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fier, & qui veut s'ériger en Juge fouverain des Sénateurs, crut« alors avoir befoin d'une amni- « ftie pour la maniere peu foumife « dont il avoit demandé cette pre- « miere grace.

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Votre facilité a fait naître de « nouvelles prétentions: le peuple.« a voulu avoir fes Magiftrats par- « ticuliers. Vous fçavez avec quelle force je m'oppofai à ces nou- « veautez; mais malgré mon op- « pofition on fe relâcha encore fur « cette demande. On accorda des « Tribuns au peuple, c'eft-à-dire « des chefs perpetuels de fédition. « Le peuple enyvré de fureur, vou-« lut même qu'on confacrât d'une maniere particuliere cette nou « velle Magiftrature, ce qu'on n'a « voit pas fait pour le Confulat la « premiere Dignité de la Républi-.« que. Le Sénat confentit à tout, moins par bonté que par foiblef-« fe; on declara la perfonne des «< Tribuns facrée & inviolable; on <<< en fit une Loi. Le peuple éxigea qu'elle fût autorifée par les fer- « mens les plus folemnels, & ce «< jour-là, Meffieurs, yous jurâtes «

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"fur les autels votre propre perte » & celle de vos enfans. Qu'ont produit tant de graces? Votre » facilité n'a fervi qu'à vous atti»rer le mépris du peuple, & à » augmenter l'orgueil & l'infolen» ce de fes. Tribuns. Ils fe font » faits eux-mêmes des droits nou» veaux; & ces Magiftrats moder»nes, qui devroient vivre comme

de fimples particuliers, convo"quent aujourd'hui les Assemblées » du Peuple, & à notre infçû font » recevoir des Loix par le fuffra"ge d'une vile populace.

» C'eft cependant à ce Tribunal » fi odieux qu'on cite aujourd'hui » un Patricien, un Senateur, un » Citoyen de votre Ordre, en un » mot Coriolan ce grand Capitai»ne, & cet homme de bien en mê»me temps, encore plus illuftre »par fon attachement aux interêts » du Sénat que par fa valeur. On »ofe faire un crime à un Sé"nateur d'avoir dit fon avis en

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plein Sénat avec cette liberté fi digne d'un Romain; & fi vous"même ne lui aviez pas fervi de »bouclier & de rempart, on au

roit affaffiné à vos yeux un de « vos plus illuftres citoyens. La « majefté du Sénat alloit être vio- «<< lée par ce meurtre; on perdoit à votre égard le refpect dû à vo- « tre dignité, & vous perdiez-vous <<< même la liberté & l'Empire.

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La fermeté & le courage que vous fites paroître dans cette oc-❝ cafion, a comme reveillé ces fu- " rieux de leur yvreffe. Il femble " qu'ils foient honteux aujourd'hui d'un crime qu'ils n'ont pû " achever; ils fe défiltent des voies" de fait qui ne leur ont pas réüffi; " & ils ont recours en apparence à 16 la Justice & aux regles de droit. "

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Mais quelle eft cette Juftice, « Dieux immortels, que ces hom-« mes de fang veulent introduire ! « Ils tâchent avec des manieres « foumises de furprendre un Sena- « tus-Confulte qui les mette en état « de pouvoir traîner au fuplice le « meilleur de vos citoyens. On vous cite la Loi Valeria comme « la regle de votre conduite ; mais «< ne fçait-on pas que cette Loi qui autorife les appels devant l'Af- « femblée du Peuple, ne regarde

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» que les pauvres Plébéïens, qui » deftituez de protection, pour»roient être opprimez par le cré» dit d'une cabale puiffante? Le » texte de la Loi y eft formel: il » eft expreffément porté qu'il fera » permis à un citoyen condamné "par les Confuls, d'en appeller » devant le peuple. Publicola par » cette Loi ouvroit feulement » un azile aux malheureux, qui » pouvoient se plaindre d'avoir été » condamnez par des Juges préve"nus. L'objet de la Loi n'étoit » que de faire revoir leur procès; » & quand vous avez confenti depuis à l'établiffement des Tribus, ni vous ni même le » peuple n'avez prétendu en » créant ces nouveaux Magiftrats, » que de donner à cette Loi des

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protecteurs, & aux pauvres des » Avocats, qui les empêchaffent » d'être opprimez par les Grands. Qu'a de commun une pareille » Loi avec l'affaire d'un Sénateur d'un Ordre fupérieur au peuple, »& qui n'eft comptable qu'au Sé"nat de fa conduite ? Pour faire "yoir que la Loi Valeria ne regar

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de que de fimples Plébéïens, de « puis environ dix-fept ans qu'elle « eft établie, que , que Decius me mon- « tre un feul Patricien qui, en vertu de cette Loi, ait été traduit en « jugement devant le peuple, & « notre difpute fera terminée. Quelle juftice y auroit-il donc après tout, de livrer un Sénateur à la fureur des Tribuns, & que le CS peuple fût Juge dans fa propre « caufe, comme fi ce peuple dans « fes affemblées tumultueufes, & « co conduit par des Magiftrats fédi- « tieux, étoit fans préjugez, fans «< haine & fans paffion. Ainfi, Meffieurs, je vous confeille avant « que de rien ftatuer, de fonger ferieusement que donc cette OC- « cafion vos intérêts font infeparables de ceux de Coriolan. Du « refte, je ne fuis point d'avis ce qu'on révoque les graces que « vous avez faites au peuple, de « quelque maniere qu'il les ait ob- « tenues; mais je ne puis m'em- « pêcher de vous exhorter à refu- « fer courageufement dans la fuite « tout ce qu'on prétendra obtenir « de vous contre votre propre au- «

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