultére, de poifon, d'avoir fait fabriquer de fauffes clefs, ou feulement d'avoir bû du vin. Romulus crut devoir établir une Loi fi févére pour prévenir l'adultere, qu'il regarda comme une feconde yvreffe, & comme le premier effet de cette dangereufe liqueur. Mais rien n'approche de la dureté des Loix qu'il établit à l'égard des enfans. Il donna à leurs peres un empire abfolu Inftit. 1. 1. fur leurs biens & fur leurs vies; ils

A S

D. H. Plut.

pouvoient de leur autorité privée les enfermer, & même les vendre pour efclaves jufqu'à trois fois, quelque âge qu'ils euffent, & à quelque dignité qu'il fuffent parvenus. Un pere étoit le premier Magiftrat de fes enfans. On pouvoit fe défaire de ceux qui étoient nez avec des difformitez mostrueufes; mais le pere étoit obligé avant que de les expofer, de prendre l'avis de cinq de fes plus proches voifins, la Loi lui laiffoit plus de liberté à l'égard de fes filles, pourveu que ce ne fut pas l'aînée, & s'il violoit ces reglemens, la moitié de fon bien étoit confifqué D. H.1.1. au profit du tréfor public. Romulus qui n'ignoroit pas que la puiffance d'un Etat confifte moins dans fon étendue, que dans le nombre de fes habitans, défendit par la même Loi de tuer un enne-. mi qui fe rendroit, ou même de le vendre. Il ne fit la guerre que pour conquerir des hommes, fûr de ne pas manquer de terres quand il auroit des troupes fuffifantes pour s'en emparer.

Ce fut pour reconnoître fes for

ces, qu'il fit faire un dénombrement de tous les Citoyens de Rome. Il ne s'y trouva que trois mil le hommes de pied, & environ trois cens cavaliers. Romulus les divifa tous en trois Tribus égales, & il affigna à chacune un quartier de la Ville pour habiter. Chaque Tribu fut enfuite fubdivifée en dix Curies ou Compagnies de cent hommes, qui avoient chacune un Centurion pour les commander. Un Prêtre fous le nom de Curion étoit chargé du foin des facrifices ; & deux des principaux habitans, appellez Duumvirs, rendoient la juftice à tous les particuliers.

Romulus occupé d'un auffi grand deffein que celui de fonder un Etat, fongea à affurer la fubfif tance de ce nouveau peuple. Rome bâtie sur un fond étranger, & qui dépendoit originairement de la ville d'Albe, n'avoit qu'un territoire fort borné: on prétend qu'il V. Strabon ne comprenoit au plus que cinq ou fix milles d'étendue. Cependant le Prince en fit trois parts, quoi qu'inégales. La premiere fut

1.5.

D. H. 1.2.

Id, ibid.

confacrée au culte des Dieux; on en referva une autre pour le domaine du Roi & les befoins de l'Etat; la plus confiderable partie fut divisée en trente portions par rapport aux trente Curies, chaque particulier n'en eut pas plus de deux arpens pour fa fubfiftance. L'établiffement du Sénat fuccéda à ce partage. Romulus le compofa de cent des principaux Citoyens: on en augmenta le nombre depuis, comme nous le dirons dans la fuite. Le Roi nomma le premier Sénateur, & il ordonna qu'en fon abfence il auroit le gouvernement de la Ville; chaque Tribu en élut trois, & les trente Curies en fournirent chacune trois autres; ce qui compofa le nombre de cent Sénateurs, qui devoient tenir lieu en même-tems de Miniftres pour le Roi, & de Protecteurs à l'égard du peuple: fonc tions auffi nobles que délicates à bien remplir.

Les affaires les plus importantes devoient être portées au Sénat. Le Prince comme le Chef, y préfidoit à la vérité: mais cependant

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