celles que le Grand Vifir avoit fait commettre contre les Per- Liv. II. fans, il excita une révolte géné- 1730. rale dans la Ville; le Peuple devenu furieux, courut au Serrail en criant justice & vengeance. Je paffe le détail de cette affaire qui n'eft pas de mon fujet; il fuffit de dire que la révolte ne put être appaifée que par la mort du Grand Vifir & des premiers Miniftres & par la dépofition du Sultan Achmet qui fut obligé de céder l'Empire à fon Neveu Mah mouth aujourd'hui régnant. Pendant que la Cour Ottoma ne étoit agitée de ces troubles domeftiques qui l'occupérent jufqu'au mois d'O&obre de cette année, le Roi de Perfe continuoit avec fuccès le fiége de Tauris & le pouffoit fi vivement, qu'avant la fin du fecond mois le Pacha qui y commandoit, à la veille de manquer de vivres & de muni guerre, donna parole au tions de guerre, LIV. II. Roi de rendre la Ville, fi dans 1730. dix jours il ne recevoit pas les fecours qu'il attendoit le Roi détacha auffi-tôt de fon armée vingt mille hommes, partie Cavalerie, & les envoya du côté de Bagdad pour occuper les paffages par lefquels il pourroit arriver du fecours à Tauris. Ceux-ci rencon trérent en effet, à deux journées en deça de Bagdad quinze mille hommes qui venoient du Grand Caire; ils les attaquérent dans un défilé, où les Turcs ne pouvant fe mettre en bataille furent taillés en piéces, fix mille furent tués fur la place, & le refte s'étant fauvé, abandonna fes provifions, fes munitions de guerre & quel ques piéces de canon. Le Pacha de Tauris apprit bien-tôt ces fâcheufes nouvelles & ne voyant plus de fecours à espérer fe fou mit au Vainqueur & le reçut dans la Ville. Liv. II. La reddition de cette place, jointe aux autres avantages que les Perfans venoient de rempor- 1730. ter, peut-être auffi les troubles féditieux qui continuoient toujours à Conftantinople & fembloient menacer d'une nouvelle Révolution, firent défirer la paix au nouveau Miniftére de la Porte, & le déterminérent même à en faire les premieres demandes. Topal Ofman qui venoit d'être fait Grand Vifir du nouveau Sultan infinua d'abord au Grand - Seigneur, qu'outre que cette guerre étoit tout-à-fait ruineufe à fon Empire,&que ces contrées d'Asie avoient prefque toujours été fa tales aux Turcs, Sa Hauteffe ne feroit jamais bien affermie fur le Trône, qu'elle n'y mît fin: il ajouta que pour lui ayant toujours fervi en Europe il ne connoiffoit point du tout la Perfe, mais qu'il étoit d'avis d'envoyer Liv. II. à Achmet Pacha de Babilone des pleins pouvoirs pour traiter avec 1731. les Perfans comme il le jugeroit le plus convenable, fans s'amufer à contefter fur le plus ou le moins de pays à garder de ceux qu'on avoit conquis fur la Perse. Achmet avoit toujours montré beaucoup de capacité & d'attachement aux intérêts de l'Empire, & comme il étoit depuis longtems Beglier-Bey de la grande Province de Babilone il n'y avoit perfonne qui connût mieux que lui la Perfe & la fituation où s'y trouvoient les affaires; enforte que l'on ne pouvoit mettre en meilleures mains les intérêts de la Porte,pour la négociation dont il s'agiffoit. Il reçut donc des pouvoirs fi amples que le Grand-Seigneur s'y engageoit fans reftriction à approuver tout ce que lui Achmet régleroit. Ce Pacha proposa d'abord à Schah Thamas une fufpenfion- que |