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la valeur de soixante-quinze mines de bien, c'est-à-dire un peu plus de deux mille livres de notre monnoye. Ils se servoient à peu près des mêmes armes que les citoyens de la premiere classe, & ils n'étoient diftinguez que par l'écu qu'ils portoient au lieu de bouclier.

Il n'y avoit pareillement que vingt Centuries dans la troisiéme classe, & il falloit avoir au moins cinquante mines de bien pour y entrer, c'est-à dire un peu plus de cinq cens ecus de notre monnoye.

La quatriéme classe étoit composée du même nombre de Centuries que les deux precedentes; & ceux qui étoient rangez dans cette classe devoient avoir au moins vingt-cinq mines de bien, c'est-à-dire, environ sept cens cinquante livres de notre monnoye.

Il y avoit trente Centuries dans la cinquiéme classe; & on avoit placé dans ces Centuries tous ceux qui avoient au moins douze mines & demie de bien, c'est-àdire un peu plus de trois cens livres de notre monnoye. Ils ne se servoient que de frondes pour armes, & ordinairement ils combatroient hors des rangs, & fur les aîles de l'armée.

Aul. Gell. La fixiéme classe n'avoit qu'une 1. 16. c. 10. Centurie, & même c'étoit moins une Centurie qu'un amas confus des plus pauvres citoyens. On les appelloit_Proletaires, comme n'étant utiles à la République que par les enfans qu'ils engendroient; ou Exempts, à cause qu'ils étoient dispensez d'aller à la guerre, & de payer aucun tribut.

D.H. 1. 4. On avoit compris sous la secon de classe deux Centuries de charpentiers & d'ouvriers de machines militaires, & il y en avoit deux autres de Trompettes attachées à la quatriéme claffe. Toutes ces clafses se partageoient comme la premiere entre les vieillards qui restoient pour la défense de la ville, & les jeunes gens dont on formoit les Légions qui devoient marcher en campagne. Elles composoient en tout cent quatre-vingt-treize Centuries, commandées chacune par un Centurion diftingué par fon expérience & par sa valeur. Servius ayant établi cette diftintion entre les citoyens d'une même République, ordonna qu'on assembleroit le peuple par Centuries, lorsqu'il feroit question d'élire des Magiftrats, de faire des Loix, de déclarer la guerre, ou d'examiner les crimes commis contre la République, ou contre les privileges de chaque Ordre. L'assemblée se devoit tenir hors de la ville, & dans le champ de Mars. C'étoit au Souverain ou au premier Magistrat à convoquer ces affemblées comme celles des Curies; & toutes les délibérations y étoient pareillement précédées par les aufpices, ce qui donnoit beaucoup d'autorité au Prince & aux Patriciens, qui étoient revêtus des principales charges duSacerdoce. On convint outre cela qu'on recueilleroit les suffrages par Centuries , au lieu qu'ils se comtoient auparavant par tête, & que les quatre-vingt-dix-huit Centuries de la premiere classe donneroient leurs voix les premieres. Servius par ce reglement tranf

,

porta adroitement dans ce Corps compofé des grands de Rome, toute l'autorité du gouvernement; & fans priver ouvertement les Plébéïens du droit de suffrage, il sçut par cette disposition le rendre inutile. Car toute la Nation n'étant composée que de cent quatrevingt-treize Centuries & s'en trouvant quatre-vingt - dix - huit dans la premiere classe, s'il y en avoit seulement quatre-vingt-dixD. H. 1. 4. fept du même avis, c'est-à-dire une de plus que la moitié des cent quatre-vingt-treize, l'affaire étoit concluë; & alors la premiere claffe, composée, comme nous avons dit, des grands de Rome, formoit seule les decrets publics; & s'il manquoit quelque voix, & que quelques Centuries de la premiere classe ne fussent pas du même sentiment que les autres, on appelloit la seconde classe. Mais quand ces deux classes se trouvoient d'avis conformes, il étoit inutile de passer à la troisieme. Ainsi le petit peuple se trouvoit fans pouvoir, quand on recueilloit les voix par Centuries: au

le

lieu que quand on les prenoit par Curies, comme les riches étoient confondus avec les pauvres, moindre Plébéïen avoit autant de crédit que le plus considerable des Sénateurs. Depuis ce temslà les assemblées par Curies ne fe firent plus que pour élire les Flamines, c'est-à-dire, les Prêtres de Jupiter, de Mars, de Romulus, & pour l'élection du grand Curion, & de quelques Magiftrats subalternes dont on aura lieu de parler dans la suite. Nous ne sommes entrez dans un détail si exact de ce nouveau plan de gouvernement, que parce que fans cette connoissance il seroit difficile d'entendre ce que que nous rapporterons dans la fuite des differends qui s'éleverent entre le Sénat & le Peuple Romain au sujet du gou

vernement.

La Royauté, après cet établissement, parut à Servius comme une piece hors d'œuvre, & inutile dans un Etat presque Républicain. On prétend que pour achever son ouvrage, & pour rendre la liberté entiere aux Romains, il avoit ré

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