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infinité d'oifeaux qui firent trois fois le tour du bûcher, en faisant entendre tous les mêmes cris. Au quatrième, ils fe féparèrent en deux bandes, & fe battirent les uns contre les autres, avec tant de fureur & d'opiniâtreté, qu'ils tombèrent auprès du bûcher, comme des victimes qui s'immo loient aux cendres dont ils venoient de fortir, montrant par là qu'ils devoient la naissance à un homme rempli de valeur. Ce fut aufli de lui qu'ils prirent le nom de Memnonides. Ces oifeaux ne manquent pas de venir tous les ans dans le même endroit où, par un femblable combat, ils honorent le tombeau de ce héros. Pour l'Aurore, elle verfa des pleurs en abondance fur la mort de fon fils, & depuis le jour fatal où elle le perdit, elle n'a point ceffé d'en répandre. Ce font ces mêmes larmes dont fe forme la rofée du matin.

Paufanias, parlant des oifeaux de Memnon, dit: ceux qui habitent les côtes de l'He lefpont, affurent que tous les ans, à un jour déterminé, ces o feux viennent balayer un certain espace du tombeau de Memnon, où on ne laifle croître ni arbre ni herbe, & qu'enfu te ils l'arrofent avec leurs ailes, qu'ils vont exprès tremper dans l'eau du fleuve Élépus.

Memnon eut une ftatue coloffa'e à Thèbes en Egypte, au-delà du Nil. On difoit que lorfque les ravons du foleil venoient à la frapper, elle rendoit un fon harmonieux. Strabon, auteur ju dicieux, nous apprend qu'il l'a vue, & qu'il a entendu le bruit qu'elle faifoit. « J'étois, dit-il, » avec Elius Gallus & une troupe d'amis, lorf» que, confidérant le coloffe, nous entendimes » un certain bruit, fans pouvoir affurer toutefois » s'il venoit de la ftatue ou de la base, ou s'il » venoit de quelqu'un des affiftans; car je croi» rois plutôt toute autre chofe, que d'imaginer que des pierres arrangées de telle ou telle ma»nière, puiffent rendre un pareil fon. « Le père Kiker attr bue ce fon à quelque reffort fecret, qu'il croit avoir été une espèce de clavecin renfermé dans la ftatue, & dont les cordes relachées par l'humidité de la nuit, fe tendoient enfuite à la chaleur du foleil, & fe rompotent avec éclat, faifant, dit Paufanias, un bruit femblable à celui d'une corde de viole qui fe rompt. Cambyfe ayant voulu éclaircir ce mystère, & y foupçonnant de la magie, fit brifer le coloffe depuis la tête jufqu'au milieu du corps: le refte fubfifta long-temps après, & rendit toujours le même fon. On croyoit encore que Memnon rendoit par fa itatue, un oracle tous les fept ans.

« Jablonski & le chancelier Mosheim n'ont fu s'accorder entr'eux, dit M. Paw, au fujet d'un des coloffes qu'on voit dans la Thebaide, en avant de Medinet H.bu. Celui qui eft le plus mutilé, & dont on a chargé les pieds d'infcriptions grecques & latines, doit être, fuivant Jablonski la véritable ftatue vocale de Memnon ou d'Aménophis, dont il eft tant parlé dans l'antiquité. Voyez fon Traité de Memnone graco & agyptio hujufque celeberrimâ in Thebaïde ftatud); & je ne trouve que des conjectures très-vagues, très-peu fondées dans tout ce qu'on allègue pour combattre fon fentiment. Il y a eu en Egypte beaucoup de fouterrains, de grottes, de galeries percées dans cette couche de pierre calcaire qui y porte la terre végétale, dont la profondeur n'eft fouvent que de trois ou quatre pieds: or, con.me nous favons, & par la connoiffance du local, & par le témoignage de Paufanias, que la ftatue vocale n'étoit point fort éloignée de l'entrée des cryptes, il est plus que probable qu'un rameau de ces fouterrains paffoit directement fous le piedestal; de forte qu'il ne s'agiffoit que de frapper contre le roc avec un inttrument de métal, pour faire réfonner le Memnon ; & ce qui décèle entièrement cet artifice, c'eft que le fon ne partoit pas de la tête, comme l'infinue Philofirate (Vit. Apollon. lib. VI. c. 3. ) mais de la pl nthe ou du trône fur lequel la figure étoit affife. Quand on a perdu la connoiffance de ce fouterrain, on a vu ceffer auffi ce phénomène. Je fas bien qu'un favant a propofé là-deffus une autre explication, où il n'admet que la force des rayons du folel & l'arrangement des pierres. ( Voyez Mémoire fur les obélifques par le p. G. de l'Oratoire.) Mais on fe difpenfera de réfuter cette opinion bizarre qui, pour applanir une diffi u té, en fait naître mille autres. L'excavation, protique fous la bafe du colffe dont je viens de pailer, n'eft point une chose fans exemple; car, fous la ftatue d'ivoire d'Ef-· culape à Epidaure, on avoit également creusé un punts qui paroît plutôt avoir fervi à favorifer quelque fraude picufe, qu'à entretenir l'humidité de l'ivoire, comme on tâchoit de le perfuader aux étrangers.. Le chancelier Mosheim penfoit que les prènes de Thèbes ayant perdu P'ancienne ftatue de Memnon, en firent réfonner une autre fus le règne de l'empereur Domitien, pour oppofer ce prétenda miracle aux progrès du chriftianifme; mas c'eft réellement porter trop loin l'audace de deviner dans l'hifto re P'Egypte, où le premier ordre f cerdotal avoit été ruiné long temps avant qu'il fût queftion du chriftianifme dans le monde. Il cft vrai que les infcriptions donte na chargé les pie s de Memnon, ne remont at point à une époque p'us reculée que le règne de Domiten; mais cela ne prouve autre

Huet (dans fon Traité fur la fituation du paradis terreftre), a exercé fon talent pour les conjectures fur l'hiftoire de Memnon. En la dépouil-chole, finon que les étrangers qui virent ce mo

lant de tout le merveilleux mythologique, n'en a t-l point fait une nouvelle fable?

nument dans des temps antérieurs, ne jugé ent point à propos d'y écrie leurs noms, comme

quelques

quelques voyageurs d'Europe ont gravé le leur au fimmer de la plus haute des pyramides.

L'abbé Gédoyn dit, dans fa Traduction de Paufanias (t. III. p. 203. ), qu'il fortoit du coloffe de Memnon un fon tel que celui des cordes d'un inftrument de musique, lorfqu'elles viennent à fe caffer. Il y a dans le texte xidapas augas; ce qui doit défigner plus pofitivement le fon des cordes qui rompent fur une cithare ou une lyre. La caiffe de pierre qui eft dans une des falles fépulchrales de la grande pyramide, retentit fur un ton à-peuprès femblable, lorsqu'on la frappe avec un inf trument de métal. «<

Un autre ouvrage (de balfate, ajoute Pline,) que l'on dit auffi confidérable que celui-ci (le Nil), a été confacré dans le temple de Sérapis à Thèbes ; on affure qu'il repréfente la jiatue de Memnon, qui rend des fons tous les jours quand les rayons du foleil levant viennent la frapper. Il ne faut pas confondre la ftatue de Memnon dont Pline parle avec celle qui fubfifte, & qui a infpiré une fi grande curiofité aux voyageurs anciens & modernes non-feulement cette dernière eft colosfale, mais elle eft de granit ; d'ailleurs elle étoit antique à l'égard de Pline, puifqu'elle étoit placée de fon temps dans l'endroit qu'elle occupe aujourd'hui, c'eft-à-dire, hors la ville de Thèbes, allez près des tombeaux des anciens rois d'Egypte, & qu'elle avoit été élevée avant la conquête que les Perfes firent de ces pays, tandis que la tatue de bafalte, que Pline préfente comme un objet beaucoup moins confidérable, étoit confacrée dans un temple de Sérapis, dont le culte n'a été introduit en Egypte que fous les Ptolémées.

MÉMOIRE. Dans les cérémonies de l'oracle de Trophonius, on faifoit boire à ceux qui venoient confulter l'eau de l'oubli & l'eau de la mémoire on les faifoit aufli affeoir fur le trône de la mémoire. Voyez TROPHONIUS. La mémoire a été auffi mife au nombre des déeffes, fous le nom de Mnémofine.

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qui tenoient regiftre des grandes actions, pour les infrire dans les actes publics, & pour en faire récompenfer les auteurs.

MEMORIALES étoient auffi des fecrétaires des empereurs, divifés en différens départemens. MEMPHIS, fils de Jupiter & de Protogénie.

MEMPHIS, dans l'Egypte. MEMOI, & MEM

ФЕІТНС.

Cette ville a fait frapper des médailles impériales grecques en l'honneur d'Hadrien, d'Antonin.

« On donne, dit M. Paw, à Memphis une enceinte de trois lieues, & il ne faut pas douter qu'on n'y ait compris de grands étangs abfolument comblés de nos jours, un parc ou une quantité de bofquets d'acacia, de palmiers, de fycomores; & enfuite tout le palais royal des Pharaons, qu'on fait avoir été étendu en longueur d'une extrémité de la ville à l'autre, parce que c'étoit probablement un amas de différens logemens où il y avoit des écuries, un férail & des chapelles. Au reste, Memphis ne s'aggrandit, & ne fe peupla qu'à mesure que Thèbes devint déferte; car il ne faut point croire que ces deux villes aient été très floriffantes à la fois, ce que la population de l'Egypte ne permettoit point; & fi on lit, dans l'ouvrage de M. d'Origny, que vingt mille villes ont pu y exifter fans faire aucun tort aux terres labourables (Voyez l'Egypte ancienne, tom. I, chap. 2.), nous dirons que de telles affertions font des rêves, qui reffemblent à ceux que ce même homme a eus fur l'île Eléphantine, dont l'étendue lui paroiffoit être prodigieufe, & nous avons déjà eu foin d'avertir que cette île n'eft qu'un point de terre dans le Nil ».

"L'aggrandiffement de Ptolémaïs & d'Alexandrie fit tomber Memphis à fon tour, & la même révolution arriva lorfqu'on bâtit le Caire, für lequel les voyageurs modernes fe font autant trompés, que les anciens fe trompoient touchant la prétendue grandeur de Thèbes. On peut être certain que l'enceinte du Caire n'eft pas à beaucoup près de trois lieues de 2500 toifes cha

cune ».

MEMPHITE, rom donné par les anciens à une pierre, qui, mife en macération dans le vinaigre, engourdiffoit les membres au point de rendre insensible à la douleur & même à celle de l'amputation. On la trouvoit, difoit-on, auprès de Memphis en Egypte.

On a donné aufli quelquefois le nom de Memphitis à une espèce d'onyx, compofée de couches, dont l'inférieure eft noire, & la fupérieure

MEMORIALES, hiftoriographes, écrivains blanche. Antiquités, Tome IV.

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MEMPHITIQUE. Voyez DANSE.

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Num. imperat. p. 173.), après la légende COL CAES. ANTIOCH., on lit le mot MENSIS, qui fe rapporte à une figure femblable aux précédentes, avec cette différence cependant qu'aux attributs déjà cités, celle-ci joint une Victoire qu'elle tient de la main gauche, & un coq qui est à fes pieds. Il paroît donc inconteftable que la figure repréfentée fur ces médailles eft celle du Mois, non-feulement perfonnifié, mais encore dé fié. En différens pays de l'Afie Mineure, & principalement en Phrygie, on rendoit un culte au Mo's appellé MHN en grec. Selon ce géographe, le Mois (lib. XII. p. 580.) avoit un ten ple entre Laodicée & Carrure, où on l'honoroit fous la dénomination particu ière de KAPOZ. Le même arteur nous apprend qu'entre Antioche de Pafidie & Synnades, le Mois étoit e core honoré comme une divinité, & que les miniftres de fon culte y étoient en trèsgrand nombre mais après la mort d'Amyntas, le temple & le culte furent détruits. Dans ce canton, le dieu Mois étoit furnommé APKA!OZ. ( Ailleurs il est nommé AZKAIOZ, peut-être fauroit-il lire AEKHNOC, comme fur la médaille de Sardes citée ci-deffus.) »

MEN ou le Dieu-Mois. « Les antiquaires, dit M. le Blond dans l'explication des pierres gravées du palais reyal, font convenus de donner le nom de dieu Lunus à une figure de jeune homme, représentée fur les médailles avec différens attributs, dont les principaux font le bonnet phrygien & le croiffant; mais il s'en faut bien que les antiquaires aient défini d'une manière fatisfaisante cette pré-effet, fi l'on confulte Str bn, on verra que dans tendue divinité. Leurs difcuffions, au contraire, n'ont enfanté que des doutes ou des affertions ridicules. La plupart ont cru fur la foi de Spartien, que le dieu Lunus n'étoit autre chofe que la Lune même. Cer hiftorien nous dit dans la vie de Caracalla, que les habitans de la ville de Carrhes croyoient, d'après une ancienne tradition, que ceux qui regardoient la Lune comme une divinité femelle étoient le jouet des femmes, & que ceux au contraire qui l'honoroient comme une divinité male, triomphoient des charmes & des artifices du beau fexe, idées puériles,& bien dignes de la fuperftition groffière qui régnoit au tems où Spartien écrivoit. Nous n'ignorons pas qu'on a quelquefois donné les deux fexes à la divinité; mais il ne feroit pas raifonnable de faire ici l'application de cette doctrine, qui d'ailleurs fut celle des orientaux plutôt que celle des grecs ».

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« Le mot Lunus ne fe trouve que dans Spartien, & cet historien cité une fois a dû l'être mille; telle eft la marche des philologues & des commentateurs, & c'est ainfi qu'à force de tranfcrire & de répéter fans examen & fans critique, on parvient à confacrer les plus infignes erreurs. Pour échapper à celle que nous combattons ici, il fuffit d'examiner les monumens & de confulter les auteurs qui peuvent fervir à les expliquer ».

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«Non loin de la ville de Cabires, appellée depuis Sébaste par la rene Pytodors qui i'avoit embellie, on voyoit un temple célébre confacré au Mois, qui y étoit honoré fous le titre de APNAKHZ. Il y avoit dans ce temple plufieurs hiérodules & un domaine facré, dont e grani-prêtre percevoit les revenus. C'étoit là, dit Strabon, que les rois prononçoient le ferment royal, en fe fervant de cette formule: Je jure par la fortune du roi & par le mois Pharnace (Strabonis l. XII. p. $57.). On ignore les véritables raisons qui ont fait donner à ce mois le nom de Pharnace, & qui l'ont rendu fi celèbre. Il n'y en a de trace ni dans Le bonnet phrygien fait affez connoître que la Strabon, ni dans aucun autre auteur. Peut-être divinité dont il s'agit, tire fon origine de Phrygie; le roi Pharnace s'étant diftingué par de grands & la multitude de médailles de cette province & bienfaits ou par de grand s actions, voulut-on des pays voifins, dont le type eft celui d'un jeune éternifer fa memoire, en appellant un mois de fon homme avec le croiffant & le bonnet phiygien, nom de même que les romains, par honneur ne laiffe fur cela aucun doute. Non feulement les pour Jules-Céfar & pour Augufte, donnèrent à médailles nous apprennent que cette divinité tire deux de leurs mois les noms de ces empereurs fon origine de Phrygie, mais il y en a même fur (Juillet & Août, qui auparavant le nommoient lefquelles fon nom eft écrit. Haim en a publié une Quintilis & Sextilis, ). Le Mois étoit honoré de la ville de Sardes (Edit. Kell. part. II. tom. comme un dieu dans prefque toute l'Afie-MiXXI.), qui préfente le bufte d'un jeune homme neure, & l'on doit préfumer que chaque Mois de avec le bonnet phrygien, le croiffant autour des l'an ée étoit encore révéré fous un nom particuépaules, & la légende MHN AZKHNOC. Sur une lier: or, c'eft dans ce fens que l'on rendoit un autre de Laodicée du Liban ( Vaillant, in Septim.cule à celui de Pharnace. Vaillant (Reg. Parth. Sever.), on voit un jeune homme debout, qui retient un cheval par la bride, avec cette légende ΛΑΟΔΙΚΕΩΝ ΠΡΟΣ ΛΙΒΑΝΩ ΜΗΝ. Un troifième de la ville de Tiberias (Vaillant, in Antonin.) offre le même jeune homme debout, avec le bonnet phrygien & la légende TIBEPIEON MHN, Enfin, fur une médaille d'Antioche de Pifidie (Patin,

hift. tom. II. p. 52.), M. Eckel (Num, vet, anec doti tab. XI. n°. 3.) & Gori (Muf. florentin.) ont publié des médailles du roi Pharnace, dont le revers préfente la figure d'un jeune homme avec différens attributs, &c. Ce type, qui a été pour eux une énigne, ne peut être autre chofe que le mois Pharnace ».

Il faut convenir qu'il y a un grand rapport entre la Lune & le dieu MHN des grecs, d'autant que la plupart des anciens peuples ont compté leurs années par mois lunaires: mais ce rapport ne prouve rien contre notre opinion. L'origine de la déification du Mois, & de fa représentation avec le bonnet phrygien & le croiffant, vient de ce que les habitans de Phrygie, après avoir adopté ou plutôt confacré la forme des mo's lunaires, imaginèrent non-feulement de déifier le Mois, & de Jui donner le croiffant pour marque de fa dépendance de la Lune, mais de le représenter encore avec le bonnet phrygien, pour s'affurer à jamais la gloire de cette invention. Son culte fut établi dans plufieurs pays, fur les médailles defquels on le voit repréfenté ».

« Le bonnet phrygien & le croiffant font, comme nous l'avons déjà obfervé, les attributs principaux du dieu Mois. On voit cependant fon bufte avec le croiffant, mais fans bonnet, & la tête couronnée de laurier, fur une médaille de Galatie (Rec. de Méd. de peup. & de villes. tom. II. pl. XXXIX.). On le voit au contraire fur une pierre gravée dans le recueil du comte de Caylus (Antiq. tom. II. pl. XLIX.), avec le corno ou bonnet phrygien, & fans croiffant: on le reconnoit fur-tout à l'étoile placée des deux côtés du bonnet; l'on doit remarquer qu'il n'a point de cou. C'est ainsi qu'on le voit fans cou & fans croiffant fur une cornaline du cabinet du duc d'Orléans, ayant feulement un bonnet phrygien parfemé d'étoiles. Une médaille d'Antiochus Dionyfus, fur laquelle il eft représenté, avec le croiffant aux épaules & le bonnet phrygien, ceint d'une espèce de diadême & orné d'étoiles (Liebe Gotha. Numar. p. 111.), ne permet pas de douter que ce ne foit la même divinité qui eft fur notre Cornaline ».

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« D'autres fois, on le voit debout, habillé à la phrygienne, avec le bonnet du pays, s'appuyant fur une hafte, tantôt fans fer & tantôt armée, portant fouvent une petite montagne, une Victoire, ou tenant la patère, & ayant à fes 'pieds un coq & quelquefois une tête de boeuf » Voyez LUNUS.

MENA ou MÉNÉ, divinité qui étoit révérée à Rome & invoquée par les femmes & les filles, comme celle qui préfidoit à l'écoulement de leur fang menstruel. Dans les dérangemens ou les fuppreffions de cette fécrétion naturelle, elles faifoient des offrandes à la déeffe Méné. Son nom vient du grec pèv, mois, ou μvn, lune. Quelques philologues la prennent pour la lune ellemême. S. Auguftin parle de Mena dans la Cité de Dieu (liv. IV.).

MENADES ou FURIEUSES. On appelloit

ainfi les bacchantes, à caufe des cérémonies étranges qu'elles faifoient dans leurs fêtes, ou elles fautoient, danfoient, couroient toutes échevelées & faifoient des contorfions extraordinaires & des actions violentes, jusqu'à tuer ceux qu'elles rencontroient, & porter leurs têtes en fautant. Voyez BACCHANTES, THIADES.

Ce mot est dérivé de paisal, être en fureur. MENÆ, en Sicile. MENAINON.

Les médailles autonomes de cette ville font: R. en bronze.

O. en or.

RRR. en argent.

Leurs types ordinaires font: Deux torches en fautoir.

Une maffue.

Une lyre.
Efculape.

Victoire dans un bige.

MENE, divinité des arabes avant la fondation du mahométifne.

MÉNAGYRTES, furnom des galles ou pretres de Cybèle, ainfi appellés parce qu'ils alloient, à certains jours du mois, ramaffer des aumônes pour la grande mère; & parce que, pour attraper de l'argent, ils faifoient des tours de foupleffe, ce que fignifie ce nom. Voyez AGYRTES; MÉTRAGYRTES, fynonyme de MENAGYRTES; BÉLISAIRE.

Ce mot eft formé de pv, mois, & d'aproptus; un charlatan.

MÉNALE, montagne d'Arcadie, qui fut le théâtre d'un des travaux d'Hercule. Une biche qui avoit les cornes d'or & les pieds d'airain avoit fon gîte au mont Ménale. Elle étoit fi légère à la courfe, que perfonne ne pouvoit l'atteindre. Hercule fut envoyé par Euryfthée pour la prendre ; il ne vouloit pas la tuer, parce qu'elle étoit con-facré à Diane. Elle exerça pendant un temps Hercule à courir après elle; mais enfin elle fut prife en voulant paffer le fleuve Ladon. Hercule l'apporta fur fes épaules à Mycènes. Le mont Menale étoit particulièrement confacré à Diane, parce que c'étoit un terrein propre à la chaffe.

Ménale étoit auffi une ville d'Arcadie, célèbre par le culte qu'on y rendoit au dieu Pan.

MÉNALIPPE, fœur d'Antiope, reine des amazones, fut faite prifonnière par Hercule dans

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« A Patra, en Achaïe, dit Paufanias, étoit le temple de Diane-Triclaria, dont la prêtreffe étoit toujours une vierge, obligée de garder la chafteté jufqu'à ce qu'elle fe mariât; dans lequel cas le facerdoce paffoit à une autre. Or il arriva qu'une jeune fille d'une grande beauté, nommée Cométho, étant revêtue du facerdoce, Mélaniprus le jeune homme de fon temps le mieux fait, le plus accompli, devint amoureux d'elle. Voyant qu'il en étoit auffi aimé, il la demanda en mariage à fon père. Le naturel des vieillards, dthftrien, eft de s'opposer toujours à ce que fouhaitent les jeunes gens, & d'être fur-tout fort peu tou chés de leurs amours; par cette raifn, Ménalippus ne put obtenir de réponse favorable, ni des parens de la fille, ni des fiens. On vit en cette occafion, comme en bien d'autres, que quand une fois l'amour nous possède, toutes les loix divines & humaines ne nous font plus de rien ».

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Mélanippus & Cométho fatisfirent leur paffion dans le temple même de Diane ; & le faint lieu alloit être pour eux comme un lit nuptial, fi la déeffe n'avoit donné des marques terribles de fa colère : car la profanation de fon temple fut fuivie d'une ftérilité générale, en forte que la terre ne produifoit aucun fruit; & enfuite des maladies populaires emportèrent beaucoup de monde. Ces peuples ayant eu recours à l'oracle de Delphes, la pythie leur apprit que l'impiété de Ménalippus & de Cométho étoit la caufe de tous leurs maux, & que le feul moyen d'appaifer la déeffe étoit de lui facrifier à l'avenir, tous les ans, un jeune garçon & une jeune fille qui excellaffent en beauté fur tous les autres. Ainfi, pour le crime de ces deux amans, on voyoit périr de jeunes filles & de jeunes hommes qui en étoient très- innocens : Jeur fort & celui de leurs proches étoient bien cruels, tand.s que Ménalippus & Cométho, feuls coupables, fembloient moins malheureux; ear du moins avoient-ils contenté leurs defiis, & les amans fe trouvent heureux de pouvoir fe fatisfaire, même aux dépens de leur vie ».

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O. en or.

O. en bronze.

Leur type ordinaire eft Silène.

MENDÈS. Ce mot défignoit un bouc dans la langue antique des égyptiens, felon Hérodote (lib. 2. cap. 46.) le grand étymologique, & Suidas, au mot Mendès. Mais Jablonski (Pantheon Ægyptiorum (lib. II. cap. 6.) n'a jamais trouvé dans les livres cophtes, le mot mendès, pour exprimer le bouc; c'est toujours celui de Bareit. Il en a conclu avec vraifen.blance qu'Hérodote s'étoit trompé, en donnant au bouc le nom égyptien du dieu dont cet animal étoit le fymbo e ; & que fon erreur avcit été copiée par les écrivains grecs qui l'ont fuivi.

Ies Grecs ont mieux connu l'origine de la divinité appellée Mendès, en l'affignant pour le fymbole de la nature ou de la puiffance créatrice de

tous les êtres fubluna.res, & en lui affimilant le dieu Pan dont l'origine grecque étoit la même. Le véritable fens du mot cophte endès eft, celui qui engendre beaucoup.

C'est dans le fens de divinité productrice, que mendès étoit un des fymboles du foleil, fource de vie pour la nature entière.

Les anciens regardoient le bouc comme l'animal le plus enclin à l'acte de la génération. Horapollon (lib. II. cap. 48.) dit même que le bouc peut s'y livrer dès le feptième jour après fa naiffance. Ces propriétés réelles & fabuleufes le firent affigner par les égyptiens pour le fymbole de mendès, & par les Grecs, pour celui de Pan, deux divinités qui, toutes les deux, étoient l'emcelle blême d'une même propriété de la nature, de tout produire.

Par la même raison, le phallus, emblême de la génération, fut un fecond fymbole de Mendès ou de Pan, adoré dans la ville de Panopolis, fous le nom de Chemmis.

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