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quelle appartiennent ces biens, & l'autre fera mife AN. 1555 entre les mains du métropolitain ou de l'évêque, qui la fera porter dans fa visite, pour punir ceux qui y auront contrevenu. On ordonne encore l'obfervation des ordonnances d'Othon & d'Cthoboni, qui avoient été autrefois légats en Angleterre, défendre de donner à loyer les dignitez, décanats, archidiaconez, ou tout revenu provenant de l'exercice de la jurisdiction fpirituelle.

pour

Le onziéme ordonne d'élever dans chaque église cathédrale un certain nombre de jeunes clercs dont on puiffe tirer des fujets, pour remplir dignement les benefices du diocéfe. Le deffein du cardinal Polus étoit de fonder dans chaque ville épifcopale un Seminaire pour les befoins du diocéfe. Il entendoit que ces Seminaires fuffent diftribuez fous deux claffes: Que dans l'une on enseignât le Latin à la jeuneffe; que l'autre fûr compofé de personnes qui ayent fait déja quelque progrès dans l'étude,& aïant reçû les quatre ordres mineurs,fuffent appliquez à l'étude de la philosophie & de la théologie, & élevez dans l'amour & dans la pratique de la vertu, jufqu'à ce qu'ils euffent la capacité néceffaire pour 'deffervir quelque églife, & poffeder quelque benefice. On se propofoit de prendre pour l'entretien de ces Seminaires, le quatriéme denier des revenus du clergé; & l'évêque conjointement avec le doyen & le chapitre, devoient prendre foin de ces maisons.

Le douzième regardoit l'ordre & la maniere de faire les vifites de chaque diocéfe, pour corriger les vices, retrancher les abus, regler les mœurs, & rétablir la force & l'usage des loix ecclefiaftiques. C'est

pourquoi l'on ordonne aux évêques de vifiter tous les trois ans leurs diocéfes par eux-mêmes, s'ils n'en AN. 1555 sont empêchez, ou par d'autres perfonnes pieuses & charitables. On avertit ces vifiteurs de ne fe faire

accompagner que de ceux qui leur feront abfolument néceffaires, de fe contenter d'une nourriture commune, & d'expedier leurs vifites le plus promptement qu'ils pourront, pour éviter les dépenfes inu. tiles. Ils commenceront par la ville principale, & parcoureront enfuite le diocéfe. Dans la ville, ils vifiteront d'abord la cathédrale, enfuite les collegiales, les paroiffes, les écoles, les bibliotheques & les hôpitaux. Ils prêcheront & adminiftreront le facrement de Confirmation. Ils s'informeront des mœurs du clergé, & corrigeront ceux dont la vie n'eft pas reglée. Ils abfoudront des cas réfervez, & rempliront tous les devoirs marquez dans ce decret. Tous ces canons ne furent achevez, approuvez & publiez que le dixième de Février 1556.

On voit dans tout ce qu'on vient de rapporter, quels étoient les deffeins du cardinal Polus dans la réformation de l'églife d'Angleterre. En preffant le clergé de fe reformer lui-même, il l'afluroit que rien ne feroit capable de lui résister, s'il menoit une vie pieufe & réguliere. Il difoit là-deffus, que comme la plupart des gens plongez dans une ignorance groffiere, ou trop occupez des affaires temporelles, font. d'une opinion plûtôt que d'une autre fur des préjugez généraux, & fans avoir approfondi les matieres.. de théologie, c'eft fort fouvent la conduite scandaleufe des ecclefiaftiques, ou leur pieté qui détermine le monde à détester un parti & à fuivre l'autre. C'eft

XXXIV.
Deffeins du

cardinal Polus
pola refor
glife.

pour
mation de l'é❤

AN. ISSS.

XXXV.
On inftruit le

mer Archevê

bery.

en ce fens-là que le menfonge & les erreurs peuvent à l'abri d'une aparence de probité,avoir l'avantage fur la verité même. Toutes les vûës alloient ainsi à refor- · mer les gens d'églife, à leur prescrire des regles certaines pour la conduite de leur vie,& à retrancher ce qu'il y avoit de fcandaleux dans leur conduite.Il voufoit entr'autres chofes les obliger à la réfidence, & abolir la pluralité des benefices. Il fe propofoit encore de reduire les évêques à ne conferer les ordres facrez qu'après un examen suffisant, & à donner les bencfices au feul merite, fans fe laiffer entraîner par des vûës toutes humaines. La réfolution qu'il prit de fonder des Seminaires, marque qu'il fçavoit le veritable moyen de rétablir une église infectée du venin de l'héréfie. Il eft certain en effet que des perfonnes imbuës dès leur enfance de maximes oppofées à celles du monde, & accoûtumées à une maniere de vie éloignée des mauvais exemples du fiécle, font bien plus propres à exercer les fonctions du ministere évangelique que ceux qui ont vêcu dans les vanitez & au milieu des plaifirs. Ces derniers souvent esclaves de leurs anciennes habitudes, ont bien de la peine à vivre dans la gravité & la regularité que demande leur vocation.

Dans le mois de Septembre on commença à infprocès de Cran- truire le procès du fameux Cranmer archevêque de que de Cantor- Cantorbery. Dès le mois d'Avril de l'année précéBurnet hist. dente 15 54. il avoit été déclaré hérétique. Comme 2. liv. 2. pag. on l'avoit toûjours vû accommoder la religion à celle du roi, on crut aisément qu'il fuivroit celle de Var. t. 1. in 40. la reine, & qu'il ne feroit pas plus de difficulté de dire la meffe, qu'il en avoit fait fous Henry VIII.

de la reform. t.

494.

Boffuet hift, des

Jiv. 7. art.100

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durant

101.pag.439

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durant treize ans, fans y croire. Mais l'engagement AN. 1555. étoittrop grand, & il fe feroit déclaré trop évidemment un homme fans religion, en changeant ainfi à tout vent. On le condamna donc pour crime d'héréfie ; & le douzième de Septembre de cette année, il fut amené devant fes juges, qui étoient Broocks évêque de Glocester, & délegué du pape, Martin & Story, commiffaires de Philippe & de Marie. L'accufation roula fur fes mariages & ses hérésies. On lui reprocha qu'il avoit été marié deux fois, qu'il avoit entretenu fecretement une femme fous le regne de Henry VIII. & ouvertement fous celui d'Edouard VI. qu'il avoit publié divers ouvrages remplis d'héréfies; qu'il avoit combattu la présence réelle de Jefus-Chrift dans l'Euchariftie. Il avoüa les faits qu'on lui imputoit fur fa doctrine & fur fest mariages, & remontra qu'il n'avoit jamais forcé perfonne de figner fes fentimens : ce qu'il avançoit fauffement, comme on l'a vû par l'emprisonnement de Gardiner & de Bonner, par le fupplice de Lambert, d'Anne Afkew, de Jeanne de Kent, & d'autres. Comme la reine deftinoit Polus à être fucceffeur de ce prélat dans l'archevêché de Cantorbery, ce cardinal qui n'étoit que diacre, fut ordonné prêtre fur la fin de cette année; & quatre mois après, il prit poffeffion de cet archevêché, se faisant un fcrupule d'être facré, tant que Cranmer seroit en

vie.

à

XXXVI.
Le

Polus cardina donné prètre Poli.com 3 pag. leidan lib. 26.

C con in vita

63.

de

XXXVII.
Edit du roi

France conont été con

tre ceux qui

En France, le roi Henry II. qui pensoit déja l'expedition de Naples, & qui étoit bien-aife de faire fa cour au nouveau pape, fit un édit contraire à celui qu'il avoit donné quatre ans auparavant, & religion."

Tome XXXI.

G

damnez pour la

Lib. 26.

De Thou. in hift.
Belcar. in com

1.b. 16.n.7.

1.26.n.66.

par lequel il s'étoit refervé la pleine & entiere conAN. 1555. noiffance du crime d'héréfie, à moins que l'accufaS'eidan. in com. tion ne demandât des éclairciffemens, ou qu'il ne s'agit de juger ceux qui étoient ecclefiaftiques. Par l'édit de cette année, au contraire le roi ordonnoit à tous les gouverneurs & officiers de juftice de fon royaume, que ceux qui auroient été convaincus. d'héréfie, & condamnez comme tels par les juges ecclefiaftiques, & commiffaires établis en ce qui concerne la foi, fuffent auffi tôt punis fans aucun retar dement, felon la grandeur de leur faute, & fans aucune appellation. Le cardinal de Lorraine se chargea lui-même de propofer cet édit au parlement,afin qu'a près qu'on l'auroit enteriné,fuivant la coûtume, il fût publie & mis à exécution. Il y vint lui-même, il appuya fa demande de beaucoup de raisons. Mais les confeillers étonnez d'une telle propofition, dont on n'avoit point d'exemples, qu'on ôtât la voye d'appel dans de pareilles causes, demanda du tems pour en déliberer, & députerent quelques-uns d'entr'eux: pour aller faire au roi leurs très-humbles remon

XXXVIII. Remontrances

roi fur cet Edit

lib 26.

De Thou, ut

Supra..

trances.

pu

Ces remontrances furent faites le feizième d'Ocdu parlement au tobre, après le départ des cardinaux de Lorraine & Sleidan. ibid. de Tournon pour Rome. On y rappelloit l'édit blié il y avoit quatre ans, comme contraire à ce dernier. "C'est une chofe établie par les loix du ,, royaume, difoient ces députez, que les rois y ont une entiere & pleine puiflance fur leurs fujets, & », que c'est à eux feulement que les peuples de leur obéïffance doivent demander justice. Et quoiqu'ils. ne jugent pas des affaires fpirituelles, néanmoins

دو

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