Ville que l'on y fit les plus grands LIV.III. préparatifs pour le recevoir avec magnificence, & pour lui donner 173.6. des fêtes: tout ce qu'il y avoit de gens diftingués dans la Ville fortirent à cheval au-devant de lui. jufqu'à une journée d'Ifpahan & enfuite marchérent en haye autour de lui. A fon arrivée tout le Peuple fe trouva répandu dans les rues par où il devoit paffer, & il n'entendit partout que des ap plaudiffemens, des cris de joye, & des vœux pour la confervation du Libérateur de la Patrie. Ses premiers foins furent de gagner de plus en plus l'affection des Peuples que le bruit de fes victoires lui avoit déja conciliée: il commença d'abord par défen dre toutes les fêtes qu'on vouloit faire pour fon retour, foit dans la Capitale, foit dans les Provin ces, donnant pour motif de fa défense qu'il ne vouloit pas oc Liv.III. cafionner de nouvelles dépenses aux Peuples déja épuifés par de ce, 4736. longues guerres dont ils avoient porté tout le poids. Il s'appliqua corriger les abus & à remedier aux défordres, fuites inévitables des guerres civiles; il recevoit & examinoit par lui-même les plaintes qu'on faifoit contre les Gouverneurs les Magiftrats, Officiers de Juftice & de Finan& puniffoit les coupables avec la derniere rigueur, fans égard à leur rang ni aux fervices qu'il en avoit reçus. Il fe montroit tous les jours au Peuple d'Ifpahan, parcourant à cheval les différens quartiers, interrogeant tan tôt les uns, tantôt les autres fur ce qui feroit le plus utile pour l'avantage du commerce, pour l'embéliffement de la Capitale pour le foulagement des pauvres familles. Il témoigna un grand zele pour la Famille Royale qui fe trouvoit réduite au feul Prince régnant & à quelques Princeffes, Liv.IT. & il fe tenoit toujours dans un 17361 très-grand refpect à l'égard de la Princeffe Royale fon Epoufe. On publia en ce tems-là la mort de l'infortuné Schah dépofé, foit qu'elle fut naturellement arrivée alors, ou qu'elle fur, comme on l'a crû, l'effet d'un poifon lent qu'on lui avoit donné en le renfermant; le Régent fit tranfporter fon corps avec pompe dans le tombeau des Rois & lui fit de magnifiques obféques. Le jeune Schah Abbas III. étoit d'une complexion extrêmement délicate, & fort maladif; Kouli-Kan prenoit à l'extérieur tous les foins imaginables de la fanté du Roi: cependant il mourut & fes obfé ques fuivirent de près celle de fon Pere: Voilà donc ce moment tant défiré par l'ambitieux Régent & la circonstance la plus favorat Ala Liv.III. ble qu'il pût défirer pour parve nir à fes fins, d'autant mieux 1736. qu'elle arrivoit précisément à la fuite de ces victoires qui remplif foient tout le monde d'admiration pour lui, dans un tems où l'Ennemi de la Perfe trop humilié de fes dernieres pertes ne fongeoit qu'à obtenir la paix de fon Vainqueur. Auffi-tôt après la mort du jeune Roi, Kouli-Kan convoqua les Etats Généraux du Royaume, auxquels fe rendirent tous les Grands, les Miniftres & les principaux Officiers de l'Armée. Une relation dit que cette Afsemblée se tint à Mougham Tchoéls éloigné de quatre ou cinq journées de Tauris: il ne paroît guéres vraisemblable que Kouli-Kan eut voulu tenir les Etats du Royau me à cent cinquante lieues de la Capitale. L'Hiftorien Hollandois les fait tenir dans le Palais même des Rois à Ifpahan. Suivant un autre Mémoire ce fut dans la Liv.III. Maison Royale de Farabath dont 1736, nous avons parlé ailleurs, à une lieue de la Capitale. Comme cette Affemblée devoit être des plus nombreuses, il fit faire dans les jardins de Farabath une tente fu perbe de foixante & dix toifes de long, foutenue de trois rangs de colonnes, chaque rang étoit de quatorze colonnes pofées à cinq toifes de diftance de l'une à l'autre,& leur hauteur étoit de quinze vingt pieds; les dehors étoient couverts d'écarlate, & l'intérieur étoit orné de tentures des plus riches étoffes de Perfe. Au fond de cette vafte Salle fut placé un magnifique trône fort exhauffé & furmonté d'un Pavillon de velours cramoifi à fond d'or. Aucun de ceux qui devoient avoir rang aux Etats, ne manqua de s'y rendre hors le Prince de |