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mc 257.

séparez, & souvent réunis, lui fai-
foient une guerre presque conti-
nuelle. Ce fut peutêtre à l'animo-
sité de ces voisins, que les Romains
furent redevables de cette valeur
& de cette discipline militaire,
qui dans la suite les rendirent les
maîtres de l'Univers.

Tarquin vivoit encore, il avoit ménagé secretement une ligue An de Ro. puissante contre des Romains : trente villes du pays Latin s'intérefferent à fon rétablissement. Les Herniques & les Volsques favoriferent cette entreprise: il n'y eut que les peuples d'Etrurie qui voulurent voir l'affaire plus engagée avant que de se déclarer ; & ils resterent neutres dans la vûë de prendre parti suivant les événe

mens.

Les Confuls & le Sénat ne virent pas sans inquiétude une conspiration si generale contre la République; on fongea aussi-tôt à se mettre en défense. Comme Rome n'avoit point d'autres foldats que ses citoyens, il fallut faire prendre les armes au peuple; mais les plus pauvres, & ceux fur-tout qui é

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toient chargez de dettes, déclarerent que c'étoit à ceux qui joüifsoient des dignitez & des biens de la République à la défendre; que pour eux, ils étoient las d'exposer tous les jours leurs vies pour des maîtres si avares & fi cruels. Ils refuserent de donner leurs noms, suivant l'usage, pour se faire enroller dans les Légions; les plus emportez disoient même, qu'ils n'étoient pas plus attachez à leur patrie, où on ne leur laissoit pas un pouce de terre en proprieté, qu'à tout autre climat, quelqu'étranger qu'il fût; que du moins ils n'y trouveroient point de créanciers; que ce n'étoit qu'en fortant de Rome qu'ils s'affranchiroient de leur tyrannie, & ils menacerent hautement d'abandonner la Ville, si par un Sénatus-Confulte on n'abolissoit toutes les dettes.

Le Sénat inquiet d'une désobeïs- D. H. 1. s. sance peu différente d'une révolte déclarée, s'assembla aussi-tôt : on ouvrit différens avis. Les Sénateurs les plus modérez opinerent en faveur du foulagement du peuple.

Id. Ibid.

M. Valerius frere de Publicola, & qui à son exemple affectoit d'être populaire, représenta que la plû. part des pauvres Plébeïens n'a voient été contraints de contracter des dettes, que par les malheurs de la guerre; que si dans la conjoncture où une partie de l'Italie s'étoit déclarée en faveur de Tarquin, on n'adoucissoit pas les peines du peuple, il étoit à craindre que le désespoir ne le jettât dans le parti du tyran, & que le Sénat pour vouloir porter trop loin son autorité, ne la perdît entierement par le rétablissement de la Royauté. Plusieurs Sénateurs, & ceux furtout qui n'avoient point de débiteurs, se rangerent de son sentiment; mais il fut rejetté avec indignation par les plus riches. Appius Claudius s'y opposa aussi, mais par des vûës différentes. Ce Sénateur austere dans ses mœurs, & severe observateur des Loix, foutenoit qu'on n'y pouvoit faire aucun changement fans péril pour la République. Quoi que sensible à la misere des particuliers qu'il assistoit tous les jours de son bien, il ne laissa pas cependant de déclarer en plein Sénat, qu'on ne pouvoit pas avec justice refuser le fecours des Loix aux créanciers qui voudroient poursuivre avec rigueur les débiteurs.

Mais avant que d'entrer dans un plus grand détail de cette affaire, peut être ne sera-t-il pas inutile de faire connoître particulierement un Patricien qui eut tant de part, aussi-bien que ses descendans, aux différentes révolutions qui agiterent depuis la République.

me.250.

Appius Claufus ou Claudius, An de Ro étoit Sabin de naissance, & des principaux de la Ville de Régille. Des dissentions civiles dans lefquelles fon parti se trouva le plus foible, l'obligerent d'en fortir. II se retira à Rome qui ouvroit un azyle à tous les étrangers. Il fut suivi de sa famille & de ses partisans, que Velleïus Paterculus fait monter jusqu'au nombre de cinq mille.

On leur accorda le droit de Bourgeoisie, avec des terres pour habiter, situées sur la riviere de Téveron: telle fut l'origine de la tri

bu Claudienne. Appius qui en étoit le Chef, fut reçu dans le Sénat, & il s'y fit bien-tôt diftinguer par la sagesse de ses conseils, & furtout par sa fermeté. Il s'opposa Id. Ibid, hautement à l'avis de Valerius, 1.5. comme nous venons de le dire, & il représenta en plein Sénat que la Justice étant le plus ferme soutien des Etats, on ne pouvoit abolir les dettes des particuliers sans ruiner la foi publique, le seul lien de la societé parmi les hommes. Que le peuple même en faveur de qui on sollicitoit un Arrest si injuste, en fouffriroit le premier; que dans de nouveaux besoins, les plus riches fermeroient leurs bourses; que le mécontentement des Grands n'étoit pas moins à craindre que le murmure du peuple, & qu'ils ne souffriroient peutêtre pas qu'on annullât des Contracts qui étoient le fruit de leur épargne & de leur tempérance. Il ajouta que personne n'ignoroit que Rome dans son origine n'avoit pas assigné une plus grande quantité de terres aux Nobles &

aux Patriciens, qu'aux Plébéïens. Que

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