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jufqu'à faire chaffer de la ville Calvin même avec fes adherans. Le fecond differend fut beaucoup plus fcandaleux : il survint au fujet de l'explication de ces paroles du chap. 6. de faint Jean `: La chair ne fert de rien, c'est l'efprit qui vivifie, les mêmes dont les Calviniftes abufent fi fouvent. Le miniftre Richer moine apoftat de l'ordre des Carmes, poussant l'impieté plus loin qu'aucun de fa fecte, foûtint opiniâtrement que le Verbe fait chair, ne devoit être ni adoré ni invoqué, contre les paroles de l'écriture, où le Pere éternel ordonne aux anges de l'adorer dès le premier moment de fon entrée dans le monde. Richer lui refufoit cet honneur dans fon Incarnation, & à plus forte raison, lui fembloit - il, dans l'Euchariftie, de quelque maniere qu'on l'y crût. Il n'y apporte,difoit-il, aucune utilité au communiant. La chofe alla fi loin, qu'il fallut renvoyer l'autre miniftre Chartier pour confulter Calvin, lui qui n'avoit établi d'autre regle de décifion que le fens particulier d'un chacun..

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C'est pourquoi le chevalier de Villegagnon, qui avoit du bon fens,& qui étoit d'ailleurs affez inftruit pour confondre le miniftre, conclut qu'il n'y avoit point de fûreté dans fes principes. Il combattit Richer en plein fermon, & depuis dans d'excellens écrits,& se déclara publiquementCatholique avec plufieurs autres. Il n'en fallut pas davantage pour indisposer l'amiral, qui ne lui envoya plus de secours; mais s'étant rendu le plus fort, il chassa les Calviniftes, dont quelques-uns fe hazarderent de repaffer la mer fur un méchant vaiffeau; & ne pou vant plus dans la fuite réfifter aux Portugais & aux Sauvages, il fut contraint d'abandonner fon

AN. 1555

XLVII. toute l'entreprife par fes di

Diffipations de

vifions.
Beze in Icon.

Amer. Crep.

fub. titul. Marte

Act. des Marty

fort & de s'en revenir en France,où il n'arriva qu'en AN. 1555. 1558. & où il écrivit contre le Calvinisme. Il vêcut encore treize ans bon Catholique après fon retour, n'étant mort que le treizième de Mars 1571. dans fa commanderie près de Nemours.

XLIX. Mort. du car.

dinal Veralli. vitis Pontif. cardinal. tom. 3. Pallavic. hift.

Ciaconius in

pag. 735.

conc. Trid. l. 9.c.

3. n. 5. & feq. ap. 16. n. 3.6 lib. 13.c.1. n. 6. ies des card.

& cap. 16.lib.11.

10. Aubery.

Je ne trouve qu'un feul cardinal mort dans cette année, qui fut Jerôme Veralli Romain, fils de JeanBaptifte Veralli, & de Julie, fœur du cardinal Dominique Jacobatius, né en 1500. Après fes études d'humanité, il s'appliqua au droit, dans la connoiffance duquel il fit de grands progrès; & il obtint par fon merite la charge de referendaire de l'une & fautre fignature. Il fut fait évêque de Trivento, de Caferta, & perpetuel adminiftrateur de l'archevêché de Roffano, enfin évêque de Capuccio. Il étoit nonce à Venife fous Paul III. l'an 1536. lorfque les fept premiers compagnons de faint Ignace firent vœu d'une pauvreté volontaire entre fes mains, & en reçurent les ordres facrez. Etant retourné à Rome, le même pape l'envoya en Allemagne auprès du roi Ferdinand, pour fucceder à Jean Moron évêque de Modene, qui fut enfuite cardinal : & quelque tems après il fut internonce auprès de l'empereur Charles V. pour les affaires de la religion,dont il s'acquitta avec tant de zéle & de prudence, que le même fouverain pontife voulut récompenfer fon merite, en l'honorant de la pourpre Romaine dans la douzième promotion qu'il fit le huitième d'Avril 1549. & lui donna le titre de S. Martin aux Monts. Jules III. l'envoya légát en France auprès de Henry II. pour engager ce prince à la paix, & à finir la guerre de Parme & de la Mirandole. Après fon re

tour il changea fon titre en celui de faint Marcel, & eut la charge de prefet de la fignature, dans l'e- AN. 1SSS « xercice de laquelle il mourut à Rome le onzième du mois d'Octobre de l'an 1555. âgé de cinquantecinq ans, & fut enterré dans l'église des Hermites de faint Augustin, avec une épitaphe qu'on y voit encore. Il affifta aux conclaves de Jules III. de Marcel II. & de Paul IV. & l'on voit quelques lettres qu'il écrivit à Pierre Aretin.

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Parmi les auteurs ecclefiaftiques qui moururent dans cette même année, on compte 1o. Ifidore Clarius,né dans un petit château nommé Chiaria ouClario, près de Brefce en Italie l'an 149.5. Dès fon jeune âge il avoit abandonné le monde pour fe'confacrer à Dieu parmi les Religieux de faint Benoît, de la congregation du Mont-Caffin: il y apprit les langues & la théologie, & s'y diftingua par fes rares talens & par fon éloquence en plufieurs occafions, fur-tout, dans la troifiéme feffion du concile de Trente, où il parla avec beaucoup d'érudition fur l'autorité de la version vulgate de l'écriture-sainte. On croit qu'il étoit encore à ce concile, lorfque Paul III. lui donna l'évêché de Foligno en Ombrie, où il se retira auffi-tôt pour y vacquer à fes fonctions, & inftruire fes peuples, autant par fes exemples que par fa parole. Il étoit auparavant abbé de fainte Marie de Cafana ; & l'on trouve dans la cinquième feffion du concile, qu'il y prend la qualité d'abbé de Pontide à Bergame. Après avoir gouverné son églife de Foligno pendant fept à huit ans, avec une vigilance & une affiduité vrayment épifcopale, il y mourut en odeur de fainteté le vingt-huitiéme de

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Mai de cette année 1555. âgé de foixante ans, gé AN.1555. néralement regretté de tout fon peuple, qui accouroit en foule dans fon palais pour voir & baiser son corps, qui fut exposé pendant quarante heures. Il fut enterré dans fon églife, où l'on voit encore aujourd'hui son épitaphe.

LI Ouvrages de

cet Auteur.

Richard. Simon

cien.teftp

Comme cet auteur étoit fort laborieux, & qu'il entendoit parfaitement l'Hébreu & le Grec, il enhift. crit.de l'an- treprit deux ouvrages confiderables fur l'écriturefainte; l'un de réformer la verfion vulgare de toute la Bible; l'autre, de faire des notes litterales fur les endroits qui pouvoient fouffrir quelques difficultez. Ces ouvrages font fçavans, folides & utiles. La premiere édition faite à Venise en 1542. fut mise à l'index au rang des livres défendus, principalement à cause de la maniere dont il avoit parlé de la vulgate dans fa préface. Mais ces défenses furent levées par les députez du concile de Trente pour l'examen des livres, & l'ouvrage d'Ifidore fut permis, à l'exception de la preface & des prolégomenes. Il fut depuis très-bien imprimé à Venise en 1564. Ila traduit le nouveau Teftament en Italien. Quoiqu'il ait écrit avec beaucoup de moderation fur les corrections de la Bible, il affure néanmoins qu'il en a réformé plus de huit mille passages; & il reconnoît qu'il en auroit changé beaucoup davantage, s'il n'avoit pas eu peur de choquer les Catholiques. Ses autres ouvrages font des Scholies fur le Cantique des Cantiques, fur le nouveau Teftament, fur le fermon de Jesus-Chrift fur la montagne, fur l'évangile de faint Luc, deux volumes de Difcours extraordinaires, pour expliquer les principaux endroits de

l'ancien

l'ancien & du nouveau Teftament: deux Difcours de la juftification & de la gloire, prononcez dans le concile de Trente; une Exhortation à la réünion; une autre sur la modération, avec laquelle un Chrétien doit user des richeffes; outre deux Difcours fur le chapitre neuvième de l'épître aux Romains; & trois livres fur le quinziéme chapitre de l'épître aux Corinthiens, qui n'ont point été imprimez. Les lettres de cet auteur ont été données au public en 1705. par Dom Maur Piazzi, abbé du monaftere de Parme.

II. Pierre Lizet, premier préfident au parlement de Paris, né à Clermont en Auvergne, élevé par son seul merite aux premieres dignitez, fut trois ans confeiller au parlement, douze ans avocat du roi, & vingt ans premier prefident. Il s'acquit beaucoup de réputation dans tous ces emplois, fur-tout, dans le procès que Loüife de Savoye mere de François I. fit au connétable de Bourbon, où il parla avec beaucoup d'éloquence pour les droits du roi & de la couronne. Ce ne fut qu'en 1529. que le roi François I. le choifit pour être premier préfident, & il fut obligé de fe démettre de cette charge en 1550. par les artifices du cardinal de Lorraine qui le haïffoit, & qui avoit juré fa perte, parce que ce magistrat avoit fait refuser dans le parlement le titre de prince à ceux de la maifon du cardinal; & ce fut Jean Bertrandi que l'on avoit fait venir depuis peu de Toulouse, qui eut la charge de premier préfident. Cette difgrace abattit le courage & la constance de Lizet. Il eut recours à celui-là même qui étoit l'auteur des révolutions qu'il éprouvoit, & Tome XXXI.

I

AN. 1555

LII..
Mort de Pier-
re Lizet.
La Croix du

Maine Biblioth.

Françcife.
Dupin. Bibl.
des. Aut. eccl. t

16. in. 4. pag. 25.6 suiv. 1.6.adan.1550.

De Thou. hift.

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