choient des victimes à leur reffentiment, dont la punition pût intimider le Sénat, firent tomber l'accufation fur ceux qui étoient des D. H.I. 10. familles Pofthumia,Simpronia&Clelia. Tit. Liv. On les cita devant l'Affemblée Dec. 1. 1.3. prochaine du Peuple; mais quoique ces jeunes Patriciens fe fiffent hon- fut approuvé à la pluralité des voix. Le Sénat ne s'y oppofa point; on vendit même publiquement les biens des condamnez pour y fatiffaire, & le prix en fut confacré à Cérés. Mais le Sénat fit racheter ces biens de fes propres deniers par des perfonnes interposées. On les rendit quelques temps après aux anciens proprietaires, & le Sénat ne fut pas fâché qu'il n'en eût couté que de l'argent pour arrêter la publication de la Loi. Mais les Tribuns ne prirent pas fi aisément le change. Ils revinrent bien-tôt au partage des terres. C'étoit le fujet le plus ordinaire de leurs harangues. Pendant que le peuple paffoit les jours entiers fur la place à entendre ces déclamateurs, il arriva des couriers de Tufculum, qui dirent que les Eques s'étoient jettez fur le territoire de cette ville, alliée du Peuple Romain; qu'ils mettoient tout à feu & à fang dans la campagne; qu'il étoit même à craindre qu'ils n'emportaffent cette place s'ils en formoient le fiege : & les habitans demandoient du fecours avec beaucoup d'inftance. Le Sénat ordonna auffi-tôt que les Confuls fe mettroient en campagne avec les forces de la République. Les Tribuns ne manquerent pas de s'y oppofer à leur ordinaire, & ils vouloient faire acheter leur confentement par la publication de la Loi. Mais le peuple plus genereux que ces Magiftrats, fe reffouvenant du fecours qu'il avoit reçu de Tufculum contre l'invafion d'Herdonius, offrit de bonne grace de prendre les armes. On leva promptement une Armée ; les deux Confuls fe mirent à la tête. Siccius Dentatus, ce Plébeïen qui venoit de haranguer fi vivement en faveur de la Loi Agraria, fe préfenta pour les fuivre avec huit cents veterans comme lui qui avoient tous achevé le temps de fervice prefcrit par les Loix, mais qui dans cette occafion voulurent encore aller à la guerre fous le commandement particulier de Siccius, qu'ils nommoient hautement l'A chille Romain. L'Armée Romaine s'avança jufqu'à Algide qui étoit à feize milles de Rome, & rencontra les en emis affez près de la ville d'Antium. Ils étoient retranchez fur le haut d'une montagne. Les Romains camperent fur une éminence opposée; ils fe fortifierent avec foin, & les Generaux retinrent les foldats dans le camp pour cacher leurs forces à l'ennemi. Les Eques prirent ces précautions pour un effet de la peur des Confuls. Ils defcendoient fouvent dans la plaine, & ils venoient quelquefois jufques fur les bords des retranchemens du camp reprocher aux Romains la timidité de leurs Generaux. Les deux Confuls, pour entretenir l'ennemi dans cette fauffe confiance, tenoient toujours les portes du camp fermées. Mais un jour queRomillius commandoit en chef, & que c'étoit à lui à donner les ordres, ce Conful ayant apperçu que toute l'Armée des Eques étoit fortie de fon camp, & que la plupart des foldats difperfez & répandus dans la campagne fourageoient impunément jufqu'au pied de fes retranchemens, il réfolut de les charger dans la plaine, & de faire attaquer en même temps le camp qu'ils avoient fur la montagne, afin qu'ils ne fçuffent point de quel côté étoit la véritable attaque. Dans cette vûe il fit appeller Siccius Dentatus qui commandoit le corps de veterans dont nous venons de parler; & foit par eftime pour fa valeur, foit qu'il ne fût pas fâché d'expofer ce Plébeïen dans une occafion très-dangereufe, il le chargea de l'attaquedu camp ennemi: » Nous allons, lui dit-il, D.H. 1, 10, mon Collegue & moi, marcher » aux ennemis. Pendant que nous >> attirerons toutes les forces de »notre côté, jettez-vous avec le » corps que vous commandez dans » cette gorge & ce chemin détour»né qu'on découvre dans la mon tagne,&qui conduit à leur camp. »Pouffez jufqu'aux retranchemens, » & tâchez de vous en rendre le » maître. En faifant en même temps » deux attaques differentes, nous » cauferons une diverfion utile, & qui en partageant les forces de » nos ennemis, diminuera leur dé» fenfe. Siccius lui répondit qu'il étoit prêt d'obeïr aveuglement à |