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ACTE II.

SCENE PREMIERE.

HYPERMNESTRE,
PASYTHE' E.

HYPERMNESTRE.

T

Andis que pour former des projets plus certains,

Mon pere avec Arcas concerte fes deffeins,

Attendons : c'eft ici qu'il doit me faire en-. tendre

Ce fecret important que je ne puis compren

dre.

PASYTHE'E.

D'où vient que votre cœur s'abandonne à l'ef

froi,

Madame? Oubliez-vous les fentimens du roi ? Sa tendreffe pour vous lui faifant tout facile... HYPERMNESTRE.

Eh! comment voudrois-tu que je fuffe tranquille?

Quels horribles fermens viennent de me lier Dieux puiffans! & jamais les pourrois-je oublier?..

Trop avant dans mon cœur l'horreur en eft tracée ;

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Un froid faififfement malgré moi m'a glacée ; Et dans le même inftant que ma bouche a parlé,

Sous ma tremblante main l'autel s'eft ébranlé. ' Que penfer, & comment expliquer ce préfage!

Le ciel condamne-t'il le ferment qui m'en

gage,

Ou, pour le confirmer, auroit-il pris le foin

De me faire fentir qu'il s'en rend le témoin ? Ah! fans doute il approuve un zele légitime: Il n'a fait qu'applaudir au transport qui m'anime.

J'obéirai, grands dieux, & fans plus conful

ter,

Une feconde fois j'ofe vous attester.

PASYTHE' E.

Oui, les dieux ont parlé, n'en doutez point, Madame,

Par des fignes certains ils raffurent votre ame; Leur fouverain décret vient de fe déclarer : Suivez... Mais le roi vient, je dois me retirer.

SCENE II

DANAUS, HYPERM

NESTRE,

DANAUS.

MA fille, enfin vos fœurs, par leur obéif

fance,

D'un facile fuccès flattent mon espérance, Et je puis, comme à vous, fur la foi des fer

mens,

Leur ouvrir de mon cœur les fecrets fenti

mens.

Non, ce n'eft point pour vous, que mon ame agirée

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A voulu que des dieux la foi fût attestée:
Au zele de vos fœurs n'ofant me confier,

Par les nœuds les plus forts j'ai voulu les lier, Vous leur deviez l'exemple. Achevez donc, ma fille,

Animez les tranfports de toute ma famille, Frémiffant comme moi des malheurs que je crains

Portez par tout l'ardeur d'accomplir mes deffeins.

S'il faut dans votre cœur appuyer la nature, Peignez-vous les horreurs, compagnes du par

jure;

Songez que tous les dieux garans de votre foi, Du foin de m'obéir vous ont fait une loi.

HYPERMNESTRE.

Seigneur, de mes fermens je ne perds point.

l'idée..

De mouvemens divers mon ame poffedée, Prête à faire éclater l'amour que je vous doi, Afpire également à dégager ma foi.

Ne differez donc plus à terminer ma peine; Quand tout agit pour vous, la défiance eft vaine.

Que faut-il accomplir? par quels heureux ef

forts

Mon amour pourra-t'il fignaler fes transports?

Déja l'espoir m'en flatte, & le défir m'en preffe ;

Bien plus que mes fermens croyez-en ma ten

dreffe.

DANAUS.

Sur de pareils garans je pourrois tout ofer,
Et de mon fort, fur eux, je veux me repofer,
Donnez à votre amour une force nouvelle,
Et fçachez ce qu'un pere attend de votre zele.
Les enfans d'Egyptus, aujourd'hui malgré

moi,

A vos fœurs comme à vous viennent donner leur foi,

Et le choix d'Egyptus vous deftine à Lyncée. Qu'ici votre vertu ne foit point balancée :

Pour prix des fentimens que j'eus toujours

pour vous,

Ma fille, de ma main acceptez cet Epoux:

Mais rompant auffi-tôt des nœuds que je dé-

tefte,

COLL

Faites que cet hymen lui devienne funefte.

HYPERMNESTRE.

Comment ?

DANAUS.

Pour prévenir un complot inhumain,

It lui faut enfoncer un poignard dans le fein.

HYPERMNESTRE.

Dieux ! qu'entens-je ?

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