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s'abaiffant devant lui d'une maniere affez baffe, il AN. 1555. chercha à exciter fa compaffion, & attirer fur lui sa bienveillance. Il lui reprefenta particulierement qu'il étoit fort pauvre, & lui repeta plufieurs fois dans fon extrême vieilleffe, il n'avoit pas autant de terre que fes pieds en pouvoient couvrir en marchant, & qu'ayant été fi long-tems à Paris avec la premiere charge du palais, il demeuroit encore dans une maison de loüage. Sa foumiffion, & fon air humilié & abattu, toucherent en effet le cardinal, qui. fe démit en fa faveur de l'abbaye de faint Victor de Paris, où Lizet paffa le refte de fes jours, fans rien faire qui répondit à la réputation qu'il s'étoit acquise auparavant. Il y mourut âgé de foixante & douze ans, felon les uns le feptiéme de Juin 1554. felon d'autres en 1557. ou même plus tard; mais la premiere datte eft la veritable. Il avoit pris l'ordre de prêtrife, & il fut enterré dans le choeur de l'églife de faint Victor. Il avoit fondé cinq bourses dans le college de Justice à Paris. Il s'amufa dans fa retraite à compófer quelques ouvrages de théologie & de controverfe, dans lesquels il ne réüffit point, parce qu'il n'étoit pas affez verfé dans la connoiffance de l'écriture, ni dans celle de la tradition.

LIII. Ouvrages de

Du Breil An

dit de 1639.n.4.

Il fit imprimer fes ouvrages en deux tomes à Paris cet Auteur. en 1552. étant pour lors abbé de faint Victor. Ils tiquit. de Paris contiennent neuf traitez,dans le premier defquels il pag. 323. de l'é- découvre les fondemens de la prétendue réforme, qui font de s'en tenir uniquement à l'écriture-fainte. Dans le fecond, il traite de l'autorité de l'église,son unité, indéfectibilité, & vifibilité. Dans le troifiéme, de la primauté de faint Pierre & de fes fucceffeurs,

dont il croit les décisions infaillibles, quand elles sont faites dans un concile général. Le quatrième, est une exhortation aux magiftrats, d'employer tous leurs foins pour exterminer l'héréfie. Le cinquième, eft divifé en fix livres ; de l'obligation des loix ecclefiaftiques ; que la Bible ne doit point être traduite en François, de la confeffion auriculaire; que la profeffion monaftique ne répugne pas à la liberté évangelique, de l'aveuglement de notre fiécle. C'est le fujet des quatre derniers traitez. Un peu après que ces ouvrages eurent paru imprimez à Lyon chez Sebastien Griphe en 1552. après l'édition de Paris, Theodore de Beze, qui étoit encore affez jeune, s'avifa de les tourner en ridicule, par un écrit macaronique tout-à-fait plaifant, où il fuppofe que maître Benedictus Passavantius, envoyé à Geneve par Pier re Lizet, pour fçavoir ce qu'on y difoit de fes ouvrages, lui rend compte de la commiffion. Ce qu'il avance dans fon traité contre les verfions de l'écriture-fainte en langue vulgaire, est tout-à-fait original. Il y dit, que quand la Bible a été traduite en Latin au commencement de l'églife, il y avoit deux fortes de Latin, l'un conforme aux regles de la Grammaire, qui n'étoit entendu que des fçavans; & l'autre, qui n'étoit pas aftreint à ces regles, qui étoit le feul que le peuple entendit; & qu'ainfi la verfion Latine de l'écriture ayant été faite en ce premier Latin, ce n'avoit pas été proprement une verfion en langue vulgaire ; ce que Lizet étend à toutes les autres langues.

III. Georges Agricola Allemand, qui, quoique medecin,écrivit fur quelquesmatieres ecclefiaftiques,

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AN. 1555.

Spond. hoc an.

n. 26.

De Thou hift.

J. 16.
Melchior A

dam. in vita.

étoit né à Glauch ou Glaucha dans laMifnie,le vingtquatriéme de Mars 1494. & eut pour maître à Lipfik Pierre Mofelle, un des plus fçavans hommes de Gefner, Bibliot. fon fiècle. Il fit un voyage en Italie, où il acheva de fe perfectionner fous de très-habiles maîtres. Après fon retour en Allemagne, il pratiqua la meGerman, medic. decine à Joachimstal ville de Mifnie, & s'appliqua fur-tout à la connoiffance des métaux, des mines & des animaux foûterrains, fur lefquels il a écrit differens traitez, qui ont fraïé le chemin aux modernes qui en ont traité depuis lui. Il examina auffi & critiqua les traitez de Guillaume Budé, de Leonard Portius, & d'André Alciat, fur les poids, les mefures, & le prix des métaux, & des monnoyes. Il a laiffé auffi un ouvrage des traditions apoftoliques; un traité de la guerre contre le Turc; un autre des mefures & des poids des Grecz & des Romains. Il témoigna toûjours beaucoup d'averfion pour les opinions nouvelles fur la religion, & mourut en bon Catholique le vingt-uniéme de Novembre 1555. âgé de foixante & un an, à Chemnitz en Miĺnie. Les Lutheriens qu'il avoit combattus avec fuccès, laifferent fon corps pendant cinq jours fans fépulture; mais enfin ils le firent porter à Zeits, où il est enterré. George Fabricius fit son épitaphe, & compofa quelques épigrammes fur fes ouvrages.

LV. Mort de Pierre Gilles.

16.

De Thou lib.

Gefner in Biblioth.

Spond. hoc an.

IV. Pierre Gilles, dit Gillius, natif d'Albi, mourut aussi à Rome dans cette année, âgé de soixante-cinq ans. Il joignoit à une grande connoissance de la langue Grecque & Latine, des anciens auteurs, & des chofes naturelles, une paffion infatigable de voyager, & de voir les pays éloignez. Le

voya

fut pris par

AN. 1555.

roi François I. qui aimoit les gens de lettres, l'endans la Grece & dans l'Afie, pour y chercher les manufcrits qui n'avoient pas encore été imprimez. Après avoir voyagé plus de quarante ans, il les corfaires de Barbarie, & mené en Afrique, d'où il ne fut retiré que par les foins & les liberalitez du cardinal d'Armagnac, grand protecteur des sciences, & qui étoit alors chargé des affaires de la France à Rome. Pierre Gilles eut beaucoup de reconnoiffance pour fon bienfaicteur, & ne jouit pas plutôt de la liberté, qu'il vint le trouver à Rome où il mourut. Il avoit traduit du Grec en Latin les commentaires de Theodoret fur les douze petits Prophetes, & les feize livres de l'histoire des animaux d'Elien. Il avoit deffein de publier des relations de tout ce qu'il avoit observé de plus curieux; mais il ne put donner que les defcriptions du Bofphore de Thrace, & de la ville de Constantinople. Pierre Belon qui écrivoit fous lui, & qui l'accompagna quelque tems dans fes voyages, profita de fes manufcrits, qu'il fit imprimer fous fon propre nom. V. Polydore Virgile d'Urbin en Italie, s'attacha dès fa jeuneffe à l'étude des belles lettres ; & dès l'an lydore Virgile. 1494. il publia un recueil de Proverbes, sujet fur lequel aucun des modernes n'avoit encore travaillé. L'année fuivante il mit au jour fon ouvrage Latin, des Inventeurs des chofes, divifé en huit livres. Depuis il paffa en Angleterre, pour y recevoir le tribut qu'on payoit au faint fiége, & qu'on appelloit le Denier de faint Pierre. Il y fut fait archidiacre de Wels; & en 1526. il fit imprimer à Londres, fon traité des prodiges; mais fon plus grand ouvrage est l'histoire

LVI.
Mort de Po-

Paul. Jove in elog. cap. 145. Voffius lib. 3. de hist. lat.

d'Angleterre, divifée en vingt-fix livres, & qui finit AN. 1555. à la mort de Henry VII. Il la dédia au roi Henry VIII. en 1533. & les Anglois l'ont regardé comme

LVII. Mort de faint

le-neuve.

ann. n. 66.

Baillet vies

des faints.

peu
fidele. Laffé du féjour d'Angleterre, dont le cli-
mat étoit contraire à fa fanté, il en voulut chercher
un plus chaud,& obtint,à ce qu'on prétend,la permif
fion de paffer le refte de fes jours en Italie fon pays.
Le roi lui conferva fes benefices, en confideration
de ce qu'il avoit employé la meilleure partie de fa
vie à écrire l'histoire de la nation. On a tort de met-
tre la mort en 1555. elle est arrivée au plus tard en
1545.& peut être même avant 1540.

VI. Il ne faut pas omettre faint Thomas de VilleThomas de Vil- neuve, né dans un village du diocéfe de Tolede, & Raynald. hoc particulierement diftingué par fon grand zéle fon amour tendre & compâtiffant pour le foulagement des pauvres. Après les études de théologie qu'il fit à Alcala, il en devint profeffeur, entra enfuite dans l'ordre de faint Auguftin âgé de trente ans, & fut choisi par l'empereur Charles V. & Isabelle de Portugal fa femme, pour leur prédicateur ordinaire. Après avoir été fuperieur des maifons de Valladolid, Salamanque, Burgos, & provincial, l'empereur le nomma à l'archevêché de Grenade, qu'il refufa abfolument. Peu de tems après celui de Valence étant venu à vaquer, Charles V. y nomma un religieux de l'ordre de faint Jerôme: mais le fecretaire ayant mis dans le brevet fans y penser, le nom de Thomas, le prince voyant cette méprise, crut que la providence vouloit que le Saint fût évêque; fes fuperieurs l'obligerent de se soumettre,& il obéït. Sa vie dans l'épiscopat fut toute fainte, & fa charité

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