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MOPSIUM, en Theffalie. MOYEI,

Les médailles autonomes de cette ville font:
RRRR. en bronze.......Pellerin.

0.

en or.

O. en argent.

manda à fon tour à Ca'chas le nombre précis des figues qui étoient fur un figuier. Cachas ne put le dire, & en mourut de regret. Quelques auteurs ont écrit que ce fut Calchas qui demanda le nombre des figues, que Morfus lui répondit qu'il y en avoit dix mille, & qu'elles pourroient tenir toutes, à une près, dans une mesure qu'il nomma. Cette réponse vérifiée par l'épreuve, fit mourir

MOPSOS ou MOPSUESTIA, en Cilicie. Calchas de chagrin. D'autres difent que Calchas

ΜΟΥΕΑΤΩΝ.

Les médailles autonomes de cette ville font:
R. en bronze.

O. en or.

O. en argent.

Leur type ordinaire eft un autel allumé.

ne donna à deviner que le nombre des petits de la truie, & que la feule jufteffe de la réponse le tua. On lit dans d'autres écrivains que ce fait fe paffa non à Claros, mais dans la Cilicie, d'autres à Colophon, ville d'Ionie.

Une autre espèce de conteftation fit périr Mopfus (Voyez AMPHILOCUS.). Il fut père de trois fi les, Rhode, Méliade & Pamphilie. Mopfus, après

Cette ville a fait frapper des mé tailles impé-fa mort, fut honoré comme un demi-dieu, & eut riales grecques, avec fon époque, en I honneur d'Antonin, de Verus, de Septime Sévère, de Caracalla, de Plautille, de Macrin, de Trajan Dèce.

un oracle célèbre à Malle, en Cilicie. Plutarque (dans fon Traité des oracles qui ont ceffe) raconte que le gouverneur de cette province ne fachant que croire des dieux, parce qu'il étoit obfédé d'épicuriens qui avoient jetté beaucoup de doutes MOPSUS, devin qui exerça fes fonctions dans dans fon efprit, réfolut, dit agréablement l'hifle voyage de la Colchide; car on le compte au torien, d'envoyer un efpion chez les dieux, pour rang des argonautes. Il étoit fils de la nymphe apprendre ce qui en étoit. Il lui donna un billet Choris & d Ampicus. Il eft quelquefois défigné bien cacheté pour le porter à Mopfus. Cet envoyé par le nom d'Ampicides. On dit qu'au retour de s'endormit dans le temple, & vit en fonge un Colchos, il alla s'établir en Afrique près de Teu- homme fort bien fait qui lui dit noir. Il porta cette chra, dans le golfe où depuis fut bâtie Carthage.réponse au gouverneur. Elle parur très ridicule La, il fe rendit fi recommandable par fon habileté dans la divination, qu'après la mort les habitans lui décernèrent les honneurs divins, & lui établirent un oracle qui fut long-temps fréquenté.

Morsus, fi's, felon les uns, de Rhacius, &, felon les autres, d'Apollon & de Manto, fille du fameux Tiréfias, fut auffi célèbre devin que fon grand père. Voyez MANTO. Mopfus donna lieu par fon habileté à ce proverbe: Plus certain que Morfus. Il fignala fon talent au fiège de Thèbes mais principalement à la cour d'Amphimaque, roi de Colophon. Ce prince méditant une expédition importante, confulta ce devin fur le fuccès; Mopfus ne lui annonça que des malheurs, s'il exécutoit fon entreprise. Amphimaque, à qui elle teno't fort à cœur, s'adreffa encore à Calchas, autre devin célèbre qui lui promit une victoire fignalée. L'événement juifia Mopfus; car le roi fut entièrement défait, & Calchas honteux d'avoir fi mal deviné, en mourut de chagrin.

aux épicuriens de fa cour. Mais il en fut frappé d'étonnement & d'admiration, & en ouvrant fon billet, il leur montra ces mots qu'il y avoit écrits: T'immolerai je un bauf blanc ou noir? Après ce miracle, il fut fort dévot toute la vie au dieu Mopfus ( Origen. lib. III. adv. Celfum & Tertulian. de animâ. c. 46. ).

Morsus. Ce nom eft célèbre dans les poéfies paftorales des grecs & des Romains. En voici la raifon L'argien Lacius, frère d'Antiphême, envoya une colonie s'établir dans les montagnes des environs de Colophon, fous le commandement de Mopfus. Celui-ci acheta de Cylabras, berger de la contrée, une portion de terre fur laquelle il bâtit la ville de Phafelis. Antiphême de fon côté alla fonder une colonie en Sicile, y transporta les dieux & la religion de fon pays. Il y bâtit la ville de Géla, à laquelle il donna auffi le nom de Mopfus, pour conferver la mémoire de ce guerrier. De-là vient que les poëtes bucoliques de Sicile & les autres à leur exemple ont chanté fi souvent Mapfus ( Sca

MOR. Voyez MIRRHA.

On raconte autrement la victoire de Mopfus.ligeri poetic. 1. 4. ). Calchas étoit allé à pied de Troye à Claros avec Amphilocus ; & pour éprouver Mopfus, il lui avoit demandé, en lui montrant une truie pleine, combien elle portoit de petits, Mopfus répondit qu'elle en porto't trois, parmi lesquels étoit une femeile; ce qui fe trouva véritable. Mopfus deAntiquités, Tome IV.

MORA, troupe de fpartiates, composée ou de soo, ou de 700, ou de 900 hommes. Les fentimens font variés fur cette appréciation. Il y avoit

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fix mora; chacune étoit commandée par un polémarque, par quatre officiers fous le polémarque, .par huit fous ces premiers, & feize sous ceux-là. Donc fi ces derniers avoient fous leurs ordres sc hommes, la mora étoit de 400, ce qui réduit toute la milice de Lacédémone à 2400: c'est peu de chofe, mais il s'agit des temps de Lycurgue. On ne recevoit dans cette milice que des hommes libres, entre 30 ou 60 ans.

MORATOR ludi circenfis. On lit dans une infcription rapportée par Boulenger (de Circo. c.44),

Les mots : Q. RAPIDIO. Q. F. LEM. MULIONI MORATORI LUDI CIRCENSIS. Le mot mulio fait conjecturer que la fonction du morator, dans les jeux du cirque, confiftoit à empêcher que les chais ou les chevaux ne partiffent avant le temps, ou hois de leur rang.

MORBUS comitialis. Voy. ÉPILEPSIE.

MORDS gaulois. Voy. LUPATA.

MORETUM, hachis compofé d'ail, d'ache, de rhue, de coriande, d'échalote, de fromage, d'huile & de vinaigre.

MORGANTIUM, en Sicile. MOPTANTINON,
Les médailles autonomes de cette ville font :

RRR. en argent.

O. en or.

R. en bronze.

Leur type ordinaire eft un lion dévorant un cerf.

MORILLE. Les romains auffi voluptueux que nous, & beaucoup plus riches, faifoient leurs délices des morilles. Néron appelloit ce genre de nourriture un mets des dieux, cibus deorum. Elles font excellentes, dit Pline (liv. XXII. c. 22.); mais elles ont été accufées de malignité dans une eélèbre conjoncture. Agrippine s'en fervit pour empoifonner l'empereur Claude. Il eft pourtant certain que les morilles ne caufèrent pas feules la mort de cet empereur ; ce fut la violence du poifon dont on les farcit, qui le fit péir. C'est pourquoi Suétone, qui rapporte le fait dans la vie de Claude, fe fert du mot boletus medicatus, des morilles empoifonnées.

MORION, nom donné par Pline & d'autres anciens naturalistes, à une pierre noire à l'extérieur; mais qui, tenue entre l'oeil & le feu ou une flamme, paroiffoit être tranfparente & d'un beau Louge. On l'appelloit auffi pramnion. Il paroît que c'étoit un cristal ou fluor noir.

MOKIONS, perfonnages boffus, boiteux, contre

faits, à tête pointue, à longues oreilles, & de phyfionomie ridicule, qu'on admettoit dans les f.ft us pour amufer les convives. Plus un morion étoit hideux, plus chèrement il étoit acheté. Il y en a qui ont été payés jusqu'à 20co fefterces.

Martial en eft garant (VIII. 13.), lorsqu'il dit :

Morio dictus erat : viginti millibus emi:
Redde mihi nummos, Gargiliane, fapit.

MORISTASGUS. Le moriftufgus des gaulois paroît avoir été une divinité locale des fénoncis ; car un homme de ce nom étoit roi du pays dans te temps que Céfar arriva dans les Gaules, & la royauté avoit été déjà dans fa famille. Il y a donc bien de l'apparence que ce roi portoit le nom d'un dieu particulierdu lieu, ou qu'il étoit lui-même cette divinité, après avoir été mis au nombre des dieux par la fuperftition de ces peuples. Quoi qu'il en foit, dans les infcriptions recueillies par Reinefius, on trouve que Titus Cl. Profeffus Niger, lequel avoit obtenu toutes les charges des cités de Langres & d'Autun, crdonna par fon teftament que l'on ajoutât un portique au temple du dieu moriftafgus, tant en fon nom qu'en celui de fa femme & de fes filles. Cette infcription a été découverte dans les ruines de l'ancienne ville d'Aléfia. (Mém. de l'Ac. des infeript. tom. XXIV. p. 361.) (D. J.) ·

MOPIOZ, morius, partiel, furnom donné par les athéniens à Jupiter. On le croi: formé de pépos. partie ou membre. Etoit-ce un fynonyme de patrius.

ΜΟΡΜΩ.

ΜΟΡΜΟΛΥΚΕΙΑ.

Le premier de ces mots

défignoit un fpectre, une femme monftiueufe, telle que les prétendues Lamies. Le fecond défigne des mafques de théâtre, hideux, affectés à ces êtres fantaftiques.

MOROCHTUS, MOROCHITES ou MOROCTES, nom donné par Pline à une fubftance minérale qui fervoit à enlever les taches des habits. On dit qu'elle étoit très-dure, très-pefante douce au toucher, d'un blanc tirant fur le gris & verdâtre. Hill croit que c'est la même chose que la craie de Briançon; dans ce cas, ce feroit un vrai talc. Boece de Boot donne le nom de morochtus à une pierre très-différente, que les allemands appellent milchftein ou pierre de lait, parce qu'il en fort un fuc laiteux : il dit qu'on en trouve auffi de noires; il ajoute qu'il s'en trouve aufli de verdâtres, de couleur de miel, de blanches & de grifes. D'autres naturaliftes ont regardé avec raifon le morochtus comme une efpèce d'argille durcie, et de stéatite, & ayant une confiftance de pierre; d'autres encore ont donné ce nom à une craie ou marne durcie.

MOR

MOPPAEMOZ, efpèce de danfe des grecs, dans laquelle on imitot les geftes & les attitudes de différens animaux. (Polluc, & Athen. 14.)

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MORPHÉE, fils du fommeil & de la nuit, le premier des fonges, & le feul qui annonce la vérité, étoit, dit Ovide, le plus habile de tous à prendre la démarche, le vifage, l'air & le fon de voix de ceux qu'il vouloit reprefenter. Le dieu du fommeil le chargea d'aller, de la part de Junon, apprendre à Alcyone la mort de fon époux. Ce fonge n'eft que pour les hommes ; il a pour frères, Phobetofe & Phantafe. Son nom est dérivé de god, forme, figure, apparence!

Ce dieu paroît fur les monumens fous la figure d'un vieillard babu, portant fur la tête deux petites aîles, comme Mercure, & aux épaules deux grandes aîles de papillon, tenant à la main une corne, d'où fe répandent les fonges & les illufions nocturnes. C'eft ainfi qu'on le voit affifter aux nôces de Thétis & de Pélée, fur un bas-relief du palais Mattei (Monum, inediti n°. 110.); fur un autre du même palais, où l'on voit Arianne endormie dans l'ile de Naxos; fur deux farcophages du capitole, & enfin fur un bas-relief de la Villa Albani, où les ailes des épaules de Morphée font celles d'un a'gle.

Sur le farcophage du capitole où eft représentée la fable d'Endymion, on voit Morphée qui dort la têre appuyée fur fon bras gauche. Il eft vêtu d'une tunique à manches tombant jufqu'aux poignets; il a des ailes de papilon au dos, & de petites aîles d'oifeaux à la tête.

M. Vifconti, éditeur du muféum Pio-Clémentin, reconnoît Morphée dans un bufte d'Hermès, gravé fur une pierre avec des aîles de papillon à la tête. Winckelmann l'avoit pris pour Platon ; ma's les traits n'ont aucune reffemblance avec le busté de ce philofophe, qui porte fon nom écrit en caractères antiques à la galerie de Florence. D'ailleurs, fes cheveux & la barbe reffemblent parfaitement à ceux du dieu Terme, ou Jupiter-Terine.

MORPHO, furnom de Vénus, fous lequel elle avoit à Lacédémone un temple fingulier; c'étoient proprement deux temples l'un fur l'autre. Celui de deffus étoit dédié à Vénus- armée, & celui de deffous à Vénus Morpho. La déeffe y étoit voilée, & avoit des chúînes aux pieds. «On difoit, » au rapport de Paufanias, que c'étoit Tyndare » qui lui avoit mis ces chaînes, pour donner à » entendre que la fidélité des femmes envers leurs » niaris doit être inviolable: d'autres difoient qu'il l'avoit fait pour fe venger de Vénus, à » qui il imputoit l'incontinence & les défordres » de fes propres filles; mais je ne puis le croire, ajoute l'historien; car il faudroit être infenfé » pour s'imaginer que l'on fe venge d'une déeffe

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MORT. Toutes les nations ont donné à la mort un port & des attributs analogues à l'état auque les ames doivent être réduites, felon leurs opinions particulières. Les grecs & les Romains efféroient être tranfportés dans les champs élifées. Car tous les hommes défirent d'être vertueux, en vivant même au fein du défordre, & s'occupent plus des récompenfes promifes à ta vertu, que des fupplices préparés pour les coupables. Cette perfpective fixa l'idée des anciens fur la

mort.

Elle ne leur offit rien d'affreux, de rebutant: elle ne fut pour eux que le paffage de cette vie aux régions intérieures. Auffi le fouvenir de cet inftant, loin d'empoifonner leurs plaifirs (Petr. c. 34.), leur donnoit au contraire une vivacité plus piquante. Trimalcion fait apporter à fes convives un fquelette d'argent, & en prend occalion de les inviter à la débauche. Gori (Infer. Etr. 1. 3. p. 6.) cite une fardoine fur laquelle font gravés en relief une tête de mort, & un trépied couvert de mets. Entre ces deux objets, on lit l'infcription suivante en lettres blanches réfervées de relief.

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CO ΑΝΘΕΑ ΤΟΙΟΥΤ
ΟΙ ΓΕΙΝΟΜΕΘΑ Ε
ΞΑΠΙΝΗΣ

Bois, dit cette fculpture, & mange, & couronne-toi de fleurs : c'est ains que nous ferons bientôt.

Nous voyons dans Ammien Marcellin (XVI. 18.) que dans les grands repas qui fe donnoient à la fin du jour, les ferviteurs, en apportant les lumières difoient: Il faut ufer de la vie, parce qu'on ceffera de vivre, vivamus, pereundum eft. L'incertitude du moment où les hommes doivent être réduits à cet état d'anéantiffement, doit, felon les voluptueux, les engager à donner au plaifir le préfent, qui eft le feul temps dont ils pu ffent difpofer.

Gori (Muf. Florent. tom. 1. Tab. 91. n°. 3.) décrit une fardoine fur laquelle un fquelette danfe devant un payfan affis & jouant de la flûte double. Prométhée (Pierres de Stofch. pag. 314. 317.) fur un jafpe gris fait le fquelette d'un homme. On en voit deux autres dans le cabinet de Stofch. (Tom. 5. pag. 148.) Montfaucon a donné d'après Bartoli, une peinture du Styx, qui le repréfente comme les autres Aeuves, fi l'on excepte

Zij

un ferpent qu'il tient de la gauche, & une tête de mort placée au delfus de la tête fur un rocher. Cette tête eft placée auffi à côté d'un fphynx, & devant un philofophe contemplatif fur des pierres gravées. (Stofch. pag. 321. 424.) Ce font là prefque les feuls monumers où nous voyons les anciens mettre fous les yeux des fquelettes, des os de morts, & tous ces objets hideux que l'ignorance & le mauvais goût ont reproduit depus quinze fiècles avec tant de profufion.

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Paufanias nous a confervé le plus ancien monument de fculpture fur lequel on ait tracé l'image de la mort. (Eliac.p. 321.) C'est le coffre de Cypfelus. On voyoit fur le côté gauche une femme qui tenoit dans fes bras deux enfans endormis ayant 5 les jambes croifées. Celui qu'elle portoit du côté » droit étoit blanc, & l'autre étoit noir. On les as reconnoîtroit aifément fans infcriptions. Il y en a cependant, & elles apprennent que l'un d'eux reprefentoit la Mort & l'autre le fommeil, & » que leur nourrice étoit la nuit ». Les anciens la donnoient pour mère à la Mort, & immoloient un coq à celle ci. La nuit aimoit cette victime, parce que la tranquillité de fon règne étoit troublée par le chant de cet oifeau. Ils cruient honorer la fille, en lui faifant un offrande qui flattot la mère.

I's repréfentoient la Mort avec des aîles noires. Horace les a chantées, feu mors atrisch cumvolat alis ; & ailleurs, mors atra caput fufcis circumvolat alis.

(in Iliad. 9.), avoient confacré un aurel à la mort. On a blámé un auteur moderne qui a reproduit ce monument fur la fcène françoife, parce qu'on le croyoit le fruit de fo imagination. Mais Elien & Denys Periégete (Elianus in Historia varia & Dion Perieg.) ont parle de cet autel comme Euftathe. On ne fauroit donc révoquer en doute fon existence. Il faut feu'ement rechercher quelle raifon particulière avoit pu engager les habitans de Cadix à donner ce témoignage public de leur vénération pour la Mort. Nous la trouverons facilement, en examinant la pofition que l'on affignoit aux enfers & aux îles fortunées. On les fuppofoit placés au couchant de l'Europe, & dans la mer atlantique. C'eft pourquoi on regardoit la Bétique & la Lufitanie comme les dernières portions du globe. Les habitans de Cadix paroiffoient être les derniers des hommes vers l'occident, & les premières victimes de la Mort, ou plutôt dans le langage poétique, les preiniers fujets de fon redoutable empire. De là vinrent le culte fpécial qu'ils lui rendirent, & le monument unique qu'ils lui élevèrent pour adoucir fes rigueurs.

On trouve dans Gruter & Muratori un grand nombre d'épitaphes avec ces invocations....... (pag. 819. n. 8. pag. 993. no. 1.): Somno perpetuali, fomno aternali &c. Sacrum. La mort étoit le fommeil éternel auquel ces voeux s'adre ffoient. Ils étoient accompagnés, chez les romains, de facrifices dans lefquels on minoloit des bouts.

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» Multa boum circa mactantur corpora morti ».

Servius (in 11. Æneid.) expliquant ce vers, affure que la mort étoit une divinité, & cite en preuve Lucain & Stace.

Cette peinture eft extraite des anciens poëtes; car il ne nous rfte aucun monument des arts fur lequel on voye la Mort repréfentée. Nous connoiffns feulement des emblêmes ingénieux qui rappellent cette redoutable divinité. Les recueils de pierres gravées nous offrent fouvent des génies Efchyle écrivant dix fept fiècles avant Euftathe, tenant des flambeaux renverfes (Pierres de Stofch. & ne connoiffant pas l'autel de Cadix, dit précip. 145 & 149.), & les tombeaux en font ornés ainfi fément que feule entre les dieux, la Mort n'aimoit que de vafes & de fleurs. Chaque année les parens pas les préfens. Elle n'avoit, felon lui, ni autels en alloient répandre fur les fepultures... ni chants facrés ; perfonne ne lui offroit de facriHortos...... donavit, ut, ex. redditu, eo. largius. largius. fices ou même de fimples libations; elle vivoit rofa.&.efca patrono.fuo.&.quandoque fibi.ponerentur. toujours en méfintelligence avec la déeffe de la ut.fuperftes. rofis. Sepulcrum. jacentis. quotann. Kal. Perfuafion. Que penfer, après une affertion auffi Jul. exornet. Et ailleurs...... Ad rofas & profu-pofitive, de l'encens qui lui eft confacré dans une fiones. Dans une autre épitaphe, ut quotannis rofas ad monumentum ejus deferant, &c. &c. &c. &c. (Gruteri pag. 237. 435. 753. 803. 1021, &c.) De-là viennent les comparaifons fréquentes des poëtes entre la briéveté de la vie, & l'éclat paffager des rof. s. C'étoit ainfi que les anciens favoient émouvoir l'ame par de douces allégories, fans choquer les yeux par des peintures dégoûtantes.

La Grèce n'éleva à la Mort ni temple, ni autel; & quoique reconnue pour déeffe, cette divinité n'eut aucun prêtres dans cette contrée fuperftitieufe. Les feuls habitans de Cadix, dit Euftathe

hymne du prétendu Crphée ( Orphei fuffim. Mortis.). C'étoit apparemment une allufion aux parfums qu'on brûloit autour des cadavres. Nous rapporterons ce poëme comme un monument de l'ancienne croyance des grecs fur la Mort :

« Ecoutez mes prières, ô vous qui favez plier fous votre fceptre tous les mortels, & qui faites luire un jour pur & ferein pour les ombres mêmes qui ne font plus fous votre empire. Le fommeil éternel que vous procurez à ceux dont vous connoiffez les deftinées, rompt les liens corporels dans lefque's l'ame étoit captive. Quoique

yous foyez équitable envers tous les hommes, la jeuneffe arrêtée au commencement de fa courfe rapide, vous accufe de partialité & d'injuftice. Vous feule, au contraire, ne faites acception de perfonne. Les prières & les libations ne fauroient arrêter vos coups redoutables, ni prolonger la vieilleffe. Cependant, s'il etoit permis de vous adreffer mes voeux, & de vous offrir des victimes, je vous fupplierois ardemment d'accorder pour récompenfe aux hommes vertueux une vieilleffe longue & heureufe ». Efchyle & l'auteur de ce poëme ont eu les mémes idées fur l'inflexibilité de de la Mort. N'eft-1 pas vraisemblable que le tra gique a connu hymne du prétendu Orphée, & que ce poëme a éte compofé dans des temps bien antérieurs aux beaux fiècles de la Grèce ?

La répugnance qu'avoient les anciens artiftes à peindre la Mort, a feule pu les empêcher de s'exercer fur la fable fuivante, quoiqu'elle prêtât beaucoup à leur imagination. Phérécide l'a tranfmife, & Fréret l'a rapportée pour rendre vrai femblable la longue vie qu'il donne à Sifyphe dans fes calculs. Nouveau Prométhée, ce roi de Corinthe fut admis au confeil des dieux, mais fans jouir de leurs glorieufes prérogatives. Il les défira bientôt. L'immortalité fut celle quil leur envia la première, & il réfolut de tout entreprendre pour y participer. Enchaîner la Mort, qui feule lui apporto:t une réfiftance invincible, lui parut un moyen de réuffite affurée. Il abufa donc de la familiarité dans laquelle il vivoit avec les dieux de l'Olympe, attira la Mort dans une embuscade, s'en rendit le maitre, & la jetta dans une forte prifon.

Elle y languit long-temps. Pluton cependant voyoit fon royaume défert, parce que les victimes ne tomboient plus fous les coups de la redoutab`e déeffe. Il fe plaignit à fon frère, qui, ayant af feinblé le confeil des dieux, s'apperçut de l'abfence de la Mort, & s'informa de fa détention. Mars fut chargé de la délivrer. Sifyphe lutta vainement contre le dieu de la guerre; il fut vaincu, & le premier il devint la proie de fon ancienne captive. Pluton fit de cet audacieux un exemple teir ble. I le condamna à élever fans ceffe un rocher énorme jufqu'au haut d'une colline. Parvenu au fommet, le rocher lui échappe, & roule avec fracas dans le tond du vallon.

Le lecteur apperçoit d'un coup d'oeil quel parti avantageux l'art eut pu tirer de cette lutte & de cette délivrance. Mais, il fallo't perfonnifier la Mort, & la main & la délicateffe des artistes grecs s'y refusèrent toujours.

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La moralité de cette allégorie eft frappante. Elle apprend aux mortels que leurs efforts feront vains, lorfqu'ils entreprendront de reculer le terme fixé par les deltins.

Les anciens, comme nous l'avons déjà dit, ne repréfentcient pas la Mort comme un fquelette; mais ils fu:voient l'idee d'Homère, & la repréfentoient comme le frère jumeau du Sommeil, & ils donnoient à la Mort & au Sommeil cette reffemblance qui naturellement doit exifter entre deux frères jumeaux. Sur un coffre de bois de Cypfélus, placé dans le temple de Junon à Elis, on les voyoit tous les deux repréfentés comme de jeures enfans repofant dans les bras de la Nuit ; avec cette différence que l'un étoit blanc & l'au tre noir ; que l'un dormoit, que l'autre paroiffoit dormir. Tous les deux avoient les jambes croifees (Paufanias, Eliac. cap. 18. p. 442. edit. Kuh. Nota.) L'abbé Gedoyn a mis dans fa traduction les jambes torfes, au lieu de jambes croisées; mais c'eft une faute palpable.

On peut citer, pour le prouver, un farcophage qui eft représenté dans Boiffard (Par. V. p. 115.). Gruter rapporte autfi l'infcription de ce farcophage, & il appel e les deux génies qui l'accompagnent avec leurs flambeaux renverfés, Cupidines (Pag. 712.). Mais la repréfentation du Sommeil ne peut être méconnue ici, où il fe trouve avec une jambe croifée fur l'autre. Mais pourquoi la même figure eft-elle ici répétée ? ou, pour mieux dire, pourquoi eft-elle double, & fait-elle pendant l'une à l'autre ? Ces deux figures repréfentert également le Sommeil, c'est-à dire, l'une le fommeil paffager, & l'autre le fommeil éternel; en un mot, ce font les deux frères jumeaux, le Sommeil & la Mort.

Les recueils de tombeaux de Boiffard, de G:uter, &c., offrent plus de dix fois ces deux génies, le Sommeil & la Mort, tenant des flambeaux renverfés & ayant les jambes croifées. Il faut donc regarder ce dernier caractère comme un attribut eflentiel des deux frères. Voyez LARVES.

Suivant l'opinion des anciens, un corps mort fouilloit tout ce qui en approchoit, non feulement les hommes qui le touchoient ou le regardoient, inais les dieux mêmes. La vue d'un mort n'étoit permise à aucun d'eux. C'eft ce que l'on voit par les paroles qu'adreffe dans Euripide Diane à Hyppolyte mourant.

Pour éviter cet afpect, les dieux étoient obligés de s'éloigner même avant que le mourant ne rendît le dernier foupir, comme il paroît par ces mêmes paroles de Diane. Elle quitta fon favori par la même raifon qu'Apollon dit ( chez le même poëte) qui le forçoit de quitter la demeure de fon cher Admète, c'est-à-dire, parce qu'Alcefte approchoit de fa fin.

On attribuoit toutes les morts fubites à la colère d'Apollon & de Diane, avec cette différence

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