qui blâment fa partialité, alleguent principalement AN. 1556. contre lui l'autorité de Charles V. qui difoit, que cet hiftorien avoit publié beaucoup de fauffetez, en faifant mention de lui. Les autres affurent que cet empereur traitoit Sleïdan d'hiftorien fidele & exact, & qu'il prenoit beaucoup de plaifir à le lire, comme les memoires de Philippe de Comines. Cet auteur ne furvécut pas long tems à la demisfion de ce prince. Il mourut de pefte à Strasbourg fur la fin du mois d'Octobre de cette année 1556. âgé de cinquante & un an. Il étoit né au commen◄ cement de l'an 1506. dans le village de Sleïde proche Cologne, de fi bas lieu, qu'on ignore le nom de fon pere, auffi-bien que la raison pour laquelle il prit le nom du lieu de fa naiffance. En 1517. il vint en France, n'ayant alors que douze ans, & demeura long-tems dans la maifon de du Bellay, danslaquelle il pafla toute fa jeuneffe, s'étant attaché aux trois illuftres freres de cette famille, Langey, le cardinal, & le capitaine Martin, avec lefquels il étudia, portant leurs livres au college. Son peu de fanté qui mettoit hors d'état de les accompagner dans leurs ambaffades, & les punitions qu'on faifoit en France de ceux qui étoient fufpects du Lutheranisme, l'obligerent de fe retirer en Allemagne. Il vint à Strasbourg, où fon ami Sturmius qui l'aida beaucoup dans la compofition de fon hiftoire, lui procura un établissement avantageux. Cette ville avoit reçu la doctrine de Zuingle, que Sleïdan embraffa. Il fut chargé en 1545. par les Proteftans d'une ambassade vers le roi d'Angleterre, & fut envoyé au concile de Trente, comme on a dit ailleurs. Il acquit beaucoup coup de réputation dans fon parti; mais il n'étoit Zuinglien que par complaifance pour ceux de Stras- AN. 1556. bourg. Il fe rendit Lutherien avec eux & mourut dans cette fecte. Outre fon hiftoire, il a traduit en Latin Claude Seyffel de la république des François, & des devoirs des rois. Il a auffi abregé & mis en Latin l'histoire de Froffart, & le livre de Platon, de la république & des loix. Enfin on a de lui un ouvrage des quatre monarchies, de Babylone, de Perfe, de Grece & de Rome. XLVIII. Mort du cardi nal Jean Pogge. Ciaconius. in P.778, Aubery bift. des Andr Victorel.in in Ital. facr. La cour Romaine perdit cette année quatre cardinaux: le premier étoit Jean Pogge de Boulogne en Italie,fils de Chriftophle, fecretaire de Jean Bentivo- vit. Pont. tom. 3. glio, & de Françoife, native de Mantouë. Il nâquit dans le mois de Janvier 1493. & fes parens le ma- cardin. rierent dans un âge peu avancé : mais ayant perdu addit. Giacon. fa femme, dont il avoit eu quelques enfans, il fe fit Ferdinand. Ughel ecclesiastique, & vint à Rome, où il fut d'abord protonotaire & tréforier apoftolique. Ensuite le pape Paul III. l'envoya en qualité de nonce en Espagne auprès de l'empereur Charles V. où il demeura plufieurs années avec honneur. En 1544. il passa d'Espagne en Allemagne, & fe rendit à Bonn proche de Cologne, pour empêcher le Lutheranisme de s'introduire dans cette ville. Jules III. le renvoya ensuite en Espagne ; & pour récompenfer fes grands travaux en faveur de la religion, il le fit évêque de Tropea, & cardinal en 1551. fous le titre de SainteAnaftafie, à la recommandation de Charles V. qui l'honoroit de fon eftime. Etant revenu en Italie pour recevoir le bonnet de la main du pape, il alla réfider à Boulogne sa patrie, où il fit bâtir un fuperbe Tome XXXI. S palais, & fonda une chapelle fous le titre de Saint AN. 1556. Jean-Baptifte, dans l'église des religieux Augustins, où il fut enterré, étant mort dans cette même ville le douzième de Février 1556. la premiere année du pontificat de Paul IV. Le fecond fut Louis de Bourbon, du sang roïal de France, le troifiéme ou quatrième fils de François dernier comte de Vendôme, qui avoit accompagné Charles VIII. dans l'expedition de Naples, & qui mourut à Verceil après la bataille de Fornouë, & de Marie de Luxembourg comteffe de Saint Paul, qu'on appelloit la mere des pauvres & des religieux, & qui demeura veuve cinquante & un an. Louis étoit né le deuxième de Janvier de l'an 1493. dans la ville de Ham en Picardie: Louis de Bourbon prince de la Roche-fur-Yon le tint fur les fonts de baptême ; & n'étant encore qu'enfant, le cardinal d'Amboife lui donna la tonfure: on le mit ensuite au college de Navarre, où il fit fes études, & prit le bonnet de docteur. Il fut d'abord évêque de Laon, n'ayant pas encore atteint l'âge de dix-huit ans, & fucceda à Charles de Luxembourg fon grand oncle. Il eut l'administration de beaucoup d'autres évêchez en France, de ceux de Troyes, de Luçon, du Mans. Il eut les abbayes de faint Corneille de Compiegne, de fainte Marie des Colombes, diocéfe de Chartres, de faint Denys de Paris, de faint Leonard de Ferrieres, de faint Faron de Meaux, de faint Amand, & de faint Serge d'Angers. Enfin il fut nommé cardinal par Leon X. à vingt-quatre ans en 1517. & reçur le bonnet dans le monaftere de faint Vincent de Laon, après quoi il fit son entrée dans a cette ville, accompagné de l'archevêque de Reims, & des évêques de Châlons, de Soiffons, d'Amiens, de Beauvais & de Noyon. Après la mort du cardinal du Prat archevêque de Sens, il lui fucceda en 1536. Il fit la cérémonie du mariage de Marguerite de Valois, fille de François I. avec Jacques roi d'Ecoffe, dans l'églife de Notre-Dame de Paris. Il fut parrain de François fils aîné de Henry II. en 1546. L'année fuivante il célebra les funerailles de François I. dans l'église de faint Denys en France, où il couronna Catherine de Medicis reine de France en 1549. Il fut légat du faint fiége dans le duché de Savoye; & après avoir rempli beaucoup d'autres fonctions auffi importantes, il mourut à Paris dans fon hôtel de Bourbon le onzième de Mars 1556. âgé de foixante-trois ans. Pierre Gemella, habile prédicateur de ce tems-là fit fon oraison funebre. : AN. 1556. L. Ciacon. ut fup. tom. 3. p. 675. Anar.Victorelin addit.adCiacon. Paul. Jove in elog facra. Le troifiéme fut Michel Silvius, Portugais de la noble famille des comtes de Portalegre dans fa nal Sylvius. jeunesse il s'appliqua à la poëfie, & aux belles lettres, & il fit affez de progrès, mais dégoûté de ces occupations, il en chercha de plus folides : Il fit une étude particuliere de la langue latine,& y devint ha- ughel. in Italid bile. Emmanuel & Jean III. rois de Portugal l'appellerent à leur cour, & l'envoyerent en ambaflade auprès des papes Leon X. Adrien VI. & Clement VII. Il fut pourvû par Jean III. de l'évêché de Bisonto: mais ayant dans la fuite encouru la difgrace de ce prince, il fe retira à Rome, où Paul III. le mit au nombre des cardinaux dans la promotion qu'il fit en 1541. ou en 1539. Il étoit alors nonce à Venise, où il apprit que le pape lui avoit conferé cette dignité sous le titre des douze apôtres, à la AN. 1556. priere du roi de Portugal avec lequel il s'étoit réconcilié. Quelques mois après, le pape l'envoya en Efpagne auprès de Charles V. pour menager la paix entre ce prince & le roi de France ; & s'étant acquitté de cette légation, il eût l'évêché de Massa en Toscane, & fut nommé légat de la Marche d'Ancone, enfuite de Boulogne; & revint mourir à Rome dans le mois de Juin 1556. après s'être demis de fon évêché de Bifonto, en faveur du cardinal Farnése. Il a laiffé quelques piéces de poëfie de fa compofition. LI. Mort du cardi nal Acuaviva tom. 3. p. 679. Ciacon. ut fup LII. Mort de Jean De Thou, l. 17. Andr. Schottus, ་ Le quatriéme fut Jean Vincent Aquaviva, fils d'André Matthieu d'Aquaviva d'Arragon III. du nom duc d'Atri, prince de Teramo, marquis de Bitonte, & d'Ifabelle Piccolomini d'Arragon, fille d'Antoine duc d'Amalfi. Jean Vincent fut d'abord capitaine du château Saint-Ange, il eut enfuite l'évêché de Melfes. Enfin Paul III. le mit au nombre des cardinaux, dans la promotion qu'il fit le trenteuniéme jour de Mai 1542. & lui donna le titre de faint Silveftre, & faint Martin aux Monts. Il gouverna fon église avec beaucoup de foin & d'édification, jufqu'à fa mort qui arriva le 2. d'Aout 1556. ,, Jean Gelida Efpagnol habile philofophe, &affez bon humaniste mourut auffi cette année. Il étoit né à Valence, & ayant étudié la philofophie dans Nicol. Anton. >> fon pays fous des maîtres ignorans, il vint à Paris, in Bibliot. Hif-,, dont l'université étoit déja la plus célebre de toute Le Mire de fcript.,, la terre : comme il avoit l'efprit excellent, loin facul.xv1. de s'amufer aux queftions inutiles qu'on traitoit dans les écoles, il chercha une fcience plus foli pan. |