même, au retour de la campagne, De toutes les manieres de subsi- la République ; accoutumoient leurs enfans à de femblables travaux, & ils les élevoient dans une vie dure & laborieuse , afin de les rendre plus robustes & plus capables de soutenir les fatigues de la guerre. Cette discipline domestique avoit son origine dans la pauvreté des premiers Romains : on fit ensuite une vertu d'un pur effet de la necessité, & des hommes courageux regarderent cette pauvreté é gale entre tous les citoyens, comme un moyen de conserver leur liberté plus entiere. Chaque citoyen n'eut d'abord pour vivre que deux arpens de terre , comme nous l'avons dir ; Rome érendit depuis peu à peu son territoire par les conquêtes qu'elle fit fur fes voisins. On vendoit ordinairement une moitié de ces terres conquises pour indemniser l'Etat des frais de la guerre, & l'autre moitié se réünissoit au domaine public, que l'on donnoit ensuite , ou gratuitement, ou sous un ceas modique & à rente, aux plus pauvres citoyens pour les aider à fubfifter: tel étoit l'ancien usage de Rome sous les Rois, c'est-à-dire pendant plus de deux cens ans. Mais depuis l'extinction de la Royauté, les Nobles & les Patriciens qui se regardoient comme les seuls Souverains de la République, s'approprierent sous différens prétex tes la meilleure partie de ces ter3 res conquises qui étoient dans leur voisinage, & à leur bienséance; & ils étendoient insensiblement leur domaine aux dépens de celui du public : ou bien sous des noms empruntez, ils se faisoient adjuger à vil prix les differentes portions 5 qui étoient destinées pour la sub fistance des plus pauvres citoyens. Ils les confondoient ensuite dans leurs propres terres, & quelques années de possession, avec un grand crédit, couvroient ces usurpations. L'Etat y perdoir une para tie de son domaine, & le soldat après avoir répandu son sang pour étendre les frontieres de la République, se trouvoit privé de la portion de terre qui lui devoit fervir en même temps de solde & de récompense. L'avidité de certains Patriciens ne se bornoit pas à ces fortes d'usurpations. Mais quand la récolte manquoit dans des années stériles, ou par les irruptions des ennemis, ils Içavoient par des secours intéressez, se faire un droit sur le champ de leurs voisins. Le Soldat alors fans paye, & sans aucune ressource , étoit contraint pour subsister, d'avoir recours aux plus riches. On ne lui donnoit point d'argent qu'à de grosses usures, & ces u fures éroient même en ce tems-là Tacit,Aur. arbitraires, Gi nous en croyons Ta. 1.6. ad an. cite. Il falloit que le débiteuren786, gageât son petit héritage, & fou vent même ce cruel secours lui coutoit la liberté. Les Loix de ces tems-là permettoient au créancier , faute de payement, d'arrêter son débiteur , & de le retenir dans sa maison où il étoit traité comme un esclave. On exigeoit souvent le principal & les interêts à coups de fouer & à force de tourmens; on lui enlevoit sa terre par des usures accumulées; & fous prétexte de l'observation des Loix, & d'une justice exacte, le peuplc $ d'o cole iles mis nie. éprouvoit tous les jours une injuf- Un gouvernement si dur dans Des menaces secretes succéderent à ces plaintes,& les Plébeïens ne voyant point d'adoucissement à leurs peines , éclaterent à la fin sous le Consulat de T. Largius & de Q. Clélius. Rome, comme nous l'avons dit, An de Rod étoit environnée de quantité de me, 2ss. petits peuples , inquiets & jaloux de son agrandissemenr.Les Latins, les Eques, les Sabins, les Volsques, les Herniques & les Veïens tancat erre JUS is, ale |