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boulet de canon qui paffa au travers de fa tente, l'obligea de fe retirer, comme s'il eut voulu lever le AN. 1556. fiége; enforte que ceux de la garnison encouragez par cette feinte retraite, firent une fortie, & tuerent environ trois cens de fes foldats. Le bacha irrité de cette infulte,voulut faire approcher fon canon; mais étonné de la valeur des affiégez, qui étoient résolus de fe défendre jufqu'à l'extrémité; & voyant qu'on alloit entrer dans l'hyver, il fe retira entierement.

Mais au commencement du printems de l'année 1556. Solyman ayant fait venir de Perfe le bacha Hali Albanois, l'envoya en Hongrie, avec ordre de ne point entrer dans Bude capitale du royaume, qu'il n'eut pris auparavant Sigeth. C'eft une place très-forte de la baffe Hongrie, dans les marais du fleuve Alme, avec une fortereffe entourée de trois foffez & de trois murailles bien fortifiées. Marc Hortwath commandoit dans cette place, dont la garnifon étoit compofée de deux mille hommes d'infanterie, & de près de deux cens cavaliers, trèsréfolus de fouffrir toutes fortes d'extrémitez pour la liberté de leur pays. Les affiégez foûtinrent vigoureufement cinq affauts, avant que d'abandonner la ville, pour se retirer dans la citadelle. Les Turcs y étant entrez, planterent leurs enseignes, & environnerent le foffé. Mais la garnifon foutenue des habitans, fe jetta par un endroit caché fur les infideles, & les furprit fi à propos, qu'après les avoir repouffez avec perte d'environ cent hommes, les asfiégez reprirent la ville, & s'y fortifierent. L'on coupa la tête à vingt-neuf des principaux de ceux qui avoient été tuez, & on les expofa fur les crenaux

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LXXV
Ils font le fié-

de Sigeth. ut fup. contin. de vie desolyman .pag. 66.

DeThou. ibid.

Chalcondyle.liv.

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LXXVII.

lls font con

des murs de la citadelle pour intimider l'ennemi.
Le lendemain Hali peu touché de la perte qu'il
venoit de faire, battit la ville avec quatre pieces de
canon, & fit travailler fes foldats à combler le foffé,
pour faire une levée vis-à-vis de la citadelle : mais
les affiégez s'y étant oppofez, il y eut une action af-
fez vigoureuse, où plus de fept cens des infideles de-
meurerent fur la place. Hali voyant que la force ne
lui réüffiffoit pas, eut recours à l'artifice, qui n'eut
pas un plus heureux fuccès. Il exhorta les affiégez de
fe rendre, il leur fit des promeffes magnifiques. Tout
fut inutile: ce qui le détermina à dreffer fes batteries
avec lesquelles il commença à battre la citadelle le
deuxième de Juillet, & continua durant cinq jours
avec tant furie, que les affiégez défefperant de leur
falut, envoyerent demander du fecours à Ferdinand.
Dans cet intervalle, ayant abbattu avec leur canon
la batterie pofée devant la citadelle, ils firent une
fortie, & mirent le feu au bois dont les Turcs avoient
comblé le foffé. Depuis ce tems-là, on ne fit plus
la guerre qu'à coups d'arquebuse & de canon, juf-
qu'au vingt-uniéme de Juillet, qu'Hali voyant qu'il
ne pouvoit les reduire, fit mener fon artillerie de
nuit vers les Cinq-Eglifes, fous prétexte du siége de
Babocza. Il y eut un grand combat, & une défaite
prefque entiere des Turcs, après laquelle le bacha ne
laiffa pas de rétourner au fiège de Sigeth, d'où il fut
auffi-tôt repouffé par les affiégez dans une fortie.

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Quelques jours après il y eut un affaut général, où traints de lever l'on fe battit pendant huit heures, fans qu'on pût Contin. de Chai- obliger les affiégez de fe rendre,& de quitter la ville: cond, liv. 14. no de forte que le bacha défefperant de les foûmettre,

48. pag.629.

leva le siege comme en fuïant le vingt-neuviéme de Juillet, non fans verfer des larmes, fuivant le rapport des historiens, ayant envoyé devant aux CinqEglifes tout fon canon. L'on écrit que les Turcs perdirent dans cette expedition deux mille hommes,& que les affiégez qui n'en avoient perdu que cent feize, ramafferent plus de deux mille boulets, qui leur fervirent dans la fuite. Hali voulant rétablir fa réputation avant fa retraite, fit brûler en partie, & en partie raser Baboczą, faint Martin, Ġeresgal, Salye, faint Lorinz, & Kalmanchze. Mais Ferdinand aïant envoyé fon fils Maximilien archiduc au fecours des affiégez avec Sforce Pallavicin, & une bonne cavalerie, arrêta une partie de ces violences, & vint mettre le fiége devant Karoth, place forte, éloignée de trois milles de Babocza, qu'il prit au premier affaut : ses foldats firent dans ce fiége un fi grand maffacre, que de fix cens Turcs qu'ils y trouverent, n'y en eut que deux qui furent faits prifonniers, tous les autres ayant été tuez.Pour Hali, ayant perdu à fon retour dans des embuscades & par les courfes des Hongrois la meilleure partie de fon armée, il s'en alla à Bude, abbattu, découragé & fans gloire; & ce grand capitaine, qui avoit d'abord fait concevoir de lui une fi haute opinion, y mourut bien-tôt, confus d'avoir si mal réüffi dans cette expedition.

il

Le pape & les Caraffes, après avoir attendu longtems,& avec affez d'impatience le duc de Guife, qui conduifoit une puiflante armée,aprirent enfin aumois de Janvier 1557. que ce duc venoit d'arriver en Piémont, & qu'il avoit avec lui plus de vingt mille hommes, qui consistoient en cinq cens hommes d'armes,

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Raynald. ad.

quinze cens de cavalerie légere, cinq mille Suiffes, AN. 1556. quatre mille Grifons, & fept mille fantaffins Franhunc ann.n. s. çois, avec quelques enseignes Italiennes, & beaucoup de volontaires. Ses principaux officiers étoient Jacques de Savoye duc de Nemours, qui commandoit l'infanterie Françoise, René duc d'Elbeuf, frere du duc de Guife à la tête des Suiffes, François de Cléves, François de Vendôme,vidame de Chartres, Claude de la Châtre, fort jeune alors, Gaspard fon frere comte de Nançay, Philibert de Marfilly Cipiere, Gafpard de Saulx-Tavannes, & Boniface de la Motte. Ces trois derniers étoient Meftres de Camp. Le duc de Guise étant parti de Turin, arriva avec la plus grande partie de les troupes à Truerro, entre Verceil & Trino, & paffa le Pô auprès de Casal. Enfuite l'on demanda paffage aux habitans de Valence ou Valonza, ville du Milanez; & fur leur refus, qui parut accompagné de trop de fierté & de hauteur, l'on canonnà la ville,qui fut emportée d'abord le vingtiéme de Janvier. La citadelle se rendit bien-tôt après. L'on en fit fortir les foldats, après qu'on les eut défarmez, & l'on rafa les murailles de la place, fans toucher toutefois à la citadelle, suivant la volonté du pape.

LXXIX. Les François

ut up. lib. 18.

Comme le roi de France prévoyoit avec raison, fe juftifient fur que l'arrivée du duc de Guife en Italie, alloit caufer la rupture de la la rupture de la tréve faite avec Philippe II. il avoit De Thou ibid. donné ordre à Gafpard de Coligny amiral de FranBelcar. loco fup. ce, & gouverneur de Champagne, de se jetter dans pays ennemi. Sur ces ordres il tenta de fe rendre maître de Doüai en Flandres, pendant la nuit du fixiéme de Janvier ; mais ayant manqué fon coup,

sit.

le

il alla à Lents, entre Lifle & Arras, prit cette ville, la pilla, & y mit le feu. C'en fut affez pour engager les Imperiaux à publier que les François avoient rompu la tréve: ceux-ci pour se justifier, prétendirent que la guerre que Philippe avoit entreprise contre le pape les avoit engagé à prendre les armes, & publierent là-dessus un manifeste, compose par Charles de Marillac archevêque de Vienne, dans lequel on faifoit voir qu'on n'agiffoit que par droit de reprefaille: qu'avant que d'accorder la liberté à la Mark-Sedan, maréchal de France, fait prifonnier, on lui avoit donné du poison, dont il étoit mort en arrivant chez lui. Qu'on avoit tâché de furprendre

Metz par le moyen des Cordeliers, gagnez par le

duc de Savoye & le gouverneur de Luxembourg. Que Barlemont intendant des Finances avoit tramé quelque confpiration pour furprendre Bourdeaux. Que depuis peu l'on avoit pris auprès de la Fere en Vermandois, Jacques de Flectias habile ingenieur, qui ayant été mis à la queftion, avoit confeffé que le duc de Savoye lui avoit donné de l'argent, & l'avoit envoyé vifiter les places fortifiées de la frontiere, Montreuil, faint Quentin, Dourlens & Mézieres.

a

Le bruit de l'entreprise fur Doüai, & du pillage de Lentz n'étant pas encore répandu, lorfque l'armée du duc de Guife s'empara de Valence, le cardinal de Trente gouverneur du Milanez, envoya vers ce duc pour lui redemander cette ville, comme ayant été prise pendant la tréve. Le duc lui fit répondre que la tréve avoit été rompuë par les Imperiaux ; que d'ailleurs les troupes qu'il commandoit étoient au pape&non pas au roi,& qu'il avoit été per

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