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publié par Kouli-Kan au nom du Roi, en fût extrêmement indi- Liv. II. gnée; & malgré toutes les affu- 1732. rances que le Roi lui donna de fes bonnes intentions pour le maintien de la paix, on douta encore de fa bonne foi & on s'imagina que c'étoit un nouvel artifice de ce Prince, qui étant d'intelligence avec fon premier Miniftre & avec quelques Puiffances étrangères, ne cherchoit qu'à amufer les Turcs, ou à ralentir l'activité de leurs mouvemens, afin d'avoir le tems de reprendre fur eux les Pays qui leur étoient cédés par la paix, avant qu'ils euffent affemblé des forces fuffifantes pour s'y oppofer: ou bien pour le préparer des voyes d'accommodement, fuppofé qu'il échouât dans fes deffeins, en rejettant fur le Miniftre toute l'iniquité de l'infraction e du traité. Mais le Miftére-fut

LIV. II.

1732.

bien-tôt éclairci par les lettres
qu'Achmet Pacha de Babilone
envoya à la Porte,
› par lesquelles
il donnoit avis du changement
qui venoit d'arriver à la Cour de
Perfe, & des menaces que le
Général Perfan lui avoit faites
d'aller au plûtôt affieger la Ville
de Babilone. La Lettre qui con-
tenoit ces menaces eft affez fin-
guliere pour mériter de trouver
ici fa place.

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Vous qui êtes Pacha de Ba» bilone, Nous vous faifons fça» voir en premier lieu, que nous prétendons être les Maîtres d'aller en pleine liberté & tou»tes les fois qu'il nous plaira, vifiter les tombeaux de l'Iman Ali, de Gherbelai Mahaladé » de Mouza & d'Huffein. Secon » dement que pour faire nos pélerinages à ces faints lieux avec » toute la décence & les difpofitions que notre Loi demande

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il faut auparavant que tous les Perfans qui ont été pris dans la LIV. II. » derniere guerre, foient délivrés 1732.de leur efclavage, & que com

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» me le fang de nos autres freres
qui y ont péri, fume encore &
" crie
vengeance à leur Souve-
rain, il faut auffi qu'il y en ait
» autant de répandu des Sujets
du Grand-Seigneur, que ceux-
>>ci en ont fait couler des Sujets
du Roi de Perfe. Nous fom-
"mes bien-aifes de vous faire:
part de nos fentimens, afin
que
" vous ne puiffiez nous accufer
» de vous avoir furpris, & que
>> vous vous teniez fur vos gar-
des. Quant à nous, fçachez que
nous nous préparons à aller
bien-tôt à la tête de notre ar-
"mée goûter la douceur de l'air-
que l'on refpire dans les belles
plaines de Babilone, & faire
repofer nos troupes fatiguées à
l'ombre de fes murs.

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De ces quatre Imans dont il eft Liv. II. parlé au commencement de la 1732. Lettre, l'un eft Ali Gendre de Mahomet, & les trois autres fes petits fils par leurs Meres. Ils font enterrés aux environs de Bagdad & leurs tombeaux sont en grande vénération chez les Perfans. Achmet Pacha envoya à la Porte cette Lettre en original, afin qu'on jugeât par cette piéce du caractére de l'ennemi qu'on auroit à combattre. A cette Lettre il en joignit une autre (1) qui lui avoit été écrite prefque en même tems d'Ifpahan par Abdil-Baki Gouverneur de Kermoncha qui fe plaignoit à lui, de ce que contre la foi du traité de paix, Kouli-Kan vouloit le dépouiller

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(1) Abdil-Baki étoit à la Cour de Perfe dans le tems de cette Révolution, & en donna avis au Pacha de Bagdad, par une Lettre du 26. Aouft qui fournit prefque tout le détail de cet évenement.

H

'de fon Gouvernement. Pour en

tendre ceci, il faut fçavoir que LIV. II.
Kermoncha eft une place forte du 1732.
Curdistan, ou Pays des Curdes
car Tan eft un ancien mot Celte,
qui fignifie un Pays, & ce mot
seft confervé par tout l'Orient,
où l'on dit l'Indoftan, le Gurgif
tan, &c. pour exprimer la Ter-
re des Indiens, celle des Géor-
giens, &c. Le Curdiftan fe divife
en trois parties, dont l'une eft
fous la domination Ottomane &
a pour Capitale Kerkuk ou
Scharazour; la feconde partie
qui s'étend dans l'Arménie, &
jufqu'aux fources de l'Euphrate,
eft indépendante des Turcs &
des Perfes: les Curdes y vivent
en République, ou fous le gou-
vernement de plufieurs Emirs ou
Princes de leur Nation, Betlis
en eft la Capitale. La Perfe pof-
fede la troifiéme partie du Cur-
diftan qui confine à la Province

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