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qui fouffloit le feu par les narines, & qui ravageoit les états de Minos. Hercule le prit en vie.

L'hiftoire diftingue deux Minos, dont le premier étoit fils de Jupiter, ou plutôt d'Alérius, roi de Crète: c'est le légiflateur. Minos fecond étoit fils du premier & petit fils de Lycafte: c'eft à ce dernier qu'il faut rapporter les tables de Pafishaë, du Minotaure, de Dédale, & de la guerre contre les athéniens. Minos mourut en Sicile, où il étoit a lé à la pourfuite de Dédale. Voyez ANDROGÉE, DÉDALE, MINOTAURE, PASI

PHAE.

cura la liberté de fe voir; il leur prêta même fa maison. Pafiphaë étant accouchée d'un fils, que les auteurs nomment Aftérius ou Afiérion, comme le père en étoit incertain, & qu'on pouvoit croire ce fils de Taurus, auffi bien que de Minos, on l'appella Minautore.

MINOS, roi de Cière. KNOZION, Groffiorum. monté fur un autre bâtiment, ne fût pas le gou

Ses médailles font:

RRRR. en argent.

y voit pour types une tête ceinte d'un diadême, le lab, rinthe au revers.

O. en or.

O. en bronze.

MINOTAURE, monftre au corps d'homme & à tête de taureau, étoit le fruit d'une infâme paffion de Pafiphae pour un taureau blanc. M nos, dit la fable, facrifoit tous les ans à Neptune le plus beau taureau de fes troupeaux. Il s'y en trouva un de fi belle forme, que Minos le voulant fauver, en deftina un autre de moindre valeur pour victime. Neptune en fut fi irrité que pour s'en venger, il infpira à Pafiphaë, femme de Minos, une honteufe paffion pour ce taureau chéri: de-là fuivit la naiffance du minotaure. Mais la plupart des pheres ont attribué cette paffion affreufe de Pafiphaë à la colère de Venus. Minos, pour cacher aux yeux du public un objet qui le couvroit d'infamie lui & fa femme, fit renfermer dans 1. fameux labyrinthe bâti par Dédale, ce montre qu'on nourriffoit de chair humaine.

Les athéniens ayant été vaincus dans la guerre que leur fit Minos, pour la mort de fon fils Androgée, furent condamnés par le traité à envoyer tous les fept ans en Crète, fept jeunes garçons & autant de jeunes filles, pour fervir de páture au monftre. Le tribut fut payé trois fois ; mais à la quatrième, le fort étant tombé fur Théfée, ce héros tua le monftre, & délivra fa patrie d'un fi honteux tribut. Voyez ARIADNE, DEDALE, PASIPHAE, PHEDRE, THESEE.

Servius (fur Virgile) explique ainfi la fable du minotaure : Pafiphaë, femme de Minos II, roi de Crète, avoit pris de l'inclination pour Taurus, que quelques-uns font l'un des fecrétaires de Minos, & d'autres, l'un de fes lieutenans généraux. Dédale favorifa leurs amours; il leur pro

Dédale, complice des amours de la reine, en courut l'indignation de Minos, qui le fit meture en prifon. Pafi haë l'en tira, en lui faifant donner un vaiffeau, où Dédale s'étant embarqué pour échapper à la colère du roi & à la flotte qui le pourfuivoit, il s'avifa de mettre une voile & des vergues ou antennes au bout d'un mát: Icare, verner, il fit naufrage; & le flot ayant porté fon corps dans une ifle proche de Samos, Hercule qui s'y trouva par hafard, lui donna la fépulture. Minos pourfuivit Dédale en Sicile, où régnoit Cocalus; mais les filles de ce monarque, touchées du mérite de Dédale, concertèrent de lui fauver la vie aux dépers de celle de Minos. Un jour que ce prince étoit dans le bain, elles lui firent metue l'eau fi chaude, qu'il y fut fuffoqué, & la mort affa pour naturelle.

Ainfi périt, dans une terre étrangère, Minos II, qui auroit tenu une place honorable dans l'hiftoire, fans la haine qu'Athènes avoit conçue contre lui. Tant il eft dangereux, dit Plutarque, d'offenfer une ville favante qui a, dans les reflources de fon efprit, des moyens de fe veng r. La mémoire de Minos étoit odieufe aux athéniens, à caufe du tribut également cruel & humiliant qu'il leur avoit impofé. Les autres grecs embraflèrent leur cause, pour traveftir 1 hiftoire de Minos, & la crayonner des couleurs les plus noires.

Feftus dit que les romains portoient quelquefois pour enferene le Minotaure, pour montrer que les deffins des généraux doivent être cachés dans leur fin, comme le montire étoit enfeveli dans le labyrinthe.

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» D'après deux paffages, l'un de Virgile & l'autre d'Ovide, plufieurs antiquaires ont cru reconnoître le minotaure dans le boe. fà face humaine des médailles de Naples, de Nole, &c. Mi la defeription de ces deux poëtes eft très-imparfaite & manque de précifi n, quand le témoignage de plufieurs auteurs fur le minotaure n'a rien d'équivoque, & que ce témoignage eft confirmé par une infinité de monumens où ce monftre eft repréfenté conftamment fous la même forme. Béger, le baron de Spanheim, Antoine Auguftin, & Liebe, ont eu fur ce point de fauffes idées, & nous ne concevons pas comment le judicieux & profond abbé Winckelmann a pu les adopter & prendre pour le minotaure le boeuf à face humaine qu'on voit fur les médailles de Naples

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» Virgile dit feulement que le minotaure étoit compofé de deux genres. Ovide ne s'explique pas plus clairement dans les deux endroits où il dé peint ce frut des amours honteux de Pafiphaë; mais Apollodore dit pofitivement qu'il avoit une tête de taureau fur un corps humain; de plus fur un mé daillon de Gnoffe de la plus haute antiquité. lequel a pour type d'un côté le labyrinthe, & de l'autre le minotaure; fur deux médailles d'Athènes, qui repréfentent le combat de Théfée contre le minotaure, & que Pelleria a publiées; fur un, vaf de la collection d'Hamilton; fur une pierre gravée dans le recueil du baron de Stofch, où le monftre paroît vaincu par Théfée; dans une peinture d'Herculanum, où on le voit étendu & couvert de fang aux pieds du héros; fur tous ces monumens, le minotaure a la tête d'un taureau & le corps d'un hore. On pourroit y ajouter une pierre gravée du cabinet du roi, qui repréfente le même fujet, & non, comme l'a cru l'éditeur, le combat d'Her cule contre Achélous ».

(Pier. grav, du Palais-Royal. I. pag. 125.)

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Les furnoms de cette famille font: THERMVs, AVGVRINUS, Rvrvs.

Goltzius en a publié quelques médailles, inconnues depuis lui.

MINUSCULARII, citoyens dont la fortune ne s'élevoit pas à fo lous d'or (lib. I. C. de defenf: civ.).

MINUTAL, rageût fait de plufieurs fortes de comeftibles hachés. (Juven. 14.-129.)

Hefternum folitus medio fervare minutal. MINUTIA, famille. Voyez MINUCIA.

MINUTIA porta. On ignore où étoit placée cette porte, près de laquelle étoit bâti le petit temple du dieu Minutius.

MINUTIUS augurinus. La colonne furmontée de la ftatue de ce préfet célèbre de l'annone, étoit placée hors de la porte Trigemina, près des greniers publics.

MINUTIUS, dieu que l'on invoquoit pour les petites chofes, pour les petites entreprifes, pour les petits voyages, &c. Feftus & Lampride par

lent de ce dieu, dont le temple donnoit le nom à la porte Minutia.

MINUTUM, monroe de l'Egypte & de l'Afie. Voyez PexUTAH.

MINYA, dans la Theffalie. MINY.

Les médailles autonomes de cette ville font: RRR. en argent.

RRR. en bronze.

O. en or.

Leurs types ordinaires font un cheval & un raifin.

MINYAS. Voyez MINÉIDES.

MIRMIDON, fils de Jupiter, & fère d'A&tor. Voyez ACTOR.

MIRMILLON, ou fecutor, claffe particulière de gladiateurs romains. On en voit un fur une cornaline de Stofch; il eft nud; il tient de la main droite le bouclier, & de la gauche une fourche à deux points, nommée fufcina, comme fur un (Gori Mus. Etrus. T. II. Tab. 188.) vase antique ; on en voit une à une autre mirmillon.

Jufte Lipfe (Saturnal. l. II. c. 8. p. 78.) prétend que les Retiarii n'étoient armés ni de bouclier, ni de cafque ; mais s'il l'a cru ainfi, fondé feulement fur quelques paffages d'auteur qu'il cite, ce'a vient de ce qu'il n'a pas vu les monumens où il pouvoit trouver de quoi donner une meilleure explication. Pour moi, dit Winckelmann, je fuis convaincu du contraire à la vue d'une peinture antique, copiée au naturel d'après un original qui ne fe trouve plus à Rome, mais dont la copie exifte dans le cabinet du cardinal Alexandre Albani. Elle repréfente un Retiarius habillé, armé d'un cafque & d'un bouclier de la forme d'un quarré long, & de plus, tout couvert d'un filet qui defcend jufqu'aux jambes. Le mirmillon qui con bat avec lui, n'a d'autre arme qu'une fufcina, & à côté de lui eft le lanista, ou le maître des gladiateurs, qui tient une baguette; au- deffous des figures font marqués leurs noms, ASTIANAX, KALENDIO .

Sur la feconde partie de cette peinture, il y a le même mirmillon, renversé par le retiarius ; & on y voit préfent le lanifta; avec une autre figure. Au-deffus des figures ett l'infcription ASTIANAX VICIT KALENDIO . Suit un dernier caractère qui eft le même que la marque placée après vicit, une (Corfini Not. Grac, p.70.) interponction.

L'infcription que le marquis Maffei donne,

n'est donc pas la feule qui fe foit confervée avec le mot retiarius, comme il le (Muf. Veron. p. 125. ad. n. 4.) prétend. Outre cette peinture qui, par l'expreffion de la figure, fupplée affez à la parole, il y a deux années qu'on a trouvé une autre infcrip. tion qui contient des noms de gladiateurs qui formoient un collège (collegium) de gladiateurs, dévoués au dieu Silvain du temps de l'empereur Commode. On y voit mentionnés deux retiarios veteranos & fept retiarios tirones. Cette infcription eft dans le cabinet du cardinal Alexandre Albani; & l'abbé Venuti l'a expliquée.

Pour revenir à notre fujet, le mirmillon qui, dans la peinture dont je viens de parler, n'a point de bouclier, en a un fur notre pierre & fur (Venuti Collect. Ant. Tab. 94.) une lampe antique; de forte que voilà ce qui décide que le retiarius & le mirmillon portoient tous deux des boucliers: &, felon moi, ce font les monumens qui doivent décider du fens des paffages des livres des anciens. Ceux-ci parlent de chofes qui étoient connues de leur temps; ils ne font jamais auffi clairs qu'il le faudroit pour les bien entendre, dans des fiècles où les ufages & les mœurs font abfolument changés. Mais ce n'eft pas ici le lieu d'entrer dans des difcullions de cette nature.

Le chevalier romain de Juvénal, dont parle (1. c. p. 77.) Lipfe, qui combattoit en retiarius, la tête découverte, ne forme pas une contradiction avec la peinture que je cite; car le cafque à petit bord du retiarius ne couvre que le fommet de la tête, ce qui pouvoit faire confidérer comme nue une tête ainfi armée:au lieu que les autres gladiateurs fe la couvroient mieux, & fe garantiffoient même le vifage avec la vifière, qui étoit attachée au cafque ; ce que je vois clairement dans un autre peinture antique du même goût que la précédente, qui eft dans le même cabinet, & qui femble avoir été le pendant de l'autre. Les noms des combattans qu'on y voit, font MATERNUS HABILIS; & au- deffus des noms, il y a l'infcription quibus pugnantibus fimmachus ferrum mifit. Simmachus étoit le lanifta. Le cafque fur (Fabretti ad Column. Traj. c. 8.) le monument d'un gladiateur nommé BATO, eft garni auffi de la vifière. Dans les jeux folemnels, on diftribuoit des marques, teffera, qui étoient ordinairement faites d'os ou d'ivoire, comme il y en a dans notre cabinet; & on les don noit aux gladiateurs, comme un témoignage qu'ils avoient combattu en public: il y a de ces marques avec une (Fabretti infcrip. p. 38.) fufcina & une palme. Peut-être que les empereurs en diftribuoient auffi en pierres gravées; & de là, il pourroit s'en fuivre que la pierre que nous décrivons ne feroit autre chofe qu'une de ces marques.

Quant à la fufcina & au bouclier que notre mirmaillon tient, la première de la main gauche, &

celui-ci avec la main droite, je ne faurois dire fi cela eft arrivé par une mépri e du graveur; car on voit aufli fur une pierre fuivante un gladiateur combattant un ours, qui porte le bouclier fur le bras droit, & qui tient l'épée de la main gauche. Il fe pourroit bien que cette manière oppofée à l'usage, défignât l'adreffe avec laquelle le gladia teur faifoit paffer les armes d'une main à l'autre felon que cela pouvoit lui être plus avantageux. Hector étant fur le point de combattre contre Ajax, fe vante de cette adrelle dans l'Iliade.

MIROIRS. « M. Faw affure que les égyptiens n'ont point connu d'autres miroirs que ceux de métal, qui paroiffent même avoir tous été petits & portatifs; car la critique dont nous faifons dit-il, l'ufage le plus rigoureux, nous oblige à ranger parmi les fables ce qu'on a dit de deux prodigieux miroirs, dont l'un étoit fufpendu a la tour du Phare, & l'autre incliné fur le femmet du temple d'Heliopolis, où il réfléchiffoit l'image du foleil par une ouverture du toît ou de la terraffe. Je n'ignore point que les anciens ont quelquefois placé dans les temples des miroirs dont les effets étoient finguliers, & qu'on nommoit pour cela monftrueux; car il ett fûr qu'il y en a eu de tels dans le temple de Smyrne: mais pour celui d'Heliopolis, Strabon le décrit très exactement, fars dire un feul mot de ce faiíceau de rayons qui éclai roient l'autel aux yeux des fpectateurs, qui ne pouvoient appercevoir la fource de la lumière. Ainfi ce prétendu preftige, auquel les prêtres de l'Egypte ne penfèrent jamais, n'a pas donné licu à celui qui eft aujourd'hui en vogue dans une églife des chrétiens Coptes, dédiée à Sainte-Damiane, où les moines font paroître, par le moyen de deux petites fenêtres baffes, des ombres contre le mur oppofé. Je crois bien, comme Vanfleb le dit, que cette églife, qu'on rencontre près de Tekébi, à plus de vingt-fept lieues de l'ancienne Heliopolis, n'a pas été bâtie fuivant les vrais principes de l'Optique, dans la feule vue de tromper le peuple; mais fi Vanfleb & le père Sicard euffent été plus verfés dans la phyfique, ils fe feroient d'abord apperçus que l'apparition des ombres ne fauroit avoir lieu dans un endroit bien éclairé ( Vansleb Journal. pag. 158...... Mémoires des Miffions du Levant. Tom. II, pag. 99.): de forte qu'on peut toujours foupçonner que celui-ci a été rendu à deffein affez fombre pour y produire cette illufion, laquelle eft à-peu près ce qu'eft l'effet de la cham bre obfcure. Ce tour me paroît un peu moins groffier que celui que font de certains charlatans à Naples ; quoiqu'au fond tout ce qui tend à tromper le peuple en fait de religion, foit également abominable aux yeux des philofophes

>>Quant au grand miroir du Phare d'Alexandrie, j'ai eu la patience de lire ce qu'en a écrit un aca démicien de Barcelone (Amusemens philosophiques

il

fur diverfes parties des sciences. Amvs. VI.), qui fuppofe que par ce moyen on a pu appercevoir les objets d'auffi loin qu'on les apperçoit avec des lunettes d'approche; & enfuite il fe jette dans d'inutiles détails pour prouver que les anciens favoient étamer le verre, en citant un paffage d'Ifidore, qui mourut en 636, & un autre paffage de Vincent de Beauvais, quigcrivoit vers l'an 1240. Il eft clair qu'il ne s'agiffoit point du tout ici ni de Vincent, ni d'Ifidore: il falloit prouver, par des témoignages d'écrivains antérieurs à notre ère, l'existence du miroir, & enfuite raifonner; mais Ptolémée Evergète, ni aucun de fes fucceffeurs, ne penfa jamais à une telle folie. En un mot, n'y a non plus eu de miroir au fommet de la tour du Phare, que quatre écreviffes de verre pour fupporter ce bâtiment, qui doit avoir été plus qu'aucun autre en bute à l'imagination des exagérateurs. If eft vrai que Voffius, fi fameux par fon érudition, & fi décrié par la foibleffe de fon jugement, a prétendu expliquer ce fait en fuppofant que ces écreviffes avoient été fabriquées d'une pierre obfidienne, véritable ou fophiftiquée par le verre noir, dont les égyptiens favoient couler des ftatues (Commentar. ad Pomp. Melam. p. 271.); mais malgré l'autorité du manufcrit que Voffius doit avoir eu dans fa bibliothèque, il ne faut pas douter un inftant que cette fable n'ait été forgée par les arabes, qui paroiffent auffi avoir imaginé la table fmaragdine, ou cette prodigieufe lame d'émeraude fur laquelle Hermès, perfonnage qui n'a jamais exifté, grava à la pointe du diamant le fecret du grand-oeuvre ».

Les grecs & les romains fe fervirent auffi de miroirs de métal, & même de métal étamé; mais ils ne connurent pas les verres étamés : au moins n'en trouve-t-on aucun veftige avant Ifidore, qui mourut en 636..

Pline dit (36. 26.) que l'on fe fervoit de pierre obfidienne, ou verre noir des volcans, pour en faire des miroirs que l'on incruftoit dans les murailles, après qu'Obfidius eut fait connoître cette fubftance rapportée de fon voyage dans l'Ethiopie. Ce verre noir, fcié en lames, & du verre enduit de bitume noir, peuvent feuls avoir fervi à faire des miroirs de la grandeur d'un homme, dont parle Sénèque (Nat. queft. l. c. 17. ); peut-être même à faire ces miroirs convexes dont un débauché, cité par le même écrivain, se fervoit dans fes orgies pour enflammer fes defirs. A la rigueur, ces miroirs convèxes auroient pu être faits de métal; mais leur grandeur en auroit rendu le travail & le poliment prefqu'impoffible.

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tous deux font de métal bien poli. Bajardi ( Ceral. de Monum. d'Ercol. p. 271. n°. 768.) nous dit qu'il a trouvé dans ce cabinet deux miroirs garnis de longs manches; mais, quelques recherches que j'aie faites, dit Winckelmann, il ne m'a pas été poftible de les déterrer. Les miroirs des anciens étoient ronds en général fur une pierre gravée du cabinet de Stofch, Vénus eft repréfentée tenant un pareil miroir par le couve cle. Ils font faits àfeu-près comme quelques-uns de nos miroirs de

voyage.

On reconnoît un pareil miroir de forme ronde, avec fon couvercle, fur une urne funéraire étrufque de Volterra, dont le cardinal Albani a fait préfent à la bibliothèque du vatican.

On m'a envoyé d'Arles dit Caylus (rech. 3. 331.) trois miroirs, à l'ufage des 10mains, & tous très-bien confervés. Le plus grand eft d'une forme abfolument circulaire il eft inutile de le deffiner, il eft renfermé dans une boete de forme pareille, et de même matière. Ce miroir a quatre pouces quatre lignes de diamètre, & s'emboëte encore aujourd'hui avec la plus grande jufteffe dans l'efpèce d'étui de métal dont j'ai parlé, & dont l'épaiffeur eft de cinq ligues. On peut regarder les deux autres miroirs comme pareils: ils le font pour le diamètre, on voit feulement quelques différences dans les cercles dont ils font onés. L'un & l'autre font parfaitement ronds & trèsbien confervés : la matière dont ils font compofés, & l'étamage qui leur procuroit la réflexion, font travaillés avec foin. Je ne donne que le deffeinedz l'un des deux; mais j'ai cru devoir rapporter le profil du numéro 6, pour mettre en état de fertir la forme extraordinaire de cette espèce de miroirs. Il étoit plus naturel que leur forme eût été plane. Ce qu'il y a de conftant, c'est que ni les uns ni les autres n'ont éprouvé aucune altération, & que le premier coup-d'œil donne l'idée de nos moules de pâtifferie, d'autant qu'ils n'ont jamais eu de manche pour les porter, ni de trou pour les fufpendre. Je ne doute pas qu'ils n'aient eu autrefois des étuis, & je le crois, parce qu'ils font étamés en dedans comme en dehors, pour réfléchir également l'objet ».

Caylus fit faire l'ana'yfe chymique d'un miroir antique; & il réfulta de ces expériences, que la matière dont les anciens faifoient leurs miroirs étoit un alliage de cuivre, de régule d'antimoine & de plomb. Le cuivre dominoir, & le plomb en faifoit la plus petite partie; mais on fair combien il eft difficile de déterminer avec quel qu'exactitude la proportion des fubftances contenues dans ces fortes d'alliages (rech. 5. p. 176.).. On voit à Portici deux miroirs tirés des fouilles d'Herculanum; un rond, et un quarré oblong. Le MIROIR ARDENT. Quelques auteurs croient Fond peut avoir environ huit pouces de diamètre: I que les verres convexes étoient inconnus aux and

Archimède dit on, brûla la flotte des romains qui affiégeoient Syracufe, fous la condu te de Marcellus, felon le rapport de Zonare, de Galien, d'Euftathe, &c Proclus fit la même chose à la flotte de Vitalien, qui afliégeoit Byzance, felon le rapport du même Zonare. Cependant, quelqu'atteftés que foient ces faits, ils ne laiffent pas d'être fujets à de fort grandes difficultés ; car la diftance du foyer d'un miroir concave eft au quart de fon diamètre. Or, Kircher paffant à Syracufe, & ayant examiné la diftance à laquelle pouvoient être les vaiffeaux des romains, trouva que le foyer du miroir d'Archimède étoit au moins à trente pas; d'où il s'e fuit que le rayon du miroir devoit être foit grand. De plus, le foyer de ce miroir devoit avoir peu de largeur. Ainfi il paroît d fficile, felon plufieurs auteurs, que les miroirs d'Archimèle & ceux de Proclus púffent avoir l'effet qu'on leur attribue.

ciens; mais on a cru qu'ils connoiffoient les miroirs | font célèbres parmi les anciens. Par leur moyen concaves. Les hiftoriens nous difent que ce fut par le moyen d'un miroir concave qu'Archimède brûla toute une flotte; &, quoique le fait ait été fort contesté, on en peut toujours tirer cette conclufion, que les anciens avoient conno fance de ces fortes de miroirs. On ne doute nullement que ces miroirs ne fuffent concaves & metalliques, & on elt perluidé qu'ils avoient leur fover par réflexion. A l'égard des verres brûlans, la Hire prétend que la pierre ou le verre dont il eft parlé dans les Nuées d'Aristophane, qui fervoit à allumer du feu & à fondre la cire, ne peut avoir été concave, parce qu'un foyer de réflexion venant de bas en haut, n'auroit pas été propre, felon lui, pour l'effet dont on a parlé ici, car l'ufage en auroit été trop incommode, au lieu qu'avec un foyer de réfraction venant de haut en bas, on pouvoit ailément brûler l'afignation (Hift. acad. 1708.). Ce fentiment eft confirmé par le fcholiafte d'Ariftophane. Pline fait mention de certains globes de verre & de crystal qui, expofés au foleil, bûloient les habits & même le dos de ceux fur lefquels tomboient les rayons; & Lactance ajoute qu'un verre fphérique plein d'eau & expofé au foleil, allume du feu, même dans le plus gran i hver ; ce qui paroît prouver que les effets des verres convexes étoient connus des anciens.

Cependant il est difficile de concevoir comment les anciens, qui avoient connoiffance de ces fortes de verres ardens, ne fe font pas apperçus en même temps que ces verres g offiffent les objets : car tout le inonde convient que ce ne fur que vers la fin du treiz.è ne fiècle que les lunettes furent inventées. De la Hire remarque que les paffages de Plaute qui fmblent annoncer que les anciens avo:ent connoiffance des lunettes, ne prouvent rien de femblable; & il donne la folution de ces paffages, en prouvant que les verres ardens des anciens étant des fphères ou folides ou pleines d'eau, le foyer n'étoit pas plus loin qu'à un quart de leur diamètre. Si donc on fuppofe que leur diamètre étoit d'un demi-pied, qui eût, felon de la Hire, la plus grande étendue qu'on puisse donmer, il auroit fallu que l'objet fût à un pouce & demi d'éloignement pour qu'il parût grofir; car les objets qui font plus éloignés ne paroîtront pas p'us grands, mais on les verra plus confufément a travers le verre qu'avec les yeux. C'est pourquoi il n'eft pas furprenant que la propriété qu'ont les verres convexes de groffir les objets ait échappé aux anciens, quoiqu'ils connuffent peut-être la propriété que ces mêmes verres avoient de brûfer il eft bien plus extraordinaire qu'il y ait eu trois cents ans d'intervalle entre l'invention des lunettes à lire & celle des télescopes. Voyez TELESCOPE.

Les miroirs ardens d'Archimède & de Proclus

L'hiftoire d'Archimède devien!ra encore plus difficile à croire, fi l'on s'en rapporte au récit pur & fimple que nous en ont donné les anciens car, felon Diodore, ce grand géomètre brûloit les vailleaux des romains à la diitance de trois ftudes; & felon d'autres, à la diftance de trois mille pas.

Mais l'expérience de Dufay prouve qu'on peut porter avec un miroir plan, à une affez grande diftance, l'image du foleil, dont les rayons feront peu affoibles; & fi plufieurs miroirs plans étoient pofés ou tournés de façon qu'is portalfent cette image vers un même point, il fe pourroit faire en ce même point une espèce de foyer artificiel qui auroit de la force. Ce fut ainfi, au rapport de Tzetzès, pete grec, mais fort poítérieur à Archimède, que ce célèbre mathématicien brûla les vaiffeaux des romains. Ce poëte fait une defcription fort détaillée de la manière dont Archimède s'y prit pour cela. Il dit que ce grand géomètre difpofa les uns auprès des autres plufieurs miroirs plans, dont il forma une espèce de miroir polygone à plufieurs faces; & que, par le moyen des charnières qui unifloient ces miroirs, il pouvoit leur faire faire tels angles qu'il vouloit; qu'il les difpofa donc de manière qu'ils renvoyaffent tous vers un même lieu l'image du fo'eil, & que ce fut ai fi qu'il brûla les vaiffeaux des romains. Tzetzès vivoit dans le douzième fiècle, & il pourroit le faire que Proclus, qui vivoit dans le cinquième, eût employé une méthode femblable pour détruire la flotte de Vitalien. Buffon, de l'académie des fciences de Paris, a exécuté ce que Tzetzès n'avoit fait que raconter, ou plutôt comme il n'en avoit aucune connoiffance, il l'a exécuté d'une manière différente. Il a formé un grand miroir compofé de plufieurs miroirs plans d'environ un demi pied en quarré; chacun

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