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» crainte de vos armes, fe difpo » fent à vous rendre les villes, les »bourgs & les terres qu'ils vous » ont enlevées, pour lors à votre » exemple les autres peuples d'Ita»lie redemanderont chacun les » fonds dont on les a dépouillez : » ce quí réduira tout d'un coup » cette fiere nation à la même foi» bleffe où elle étoit dans fon origine. Ou fi elle entreprend,com» me je n'en doute pas, de retenir » fes ufurpations par la force des » armes, alors vous aurez dans une guerre fi jufte & les Dieux & les » hommes favorables. Vos alliez » s'uniront plus étroitement avec »vous; il fe formera une ligue » redoutable & capable de dé»truire ou du moins d'humilier » une République fi fuperbe. Je ne » vous parle point du peu de capacité que j'ai acquife dans les » armées foldat où Capitaine, » dans quelque rang que vous me placiez, je facrifierai volontiers » ma vie pour vous venger de nos

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» ennemis communs.

Ce difcours fut écouté avec plai fir, comme tous ceux qui interess

fent & qui flattent nos paffions. On réfolut la guerre, la Communauté des Volfques en confia la conduite à Tullus & à Coriolan; & pour attacher le Romain plus étroitement à la nation des Volfques, on lui défera la qualité de Sénateur. On dépêcha en même temps, fuivant fon avis, des Ambaffadeurs à Rome. Ils n'y furent pas plûtôt arrivez, qu'ils reprefenterent au Sénat, que leurs Supérieurs, à l'exemple des Latins, afpiroient à la qualité d'alliez du Peuple Romain; mais pour rendre cette union inaltérable, » Nous demandons, dirent ces << Ambaffadeurs, que la Républi- « que nous reftitue les villes & les « terres que nous avons perduës par le malheur de la guerre. Ce « fera le gage affuré d'une paix fo- « lide & durable: autrement nous " ne pourrions pas nous difpenfer de les reprendre par la force des «

armes.

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Ces Ambaffadeurs s'étant retirez, le Sénat n'employa pas beaucoup de temps à délibérer. On ne fçavoit à Rome ce que c'étoit que de

plier fous des menaces ; & c'étoit une maxime fondamentale du Gouvernement, de ne céder pas même à des ennemis victorieux; ainfi on fit bien-tôt rentrer les Ambaffadeurs. Le premier Conful leur répondit en peu de mots, que la crainte ne feroit jamais rendre aux Romains ce qu'ils avoient conquis par leur valeur, & que fi les Volfques prenoient les premiers les armes, les Romains ne les quitteroient que les derniers ; on les congédia enfuite. Le retour de ces Ambaffadeurs fut fuivi de la Déclaration de la Guerre. Tullus & Coriolan qui avoient prévû la réponse du Sénat, tenoient leurs troupes prêtes à entrer en action. Tullus avec un corps de réferve resta dans le pays pour en défendre l'entrée aux ennemis, pendant que Coriolan à la tête de la principale Armée, fe jetta fur les terres des Romains & de leurs alliez, avant que les Confuls euffent prist aucune mefure pour lui réfifter. Selon Tite-Live, il chassa d'abord de Circée une Colonie de Romains qu'on y avoit établie ; mais

Denis d'Halicarnaffe prétend que les habitans intimidez par l'approche de l'ennemi, ouvrirent leurs portes, & que Coriolan fe contenta d'en tirer des vivres & des habits pour fes foldats. Il enleva enfuite aux Romains, Satricum, Longule, Polufca & Corioles, qu'ils avoient conquifes depuis peu de temps fur les Volfques; il prit encore Corbion, Vitellie, Trebie, Labique & Pedum; Voles pour avoir voulu fe défendre fut emportée l'épée à la main, & fes habitans expofez à la fureur d'un ennemi victorieux & irrité. Les foldats de Coriolan répandus dans la campagne, portoient le fer & le feu de tous côtez. Mais dans ce pillage & cet incendie géneral ils avoient des ordres fecrets d'en exempter les maifons & les terres des Patriciens. Coriolan affectoit une diftinction fi marquée, foit par fon ancien attachement pour ceux de cet Ordre, foit comme il eft plus vrai-femblable, pour rendre le Sénat fufpect au peuple, & augmenter les diffentions qui étoient entre les uns & les autres.

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Cette conduite eut tout l'effet qu'il en avoit prévû. Le peuple ne manqua pas d'accufer publiquement le Sénat d'être d'intelligence avec Coriolan, & de l'avoir fait venir exprès à la tête d'une armée pour abolir la puiffance Tribunitienne. Les Patriciens de leur côté reprochoient au peuple qu'il avoit forcé un fi grand Capitaine à fe jetter par défefpoir parmi les ennemis. Les foupçons, la défiance, la haine regnoient dans l'un& l'autre parti: & dans ce défordre on fongeoit moins à répoufferles Volf ques, qu'à décrier & à perdre l'ennemi domestique. Les deux Confuls cachez derriere les murailles de Rome, ne faifoient des levées que lentement. Spurius Nautius, & Sextus Furius qui leur fuccéderent, ne firent pas paroître plus de courage & de réfolution. On voïoit bien qu'ils craignoient de fe commettre avec un fi grand Capitaine. Le Peuple même & fes Tribuns fi fiers dans la place publique, ne fe preffoient point de donner leurs noms pour fe faire en rôler; perfonne ne vouloit for

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