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fa troupe dans le camp ennemi, coupe la gorge aux prifonniers s tue les chevaux; met le feu aux tentes, aux armes & à tout le bagage, & ne laiffe aucune de ces marques de la victoire qu'on exigeoit des Generaux quand ils demandoient l'honneur du triomphe. Il marche enfuite en grande diligence, arrive à Rome avec fa cohorte & rend compte aux Tribuns de ce qui s'étoit pafsé. Le peuple voyant ces Vieillards feuls, & encore couverts du fang des ennemis, s'attroupe autour d'eux, & leur demande des nouvelles de l'Armée. Siccius leur an nonce la victoire qu'on venoit de remporter fur les Eques, & il fe plaint en mêmetemps de l'inhumanité des Confuls, qui fans neceffité, dit-il, & pour fatisfaire feulement leur haine contre les Plébeïens, avoient exposé huit cents veterans à une mort qui paroiffoit certaine, Ilraconta enfuite par quel bonheur ils avoient échapé aux embûches que leur avoient tendu les Con "fuls. Cependant, ajoûta-il, nous avons pris le camp ennemi,

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& taillé en pieces ceux qui le «
gardoient. De-là nous nous fom- «
mes rendus maîtres des détroits «
de la montagne; nous en avons «
chaffé les Eques, & facilité par «
notre valeur la victoire des Con- «<
fuls. Nous demandons pour tou- «
te récompenfe qu'on ne décerne «<
point les honneurs du triomphe
à des Generaux qui ne fe font fer- «
vis de leur autorité, que pour «
faire périr fans neceffité leurs «
propres concitoyens.

Le peuple qui n'étoit que trop indifpofé contre les Patriciens lui promit de ne confentir jamais au triomphe des Confuls. Les foldats de ces Generaux à leur retour entrerent dans cette caballe, par reffentiment de ce que les deux Confuls les avoient privez du butin qu'ils avoient fait vendre au profit de l'épargne, fous prétexte T.Liv. 1. 3. qu'elle étoit épuifée. Les Confuls pour obtenir l'honneur du triomphe, repréfenterent en vain qu'ils avoient remporté une victoire complette, taillé en pieces l'Armée ennemie, & fait fept mille prifonniers. Le peuple prévenu qu'ils

Plin. 1.7.

C. 28.

avoientvoulu faire périr les veterans, leur refufa avec opiniâtreté qu'on remerciât les Dieux de leur victoire, & qu'ils puffent rentrer dans la ville avec les ornemens du triomphe. Le Sénat, foit par des principes d'équité, foit par la crainte de quelque nouvelle fédition ne jugea pas à propos de s'intereffer pour eux; & le peuple qui regardoit cet affront comme une victoire qu'il remportoit fur tout l'Ordre des Patriciens, défera dans les Comices fuivans la qualité de Tribun à Siccius.

Ces deux Confuls ne furent pas An de Ro- même plutôt fortis de Charge, que me 299. fous le Confulat de leurs fuccefVal. Max. feurs Sp. Tarpeius & A. Eternius, 1. 3. c.2. on les cita devant l'Affemblée du Peuple. C'étoit le fort ordinaire deces fouverains Magiftrats. L'accufation rouloit fur l'affaire de Siccius; mais leur veritable crime étoit l'oppofition conftante que l'un & l'autre avoient apportée à la publication de la Loi Agraria. Le peuple les condamna tous deux à une amande, Romilius à dix mille affes, & Veturius à quinze

mille. L'Hiftoire ne nous a point appris la raifon de la difference que le peuple mit dans ces deux amandes ce fut peut être parce que Veturius eut plus de part au mauvais traitement qu'avoit effuyé l'Appariteur d'Icilius. Ce qui peut confirmer cette conjecture, c'eft qu'on établit en même tems une Loi du confentement de tous les Ordres de l'Etat, par laquelle il étoit permis à tout Magiftrat de condamner à une amande ceux qui auroient manqué de refpect pour fa dignité : privilege refervé auparavant aux feuls Confuls. Mais pour empêcher que quelques Magiftrats particuliers n'abufaffent de cette nouvelle autorité, & ne la portaffent trop loin, il étoit ordonné par la même Loique defor- D. H. I, mais la plus haute amande pour to, lub fin. ces fortes de fautes ne pourroit exceder la valeur de deux boeufs ou de trente moutons: monnoyes de cuivre qui portoient ce nom de leur empreinte, & frapées fous le regne de Servius Tullius fixiéme Roi de Rome.

Fin du quatriéme Livre.

TABLE

ALPHABETIQUE

Des Matieres contenues en ce premier Volume.

A

A

NCUS-MARTIUS quatrième Roi de Rome fuccede à Tullus Hoftilius, l. 1. p. 33. Caractere de ce Prince, p. 34. Il établit des ceremonies qui devoient preceder les declarations de guerre, p. 35. Il combat les Latins, les défait, ruine leurs villes, en tranfporte les habitans à Rome, & joint leur terri toire à celui de cette Capitale, ibid. & fuiv. Sa mort, p. 36. Appius-Claudius, s'oppofe avec vigueur à l'avis propofé d'abolir les dettes du peuple, l. 1. p.70. & fuiv. Il eft fait Conful, p. 79. Il ne ménage point le Peuple, page 80.

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