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Volfcius fe levant pour jouer le rôle qu'il avoit concerté avec fon Collegue J'aurois fouhaité, » dit-il, en adreffant la parole au peuple, avoir pû porter plutôt » mes plaintes de la mort d'un fre»re très cher que Cefon a tué dans »mes bras. Mais la crainte des » violences ordinaires du même » Cefon, & le crédit de fa famille, » ne m'a que trop fait comprendre » ce que j'avois à craindre moi» même d'une pareille pourfuite. » Si je ne viens plus affez à temps » pour me rendre fon accufateur, » du moins ne pourra-t-on pas rejetter le trifte témoignage que je » rendrai de fa cruauté & de fa ~ rannie. " Ce fut, continua ce fourbe, » fous le Confulat de L. Ebutius » & de P. Servilius que revenant » un foir, mon frere & moi de fou"per chez un de nos amis, nous rencontrâmes proche le quartier » où logent les femmes publiques, » Cefon plein de vin, & accompagné à fon ordinare de plufieurs jeunes Patriciens infolens ❤ comme lui, & qui venoient ap

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paremment de faire la débauche « enfemble dans ces maifons de « proftitution. Ils nous attaque- « rent d'abord par des railleries « piquantes, & par des injures que « je crus devoir diffimuler. Mais « mon frere moins patient que moi, leur ayant répondu comme un « homme libre & plein de coura- « ge devoit faire, Cefon tomba " auffi-tôt fur lui, & fe prévalant " de fes forces, il lui donna tant ✔ de coups de poings & de pieds, qu'il l'affomma à mes yeux & « dans mes bras, fans que je puffe oppofer à une fi grande violen- « ce, d'autres armes que des cris « & des priéres inutiles. Je ne pus « en porter mes plaintes aux deux « Confuls qui moururent de la « pefte la même année. L. Lucre- « tius & T. Veturius leurs fuccef-« feurs furent long-temps en cam- «< pagne. Ce ne fut qu'à leur retour «< que je fongeai à former mon action. Mais Cefon ayant appris: mon deffein, me furprit un foir « àl'écart, & il me donna tant de « coups que je fus obligé pour évi- « ter un fort pareil à celui de mon «

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frere de lui promettre de ne par »ler jamais de l'une & l'autre vio »lence.

Le Peuple fut fi ému par ce ré cit, que fans approfondir la verité du fait, il alloit condamner fur le champ Cefon à perdre la vie; mais A. Virginius qui conduifoit toute cette fourberie, voulut la revêtir des apparences de la juftice, & faire périr l'Accusé par les. formes ordinaires. Il demanda qu'attendu que Volfcius n'avoit pas fes témoins préfens, Cefon: fût arrêté, & mis en prison jusqu'à ce que fon crime eût été averẻ. T. Quintius fon parent repréfenta qu'il étoit inoui dans la Républi que, que fur une fimple accufation on commençât par arrêter un citoyen peut-être innocent; & que cette nouvelle forme de procedure donnoit atteinte à la liberté publique. Mais le Tribun foutint que cette précaution étoit néceffaire pour empêcher qu'un auffi grand criminel n'échapât à la juf tice du peuple. On agita de part & d'autre cette queftion avec beau coup de chaleur & d'animofité

Enfin, il fut arrété que l'Accusé demeureroit en liberté, mais fous la caution de dix citoyens, qui s'obligerent de le repréfenter le jour qu'il devoit être jugé, ou de payer une amande, dont les Tribuns convinrent enfuite avec le Sénat. Cefon, quoiqu'innocent, n'ofa s'abandonner au jugement. du peuple; il fortit de Rome la nuit, s'enfuit & fe retira en Tofcane. Les Tribuns ayant appris fa fuite exigérent l'amande avec tant de rigueur & de dureté, que Quintius pere de Cefon après avoir vendu la meilleure partie de fon bien, fut contraint de fe releguer dans une méchante chaumine qui étoit au delà du Tybre:: & on vit cet illuftre Confulaire D. H.1. 10. réduit à cultiver de fes propres mains cinq ou fix arpens de terre, qui compofoient alors tout fon bien, & qu'on appella depuis de fon nom les Prez Quintiens.

Après l'exil de Cefon, les deux Tribuns fe crurent victorieux du Sénat, & fe flatoient de voir la Loi bien-tôt établie. Mais comme cette affaire regardoit prefque

tous les Grands, la Nobleffe s'u nit encore plus étroitement depuis la difgrace du fils de Quintius: & fi-tôt qu'on propofoit la publication d'un corps de droit on voyois s'élever, pour ainfi dire, mille Cefons qui tous s'y oppofoient avec la même intrépidité. Le tems d'élire de nouveaux Confuls étant arrivé, le Sénat & les Patriciens de concert, firent tomber cette dignite à C. Claudius frere d'Appius dernier mort; parce que fans avoir rien de fa dureté & de fes manieres hautaines, il n'étoit pas moins attaché aux interêts de fon Ordre. On lui donna pour Collegue P. Valerius, qui entrant dans fon feAn de Ro- cond Confulat, fut nommé pour me 193. premier Conful dans cette élec

tion.

Les Tribuns s'apperçûrent bien par ce concert de toute la Noblef fe, que quand même par différentes accufations ils feroient périr tous les ans quelque Patricien ils ne viendroient pas à bout d'un corps où il y avoit autant d'union que de pouvoir. Ainfi fans s'arrêser davantage à perfécuter & à