s'empare de la Royauté fans le confentement du peuple ni du Sénat. Son ambition & fa cruauté excitent un mécontentement general que l'impudicité de Sextus Tarquin fon fils, & la mort de Lucrece font éclater. Revolte generale. LesTarquins font chaffe, &la Royauté eft profcrite. L'Etat Républicain fuccede au Monarchique. On élit deux Magiftrats annuels, à qui on donne le nom de Confuls. La divifion qui furvient bien-tôt après entre le Peuple & le Sénat,oblige de créer une nouvelle Magiftrature fupérieure au Confulat, je veux dire la Dictature. Les brouilleries ceffent pour quelque tems; mais enfuite elles fe renouvellent, & vont fi loin que la plus grande partie du Peuple abandonne la Ville, & fe retire fur le Mont facré. Pour le faire rentrer dans Rome, il fallut lui accorder l'abolition de toutes les dettes, & I. Anné confentir à la création des Tribuns du Peuple. de Rome. environ la 3201. du viron la U N PRINCE d'une naiffance incertaine, nourri par une femme, prostituée, élevé par des bergers, & Monde,en- depuis devenu chef de brigands, quatrième jetta les premiers fondemens de la de la fixié. Capitale du monde. Il la confame Olim-cra au Dieu de la guerre dont il piade, & la vouloit qu'on le crût forti,& il adla naiffan- mit pour habitans, des gens de touce de notre tes conditions, & venus de diffeSeigneur rens endroits, Grecs, Latins, AlJ. C. 713. avant bains & Toscans, la plûpart pâtres & bandits, mais tous d'une valeur déterminée. Un azile qu'il Tit. Liv, ouvrit en faveur des efclaves &des 1. fugitifs, y en attira un grand nombre qu'il augmenta depuis des prifonniers de guerre, & il fçut de fes ennemis en faire fes premiers Ci I, D. c. 8. toyens. Rome dans fon origine étoit moins une Ville qu'un camp de foldats, rempli de cabannes & entouré de foibles murailles, fans Loix civiles, fans Magiftrats, & qui fervoit feulement d'azile à des Avanturiers, la plûpart fans femmes & fans enfans, que l'impunité ou le defir de faire du butin avoient reunis. Ce fut d'une retraite de voleurs que fortirent les Conquerans de l'Univers. A peine cette Ville naiffante futelle élevée au-deffus de fes fondemens, que fes premiers habitans fe prefferent de donner quelque forme au gouvernement. Leur principal objet fut de concilier la liberté avec l'Empire; & pour y parvenir, ils établirent une efpece de Monarchie mixte, & partagerent la fouveraine puiffance entre le Chef ou le Prince de la Nation, un Sénat qui lui devoit fervir de Confeil, & l'Affemblée du Peuple. Dionyfi Romulus le Fondateur de Rome Halicarnal, en fut élu pour le premier Roi; il 2. p. 81. fut reconnu en même tems pour le Chef de la Religion, le fouverain Magiftrat de la Ville, & le General né de l'Etat. Il prit, outre un grand nombre de Gardes, douze c. 8. Liceurs, efpece d'Huiffiers qui l'accompagnoient, quand il pa- D. H. 1. 2. roiffoit en public. Chaque Liceur Plut. inRoétoit armé d'une hache d'armes, ma. 1. Tit. Liv. environnée de faisceaux de verges, pour défigner le droit de glaive, fymbole de la fouveraineté. Mais fous cet appareil de la Royauté, fon pouvoir ne laiffoit pas d'être refferré dans des bornes fort étroites ; & il n'avoit guéres d'autre autorité que celle de convoquer le Sénat & les Affemblées du Peuple; d'y propofer les affaires; de marcher à la tête de l'armée quand la guerre avoit été refolue par un Décret public, & d'ordonner de l'emploi des finances qui étoient fous la garde de deux Tréforiers qu'on appella depuis Quefteurs. Les premiers foins du nouveau Prince furent d'établir différentes Loix par rapport à la Religion & au gouvernement civil, toutes également néceffaires pour entretenir la focieté entre les hommes; mais qui ne furent cependant publiées qu'avec le confentement de tout le peuple Romain. On ne fçait pas bien quelle étoit la forme duculte de ces temps fi éloignez. Onvoit feulement par l'hiftoire, que la Religion des premiers Romains avoit beaucoup de rappor Plut. in avec leur origine. Ils celebroient Mais la principale Religion de ces tems groffiers confiftoit dans les Augures & dans les Arufpices, c'est-à-dire dans les pronoftics qu'on tiroit du vol des oifeaux ou des entrailles des bêtes. Les Prêtres & les Sacrificateurs faifoient croire au peuple qu'ils y lifoient distinctement les deftinées des hommes. Cette pieufe fraude qui ne devoit fon établiffement qu'à |