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l'archevêque à cheval traverfa les rues de Londres, AN. 1556. & alla fe rendre à l'église de l'Arc, où les évêques de Worcester & d'Ely le revêtirent du Pallium; aufsiτότ que la meffe eût été célébrée par le premier de ces deux prélats. Enfuite Polus monta en chaire & prêcha.

LXX. Rétabliffement

des anciens monafteres, & fon

dation de nou

veaux.

Tout le refte de cette année 1556. fut employé en Angleterre à relever les anciens monafteres. La reine rétablit celui des religieufes de Sion proche de Brainford, de l'ordre de fainte Brigitte, une des premieres communautez qu'Henry VIII.eut fupprimées. Elle fit auffi bâtir deux couvens à Londres, l'un de Dominiquains, l'autre de Cordeliers. Elle fonda encore un monaftere de Chartreux à Shéen, près de la ville de Richemont, voulant témoigner par-là fa reconnoiffance à un ordre qui avoit beaucoup souffert pour les interêts de fa mere. Elle fupprima le doyenné & la cathédrale de Westmunster, & les changea en une abbaye qu'elle donna à Fecknam doyen de faint Paul. La cérémonie de fon installation & de celle de quatorze religieux fe fit le vingt-uniéme de Novembre: mais dès le vingt-troifiéme de Septembre elle avoit ordonné que l'on payeroit certaines pensions aux chanoines de Weftmunfter, jufqu'à ce qu'ils fuffent pourvûs. Elle donna auffi à Bonner & à quelques autres la commiffion d'ôter des registres publics tout ce qui s'étoit fait sous regne d'Henry VIII. contre les religieux & contre pape, & particulierement les relations des vifites des monasteres, fi remplies de calomnies & de faits controuvez, & les renonciations des religieux à l'autorité du fouverain pontife.

le

le

a

LXXI. L'on fait dé

terrer les herequi on fait le De Thou. in bist.

tiques morts, à

procès.

lib. 17. hoc ann.

Dans la même année on déterra les corps de Bucer & de Fagius, qui avoient répandu une doctrine AN. 1556. pernicieufe dans le royaume, & avoient perverti beaucoup de monde: mais afin d'agir felon les formes de la justice; on préfenta une requête, l'on fit ajourner les morts, une & deux fois, & l'on produifit contre eux des témoins. Enfin, parce qu'il ne comparut perfonne qui osât entreprendre leur défenfe, ils furent condamnez par contumace : & au jour qu'on les avoit affignez devant l'université après que l'évêque de Chefter eut excusé la séverité de ce jugement, & qu'il eut dit qu'il n'étoit pas juste que l'efprit des foibles fut plus long-tems inquiété, pour n'avoir pas expié un facrilege, l'on prononça la fentence, & l'on ordonna que leurs corps feroient déterrez & mis entre les mains d'un juge royal, parce qu'il n'étoit pas permis à des prêtres d'impofer une peine, où il y avoit effufion de fang. Les corps de ces deux hérétiques furent donc exhumez le feiziéme de Février. L'on planta un poteau dans la place, avec beaucoup de bois qu'on y mit, & fur lequel on plaça ces corps enfermez dans leurs bieres. L'on jetta auffi dans le feu beaucoup de livres de Proteftans. Quelque tems après Brocks évêque de Glocefter traita de même à Oxford le corps de la femme de Pierre Martyr, morte depuis quatre ans, & enterrée dans l'églife de Chrift. Le cadavre ayant été déterré fut porté chez le doyen de cette églife, & jetté fur un fumier. Mais cinq ans après, fous le regne d'Elifabeth, on réhabilita leur memoire, par un decret de l'univerfité de Cambridge, & on leur reftitua les titres d'honneur qu'on leur avoit ôtez.

AN. 1556.

LXXII.

Edit du roi

de France con

tre les mariages clandeftins.

De Thou. hift.

l. 19. n. 7.

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En France le roi Henry II. donna cette année le premier édit qui ait été donné dans ce royaume pour défendre aux enfans de famille au deffous de vingtcinq ou de trente ans, de fe marier fans le confentement de leurs peres & meres. Voici le terme de cet édit. "Avons dit, ftatué & ordonné, disons, ftatuons, & ordonnons par édit, loi, ftatut & ordonnance perpetuelle & irrévocable, que les enfans de famille ayant contracté, & qui contracte,, ront ci-après mariages clandeftins, contre le gré, vouloir & confentement, & au deçû de leurs pe,, res & meres,puiffent pour telle irréverence & ingratitude, mépris & contemnement de leur fufdits peres & meres, tranfgreffions de la loi & commandemens de Dieu, & offense contre le droit de l'honnêteté publique, inféparable d'avec l'utilité, être par leurfdits & meres, & chacun d'eux peres exheredez & exclus de leur fucceffion, fans efpe,, rance de pouvoir quereller l'exheredation, qui ainfi aura été faite, &c. Dans la fuite il eft permis ,, aux peres & meres de révoquer toutes les donations qu'ils auroient pû avoir faites en faveur de leurs enfans devant tels mariages; & enfin il ajoûte, que tout ce qui auroit été ftipulé par lefdits enfans dans le contrat de mariage, felon les coû,, tumes & les loix du royaume, foit annullé & fans effet. Voici ce qui donna occafion à cet édit. Jeanne de Halluyn, demoiselle de Pienne, fille occafion à cet d'honneur de la reine Catherine de Medicis, fut tellement aimée de François de Montmorency, fils aîné du connétable Anne, qu'il lui fit une promeffe de mariage, fans en rien dire ni à fon pere ni à sa

LXXIII.

Ce qui donna

édit.

Le Laboureur addit aux mem.

de Castelnau. t. 2. pag. 419.

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mere, tant il craignoit qu'ils ne s'oppofaffent à fon deffein. Peut-être y auroient-ils pû confentir, fans AN. 1556. une raifon d'interét qui les arrêtoit : c'eft qu'Henry II. vouloit que Diane fa fille naturelle, veuve d'un Farnefe duc de Caftro, épousât François de Montmorency; & cette alliance flattoit trop l'ambition du connétable, pour lui permettre de fouffrir que l'engagement de fon fils aîné subsistât. Il mit tout en œuvre pour le faire rompre, & se trouvant tout puissant auprès de Henry II. il porta ce prince à employer tous les moyens imaginables pour faire déclarer nulle la promeffe que la demoiselle de Pienne pouvoit alleguer. Le roi y donna volontiers les mains; car il ne pouvoit rien refufer à son favori, & il envoya à Rome François de Montmorency luimême, pour y folliciter en perfonne la difpenfe dont il pouvoit avoir besoin. François trouva auprès du pape plus de difficultez qu'il n'avoit cru. Paul IV. qui avoit deffein de marier Diane à un de fes neveux qui étoit Italien, le remit de consistoire en consistoire, esperant de l'engager par ces lenteurs à renoüer avec la demoiselle de Pienne, ou plûtôt, à ne pas rompre avec elle, l'alliance qui étoit déja jurée. Enfin, n'ayant plus de prétexte à alleguer, il chercha encore à differer, en indiquant une congrégation, composée de cardinaux & autres prélats, & de théologiens canoniftes ; & il promit à François de Montmorency que fon affaire feroit abfolument décidée dans cette congrégation. Elle le fut en effet, mais en faveur du fieur de Montmorency: ce qui irrita fi fort le pape, que les cardinaux fe retirerent très-mécontens. Cependant Paul IV.

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qui ne s'étoit pas attendu à cette décision, ne voulut pas acquiefcer à ce jugement: on lui préfenta l'acte, par lequel la demoiselle de Pienne renonçoit à fes prétentions; on recouvra le double d'une dispense, qu'il avoit accordée en pareil cas: mais ce pape s'opiniâtrant toûjours dans fon refus, le roi fut obligé de récourir à d'autres expediens. Il publia l'édit dont on vient de parler, qui déclaroit nuls les mariages clandeftins Il fit mettre la demoiselle de Pienne dans le couvent des Filles Dieu de Paris, où elle donna son défiftement. Enfin en vertu de l'édit dont on vient de parler, on ne s'embarrassa plus des refus du pape, & malgré fa colere, on fit le mariage de François de Montmorency avec la fille de Henry II. Les nôces en furent célébrées à VilliersCotterêts, au mois de Mai 1557.

:

Les troubles qui arriverent en Tranfylvanie dans cette année, par le refus que faifoit le roi Ferdinand d'obferver les traitez, reveillerent les Turcs accoûtumez à profiter des difcordes des autres. Ils fe jetterent dans la Hongrie, où ils n'étoient point venus depuis trois ans, à caufe de la guerre de Perse, qui les avoit occupez. On fe plaignit que les Heiduques, gens accoûtumez aux brigandages, faifoient des courfes aux environs de Sigeth, de Babocza, & du voifinage de Cinq-Eglifes, & fouvent pilloient leurs vaiffeaux. Ferdinand les laiffoit faire, dans la crainte qu'ils n'abandonnaffent fon parti, parce qu'ils le fervoient fans folde & fans engagement. Solyman envoya donc en Hongrie le bacha Thuigon avec une armée de deux cens mille hommes, qui s'empara en 1555. de Babocza, & vint attaquer Sigeth. Mais un

boulet

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