Tit. Liv. à la campagne. Il s'appelloit NuD. Hal ma Pompilius, homme de bien, saPlutarq. ge, modéré, équitable, mais peu guerrier, & qui ne pouvant se donner de la considération par son courage, chercha à se distinguer par des vertus pacifiques. Il travailla pendant tout son regne à la faveur d'une longue paix, à tourner les esprits du côté de la Religion, & à inspirer aux Romains une grande crainte des Dieux. Il bâtit de nouveaux temples: il inftitua des fêtes, & comme les réponses des Oracles & les prédictions des Augures & des Aruspices faisoient toute la religion de ce peuple grossier, il n'eut pas de peine à lui persuader que des divinitez qui prédisoient ce qui devoit arriver d'heureux ou de malheureux, pouvoient bien être la cause du bonheur ou du malheur qu'ils annonçoient: la vénération pour cesEstres supérieurs d'autant plus redoutables qu'ils étoient plus inconnus , fut une suite de ces préjugez. Rome se remplit insenliblement de superstitions ; la politique les adopta & s'en fervit utilement pour tenir dans la follmission un peuple encore féroce. Il ne fut même plus permis de rien entreprendre qui concernât les affaires d'Etat sans consulter ces fausses divinitez ; & Numa pour lu autoriser ces pieuses institutions , & s'attirer le respe& dų peuple , I feignic de les avoir reçûès d'une Nimphe appellée Egerie qui lui a- Si la conduite pacifique de Numa avoit été utile aux Romains pour adoucir ce qu'il y avoit de féroce & de fauvage dans leurs moeurs, le caractére fier & entreprenant deTullus ne fut pas moins An de Roo nécessaire dans un Etat fondé par la force & la violence, & environ les conquêtes. me 82. né de voisins jaloux de son établirment. Le peuple de la ville d'Albe faisoit paroître le plus d'animosité, quoique la plûparc des Romains en tirassent leur origine, & que la ville d'Albe fût conliderée comme la métropole de tout le Latium. Différens sujets de plaintes réciproques & ordinaires entre des Etats voisins, allumerent la guerre, ou, pour mieux dire, Pambition seule, & un esprit de conquête , leur firent prendre les armes. Les Romains & les Albains fe mirent en campagne. Comme ils étoient voisins, les deux armées ne furent pas longtems sans s'approcher : on ne disa simuloit plus qu'on alloit combattre pour l'Empire & la liberté. Comme on étoit prêt d'en venir aux mains, le Général d'Albe, soit qu'il redoutât le succès du combat, ou qu'il voulût seulement éviter l'effusion du sang, proposa au Roi de Rome de remettre la destinée de l'un & de l'autre peuple à trois combattans de chaque côté, à condition que l’Empire sesoit le prix du parci victorieux, La propofition fut acceptée ; les Ro- An de Ro. races périrent dans ce fameux me 87. Horace fier de la victoire, & ir- dans le transport de la colere lui paffa son épée au travers du corps: » Va, lui ditwil , trouver ton amant, & porte » lui cette passion insensée, quite fait préférer un ennemi mort à la gloire de ta patrie. « Tout le monde détestoit une action fi inhumaine & si cruelle. On arrêta aussi-tôt le meurtrier: il fut traduit devant les Duumvirs Juges naturels de ces sortes de crimes: Horace fut condamné à perdre la vie, & le jour même de son criomphe auroit été celui de son supplice, si par le conseil de Tullus Hostilius il n'eût appellé de ce jugement devant l'Assemblée du Peuple. Il y comparut avec le même courage & la même fermeté qu'il avoit fait paroître dans son combat contre les Curiaces. Le peuple crut qu'en faveur d'un si grand service, il pouvoit oublier un peu la rigueur de la Loi. Horace fut renvoyé absous, plûtôt, die Tite-Li»ve, par admiration pour son couw rage, que par la justice de fa » cause. Nous n'avons rapporté cet événement, que pour faire voir par le conseil que donna le Roi de Rome à Horace d'en ap |