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timus princeps, &c. Elles n'ont donc pas été monnoie. On en voit même fur lefquelles des fociétés ont mis leur nom, equefter ordo principi juventutis, cohortium prafecti principi fuo, &c. &c. Quelques-unes de plus font ironiques: telle eft felon lui la médaille de Gallien avec cette légende Galliena augufta, & au revers ubique pax. D'ailleurs les fameufes lettres initiales conob comob, cornob, &c. & autres chofes inexplicables, n'ont pas appartenu à des monnoies qui, deftinées à un ufage journalier, devoient être entendues par tous les citoyens. Pourquoi enfin les médailles ne portent-elles pas ordinairement le nom de Rome, comme elles portent celui de Lyon, d'Arles, de Trèves, de Ravenne, d'Ofca, de Bilbilis, &c. &c? Si elles étoient des monnoies, Rome en auroit fait frapper une multitude innombrable qui porteroient le nom du lieu de leur fabrique. Il est très-rare cependant de voir des médailles avec le nom de Rome pris dans cette acception. Telles font en abrégé les objections propofées par Erizzo, renouvellées par Hardouin, & combattues jadis avec quelques fuccès par Chamillard: nos réponses les feront apprécier à leur jutte valeur.

Pour flatter les empereurs, les monétaires ont pu, fans bleffer aucune loi, leur donner quelques éloges, rappeller la déférence du corps des chevaliers pour Néron, ou des chefs des cohortes pour Gallien. Mais on doit regarder avec M. l'abbé Barthelemi comme des inadvertances de monétaire le nom d'impératrice donné à ce prince, & la légende ubique pax, fi ufitée de fon temps; car le règne de Gallien fut troublé par un grand nombre de tyrans. D'ailleurs une feule médaille de ce genre ne prouveroit rien contre cent mille autres, qui toutes offient le férieux & la dignité convenables à des monumens publics. Difcns-en autant des lettres initiales conob. comob. &c: elles ont fait long-temps & font encore le tourment de ceux des antiquaires qui ont la manie de tout expliquer. Obfervons feulement que ces lettres fe trouvent quelquefois fur les médailles avec les mots officina I ou II, &c. Nous croyons que cela fuffit pour faire reconnoître des monnoies.

Quant à l'abfence du mot Roma fur les médailles frappées dans la capitale de l'univers connu, elle ne prouve pas davantage. D'abord cette abfence feule auroit pu indiquer le lieu de la fabrication, comme le mot urbs feul indiquoit Rome. On voit même quelques médailles fur lesquelles on lit Moneta urbis. Confidérons enfuite que les villes nommées fur les monnoies n'en faifoient frapper que

par

des conceffions du fénat, des empereurs, ou des proconfuls; ce qui étoit exprimé par le S. C. permiffu Cafaris, ou D. D. decreto decurionum, &c. Elles fe glorifioient de ces privilèges, & les annonçoient fur les monnoies : c'eft pourquoi leurs

noms y font placés; tandis qu'on n'y voit point celui de Rome, qui avoit effentiellement le droit de battre monnoie. Nous croyons cette réponse fatisfaifante; & nous allons donner, en faveur des médailles - monnoies, des preuves qui ne le feront pas moins.

Ne feroit-ce pas une bizarrerie que de refufer le nom de monnoie à des pièces qui ont toutes les marques, toutes les divifions & fous-divifions de la monnoie? Les médailles confulaires ou des familles, c'est-à-dire, celles qui ont été frappées du temps de la république, portent ordinairement fur l'argent la marque du denier X, celle du quinaire ou demi-denier V ou Q; celle des fefterces, II-S, & fur le bronze o. co. 000. cooo. une once, deux onces, trois onces, &c. Le petit nombre de médailles confulaires d'or, qui nous font parvenues font du même module & portent les mêmes empreintes que les confulares d'argent; elles ont été par conséquent destinées aux mêmes ufages. Toutes les médailles des familles ont donc fervi de monnoie. Le même raifonnement s'applique aux médailles impériales de tous métaux. Quoiqu'elles ne portent plus les marques de leur valeur comme les confulaires, elles ont cependant la même forme & font compofées dans le même goût pourquoi leur difputeroit-on la même deftination?

Refufera-t-on d'ailleurs de croire fur leur def tination des médailles qui l'annoncent elles-mêmes? On lit fur les médailles de Chio: ACCapia ayn, ACCAPIA TPIA, ACCAPION, ACCAPION HMICY, AIXA AKON, OBOAOC; fur une médaille de Néron en argent, APAXMH; fur celles de Rhodes, frappées en l'honneur de Nerva & de Trajan, AIAPAXMON, &c. Nous trouvons moneta Augufti, moneta Augg. fur des médailles d'Antonin, de Septime Sévère, de Trajan Dèce, de Trébonien Galle, de Volufien, de Valérien, de Gallien, de Salonin, de Pofthume, de Tetricus, de Claude le Gothique, de Tacite, de Florien, de Carus, de Carin, de Numérien, &c. &c. & fur des médailles des princeffes elles-mêmes. Au défaut de moneta, on trouve fouvent aquitas Aug. avec le même type, une femme affife ou debout, tenant une balance. C'est au nom de moneta que le roi Théodorc fait allufion, dans un paffage de Caffiodo e, que nous rapporterons plus bas en entier. Ce prince dit à l'intendant de fes largeffes chargé de faire frapper la monnoie: Monetamque facis de noftris temporibus futura facula commonere. « A l'aide de la monnoie, vous apprenez à la poltérité les événemens de mon regne ». Après la lecture d'un texte auffi formel peut-on s'étonner encore de voir fur les monnoies des anciens les monumens de leurs combats, de leurs victoires de leurs al'iances, &c? Ne fait-on pas enfin qu'Alexandre (in Plutarcho) fe moquoit

de l'attention qu'avoit Philippe fon père de faire représenter fur fes monnoies les victoires qu'il avoit remportées dans les jeux publics de la Grèce?

On trouve enfin des millions de médail'es contremarquées; c'est une preuve certaine que ces pièces ont fervi de monnoie, comme nous l'avons prouvé à l'article CONTREMARQUE. Appellerat-on d'ailleurs du nom de jetton ou de celui de médaille, pris dans l'acception moderne, l'amas prodigieux de pièces antiques trouvées en Bretagne il y a quelques années, & dont le nombre paffoit vingt mille. On imagine à peine une collection de jettons auffi nombreuse. Reconno:ffons plutôt dans cet amas étonnant de monnoies un tréfor perdu dans un marais, qui aura été defféché par la fuite, ou dans un terrein couvert, & abandonné fucceffivement par les eaux. Que doiton penfer des dix-huit cents Probus de petit bronze, poffédés autrefois par l'abbé de Rothelin, & qui avoient tous des différences? Perfonne ne s'obstinera, fans doute, à en faire des médailles ordinaires. Il faut donc regarder les médailles antiques comme de vraies monnoies, ou bien il faut admettre une merveille qui eft incroyable, & qui fe renouvelleroit cependant tous les jours. La voici en deux mots : toutes les monnoies antiques auroient été détruites ou perdues, tandis que des millions de médailles, de pièces de plaifir, de pièces de largeffe fe feroient conLervées précieufement, & fortiroient à chaque inftant des entrailles de la terre pour enrichir les Cabinets des curieux. Cette abfurdité eft révoltante.

Les MÉDAILLONS ont tous fervi de monnoie, fi l'on en excepte un fort petit nombre.

Mahudel publia, en 1727, des réflexions fur les caractères & l'ufage des médaillons antiques. Il y établiffoit que le nom de médaillon doit être réfervé exclufivement pour des pieces plus fortes que les médailles, & dont le poids ne feroit pas multiple du poids des médailles. Nous avons été long-temps de fon avis; mais la lecture d'un paffage de Lampride, que M. Dupuis a éclairci, nous a fait changer de fentiment. Ce texte fervira à déterminer avec précision la nature des médaillons, avant d'en rechercher l'ufage.

Alexandre Sévère décria & fit fondre les formes binaires, ternaires, quaternaires, dénaires, & au deffus, les formes du poids de deux livres, & même centenaires, inventées par Elagabale; de forte que ces formes ne furent plus appellées que matière. Cet empereur difoit qu'elles forçoient un fouverain à être plus libéral qu'il ne vouloit l'être; car en fe servant des formes, dont une feule valoit dix pièces d'or, ou plus, il ne pouvoit donner moins de trois, cinq, dix formes, c'est-à-dire, trente, cinquante ou cent aureus d'or;

tandis qu'il auroit paru auffi généreux en ne donnant que dix pièces d'or, quoiqu'elles ne valuffent qu'un aureus chacune ».

Si l'on eût préfenté à Mahudel des formes ternaires & centenaires, les auroit-il placées au rang des fimples médailles, ou les auroit-il reconnues pour des médailles? S'il ne les avoit appellées que médailles, parce que ces formes étoient multiples de l'aureus, on n'auroit plus alors de caractères fixes pour diftinguer les médaillons, puifqu'il ne tenoit aucun compte du volume: ce caractère eft cependant celui qui frappe le plus, & qui peut feul établir la ligne de féparation.

Cet antiquaire auroit-il reconnu les formes d'Elagabale pour des médaillons? Alors la règle qui fert de base à son fyftême feroit détruite ; le volume feul diftingueroit en effet les médaillons des médailles, quoique celles-ci fuffent fousmultiples des premiers. C'eft le fentiment que nous avons embraffé, & le volume feul détermine notre jugement. Nous croyons cette opinion fimple & méthodique: elle a l'avantage de laiffer feules les médailles proprement dites d'or & d'argent, en réuniffant pour les fuites des médaillons les pièces d'un module fupérieur, telles que les didrachmes, les tridrachmes, les tétradrachmes, & au-deffus, les ciftophores enfin, et toutes les groffes monnoies grecques, qui fe font autant. remarquer par leur volume que par la beauté du travail. Grace à cet ordre, il regnera dans tous les cabinets une uniformité que l'on n'y a jamais connue. Telle pièce qu'un amateur éclairé laiffe parmi les médailles, ne fera plus rangée avec les médaillons, felon le goût ou le caprice d'un autre curieux, comme on le voit tous les jours avec regret.

Ceux qui ont adopté le fyftême de Mahudel, n'ont placé avec les médaillons que le très-petit nombre de pièces dont les fous-multiples leur font inconnus. Ont-ils cependant comparé avec le poids de leurs médaillons celui des médailles qui exiftent dans tous les cabinets, pour pouvoir affurer qu'aucune d'elle n'eft une fous divifion de leurs médaillons? Ofent-ils avancer que les fousmultiples de ceux-ci n'ont jamais exifté? Nous, croyons ces difficultés infurmontables. Pour les éviter, & mettre dans les monnoies antiques un ordre clair & fimple, nous donnerons le nom de médailles d'or & d'argent aux aureus & à leurs fous multiples, aux deniers & à leurs fousmultiples, & aux pièces analogues à celles-ci, dans quelques contrées qu'elles aient été frappées. Le nom de médaillon restera alors affecté indiftinctement à toutes les pièces d'or & d'argent dont le volume ou le poids excède fenfiblement ceux des médailles. Nous ne parlerons pas du bronze, parce que les trois modules font bien prononcés

& en fixent invariablement les divifions. Les Les pièces de bronze plus fortes que les trois modules, feront les médaillons de ce metal.

Après avoir déterminé le fens du mot médaillon, nous allons prouver que toutes les pièces auxquelles on doit appliquer ce nom ont fervi de monnoie, fi l'on en excepte un petit nombre. Nos preuves fubfifteroient dans toute leur force, lors même qu'on reftreindroit encore, avec Mahudel, le fens du mot médaillon.

Perfonne ne refufera, fans doute, de reconnoître des monnaies dans les médaillons qui font multiples d'une pièce avouée généralement pour monnoie; tels font les médaillons grecs des rois, des républiques anciennes & des villes autonomes. Le nom de tétradrachmes & des autres multiples de la drachme, explique formellement leur deftination. Les ciftophores, felon Tite-Live, étoient égaux en valeur aux tétradrachmes attiques. D'ailleurs la province d'Afie acquittort fes tributs avec des ciftophores, feales pièces que la république romaine recevoit d'elle en parement. Il faut donc reconnoître pour monnoies, d'abord les ciftophores, enfuite les tétradrachmes & leurs fous multiples, plus fortes que la drachme, & par analogie, tous les médaillons grecs qui font de même poids & de même forme, quoique la cifte facrée n'y foit pas empreinte.

Pour ce qui eft des tétradrachmes des empereurs, leur rareté les fait qualifier de médaillons par ceux mêmes qui refufet ce nom aux multiples des aureus & des deniers. Ainfi nous n'avons qu'à les nommer pour y faire reconnoître des monnoies, nous qui appellons médaillons toutes pièces plus fortes que des médailles; tel eft ce beau médaillon d'or de l'empereur Augufte, trouvé dans Herculanum: il pèfe, felon les rédacteurs des Monumenti d'Hercolano, 1 & de Naples, égale à 8 gros un peu plus de France. Les aureus d'Augufte pèlent ordinairement deux gros à-peu-près; ainfi le médaillon d'Herculanum eft quadruple de l'aureus: tels font les médaillons d'or de Domitien, de Commode, du cabinet du ro:, pefés par M. l'abbé Barthelemi.

once

Ces pièces d'un plus grand volume auroient eu fans doute un noin différent de celui des médailles, fi elles n'euffent pas été monnoie comme elles. Les romains cependant n'ont connu que les deux fynonymes nummi & numifmata. Capitolin emploie le premier, lorsqu'il dit que Lucius Verus, étant jeune, s'amufoit a jetter dans les cabarets de très-groffes pièces de monnoie, pour caffer les verres des buveurs (nummos maximos). Il faut obferver que Marc-Aurèle, qui avoit affocié ce prince à l'empire, a fait frapper un grand nombre de médaillons & de médailles du plus

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gros volume. On auroit certainement créé un mot particulier pour ces pièces extraordinaires que jettoit Lucius Verus, fi elles euffent été autre chofe que de fortes monno es, & Capitolin l'auroit fubftitué à celui de groffes monnoies. Il paroît évident que ce mot n'a jamais exifté, & c'est pour nous une preuve fans réplique.

Il eft auffi difficile de répondre à l'induction que nous tirons en faveur de notre opinion, des types qui décorent les médaillons romains de tous métaux; ces types & leurs légendes font abfolument les mêmes que ceux des médailles. On trouve en effet fur les médaillons, dans le haut comme dans le bas empire, & fur-tout depuis Gallien jufques aux Conftantins, la figure de la déeffe Moneta, tantôt feule, tantôt fous l'emblême de trois femmes, portant chacune une balance. C、s fymboles font accompagnés des légendes ufitées en pareil cas: Moneta Aug. Equitas Aug Moneta Augg. & fur un médaillon de Crifpus, Moneta urbis veftra.

Ne voit-on pas fur les médaillons les deux lettres S. C. qui font ordinairement placées fur les médailles de bronze des trois modules, & qui annoncent l'autorité du fénat? Aucun écrivain n'a dit cependant que le fénat fit des largeffes ou des libéralités. Les pièces qui portent la marque du fenatus confulte quelque grandes & fortes qu'elles puiffent être, n'ont donc été frappées par l'ordre de cette compagnie que pour fervir de monnoies. Quoique ces deux lettres S. C. ne foient pas toujours empreintes fur les médail ons grecs des empereurs, ces pièces ne doivent pas être exclues du nombre des monnoies; car les lettres S. C. y font remplacées par ces mots : ΕΠΙ ΑΝΘΥΠΑΤΟΥ, ΕΠΙ ΠΡΕΣΒΕΥΤΟΥ, ΑΡΧΟΝΤΟΣ, &c. qui en font les équivalens.

Au refte, cn obferve généralement fur les médaillons de tous métaux, qu'ils font auffi ufés que les médailles. Cette deftruction a certainement la même caufe, le frai, c'est-à-dire, le frottement continuel auquel la circulation expofe toutes les monnoies; les médaillons fervoient donc au même ufage, quoiqu'ils fuffent beaucoup plus rares.

C'eft envain que l'on objecte cette rareté aux partifans des médaillons-monnoies. Existe-t-il un peuple chez lequel les pièces du plus grand module foient, nous ne dirons pas en nombre égal, mais dans la proportion d'un à mille, avec les fous-divifions de la monnole? Bien loin d'affoiblir notre opinion, cette rareté fortifie au contraire les rapports que nous avons établis entre les monnoies fous-multiples & multiples d'une part, & de l'autre les médailles & les médaillons. Ceux-ci portent fouvent encore un caractère qui

ne convient qu'aux monnoies ; c'est la contremarque. Nous en avons déterminé plus haut l'objet, qui a toujours été relatif au commerce dans lequel rentroient les médaillons, après avoir été dans leur origine des pièces de largeffes.

T'elle a été, fans doute, leur première deftination. On pourroit croire que les partifans des médaillons-monnoies les exclueroient du nombre des pièces de largeffes ; & ne trouvant plus alors de ces dernières, on feroit de ce vuide une forte objection contre leur fytême; mais nous fommes bien éloignés de penter anfi. Quoiqu'on ne life pas fur les médaillons, liberalitas I, II, III, iv, &c. comme on le voit fouvent fur les médailles; nous croyons cependant qu'ils ont fervi au même ufage. Les empereurs les ont fait trapper pour les diftribuer dans les jours folemnels, dans des occafions d'éclat, afin que leur volume rendît la diftribution plus magnifique. Les poffeffeurs de ces pièces étoint enfuite les maîtres d'en faire ufage pour les befoins de la vie & du commerce. Nous tirons cette conclufion naturelle d'un texte de Caffiodore; cet écrivain faifant l'énumération des charges de la maifon de Théodoric, qui étoit formée fur le modèle de la maison des empereurs, rapporte la formule du brevet des intendans de fes largeffes. Le prince y dit de ces larg fles : Vous leur donnez un nouveau » relief en gravant notre effigie fur ces monu» mens, qui font d'un ufage journalier ; & à l'aide de ces monnoies, vous faites paffer à la postérité le fouvenir de notre règne. Verum » hanc liberalitatem noftram alio decoras obfequio, » ut figura vultûs noftri metallis ufualibus impri» matur, monetamque facis de noftris temporibus futura facula commonere ».

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Les pièces de largeffes étoient donc destinées à avoir cours avec les pièces de monnoie, metallis ufualibus.

attribuer le même ufage. Les bélières qui font fixées au médaillon de Treticus, nous montrent qu'il a été destiné pour fervir d'orne: ent; c'est li peut-être un de ces dona militaria donnés par les chefs, & qui étoient des récompenfes militaires. On doit mettre à la fuite de ces médaillons les pièces qui font bordées par des cercles ornés de moûlure, & qui ont un volume double de celai des monnoies auxquelles leurs types font communs; tantôt les cercles font faits du même métal que ces pièces extraord naires, & alors ils font continus avec le champ; tantôt ils font compofés d'un métal, ou plutôt d'un alliage différent de celui du médaillon avec lequel ils ont été foudés avant d'être placés entre les coins. Quelquefois même le cercle fait d'un métal ou J'un alliage différent, eft lui-même enfermé dans une bordure dont la matière diffère encore de la fierne. On voit dans ces fingularités un deff in arrêté de les mettre hors du commerce. Ces médaillons extraordinaires fervoient d'orn mens aux enfeignes militaires, foit qu'on les y pendit avec des bélières, foit qu'on les y fixat par des trous percés au milieu de leur diamètre, soit enfin qu'on les encaltrât d'espace en efpace; ils portoient alors le nom d'images facrées, & c'étoit à ces images que l'on adreffoit les fermens militaires.

Peut-être employoit-on au même ufage les médaillons qui étoient compofès de deux aliages différens, & qui font fac les à diftinguer de ceux dont nous venons de parler; car la légende s'étend dans les premiers & mord fur le métal extérieur, de manière que celui-ci n'eft plus une bordure ou un fimple ornement. Les méiaillons extraordinaires n'ont jamais fervi de monnoie. On en doit dire autant des pièces qui, dans le temps de leur fabrication, ont été argentées, dorées ou furdorées; des médailles fpintriennes, qui ont été fabriquées pour fervir aux débauches de Tibère; & des médailles CONTORNIATES, qui font le fujet d'un article particulier de ce Dic

On peut affurer, après des témoignages aufitionnaire. précis & des raifonnemens aufli convainquans, que les médailles & les médaillons ont tous fervi de monnoie, fi l'on en excepte un petit nombre, que nous allons déterminer.

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Quelques MEDAILLES particulières, les contorniates & quelques MEDAILLONS finguliers n'ont pas fervi de monnoies; mais ils ont été deftinés à des usages différens.

Nous placerons à la tête des pièces de métal antiques qui n'ont pas été des monnoies, le magnifique médaillon d'or de Juttinien, qui appartient au roi : il a plus de trois pouces de diamètre, & plufieurs lignes de relief; fon volume extraordinaire & pareil à un médaillon d'or de Tetricus, appartenant à la même collection, doit lui faite

En réuniffant fous un feul point de vue les différentes recherches qui compofent cet article, on verra que les médailles & les médaillons antiques, à quelques légères exceptions fixées cideffus, ont fervi de monnoies; les contorniates feules ont été deftinées à d'autres ufages.

Quant à l'époque où les grecs & les romains. ont commencé à mettre fur les monnoies les effigies des hommes célèbres, comme nous les plaçons fur les médailles modernes, on ne fauroit la fixer avec précision. On voit en effet la tête d'Homère, & celles d'autres hommes illuftres, fur des médailles grecques, dont la fabrique'annonce la plus haute antiquité. Chez les romains au contraire la fabrique des monnoies des familles

confacrées aux hommes célèbres,montre que l'ufage d'y placer leurs têtes ne remonte pas avant le cinquième fiècle de la république.

Nous avons, parmi les médailles qui compofent tous les cabinets, des pièces qui fe trouvent antiques dans une forte de métal, ou dans une grandeur, & qu'on ne trouve point dans les autres fuites. On ne doit cependant pas conjecturer que parce qu'on ne les a pas découvertes jufqu'ici, on ne les trouvera jamais antiques; la raifon & l'expérience prouvent le contraire, puifqu'il est hors de doute que dès qu'on a fabriqué des médailles, foit pour un empereur, ou pour quelque perfonne de fa famille, on peut en avoir frappé dans les trois métaux, d'or, d'argent & de bronze, & même de différentes grandeurs quoique jufqu'à préfent il y ait des fuites où il manque plufieurs têtes. Nous n'avons point d'Othon fabriqué à Rome du confentement du fénat, par la raifon que le fénat ne fe déclara pas pour ce prince: il voulut, avant que de le reconnoître pour fon maître, & faire en conféquence fabriquer de la monnoie de bronze à fon nom, voir terminer la guerre qui s'étoit élevée entre ce prince & Vitellius, fon compétiteur à l'empire; mais cette raison, qui fubfifte pour les médailles de bronze, à l'égard d'Othon & de Pefcennius Niger, ne peut avoir lieu pour les autres règnes, puifque, comme on vient de le dire, on ne fabriquoit pas une feule forte de médailles; & dès qu'on en a trouvé d'une espèce, on peut en découvrir de celles qui nous ont manqué jufqu'à préfent.

La terre n'a pas encore rendu tous les trésors de médailles que les débris de tant de fiècles lui ont confiés. On ne connoiffoit pas l'Annia Faufzina d'argent, qu'on a heureufement trouvée, & qui a paffé dans le cabinet du roi d'Espagne; & depuis deux fiècles qu'on a commencé à former des cabinets de médailles, elle étoit échappée aux recherches des antiquaires. Il en eft de même de l'Orbiana d'or, & Vaillant avoit affuré qu'elle ne fe trouvoit pas ; cependant il en eft entré depuis ce temps une à fleur de coin dans le cabinet du roi. On fait affez fouvent de ces heureufes découvertes; il y a peu de curieux paffionnés qui ne rencontrent, avec le temps, des pièces fingulières, ou même uniques.

Beauvais avoit trouvé un magnifique médaillon de bronze d'Hadrien, au revers duquel eft Cos. iij, avec la louve & les deux enfans. Cette pièce étoit inconnue. Il' découvrit une médaille encore plus fingulière, c'eft un Sévère Alexandre de grand bronze, dont la légende du revers eft POTESTAS PERPETUA, avec le type de la Sécurité affife; elle n'eft nullement équivoque. C'eft un titre qu'on n'avoit point encore vu à aucun empereur

romain ; il ne doit pourtant pas paroître étranger à ce prince, puifqu'on trouve au revers de fes médailles d'argent PERPETUITATI aug. qu'on ne voit que fur les médailles.

Ces médailles, ainfi que nombre d'autres qu'on pourroit citer, foit pour les têtes, foit pour les revers, ne refteront vraisemblablement pas uniques, & l'on n'en a pas fabriqué un affez petit nombre pour défefpérer de les voir multipliées. Il eft vrai que leur dégré de rareté fubfiftera jufqu'à de nouvelles découvertes. Ainfi, quoique nous n'ayons point encore vu de Gordiens d'Afrique, de Maximus & de Pauline d'or, &c. il n'eft pas impoffible qu'on en découvre dans la fuite; puifque dès qu'on en a fabriqué en argent & en bronze, il eft naturel de penfer qu'on peut en avoir fait en même-temps en or, & ainfi des

autres.

Il y a des auteurs qui ont avancé qu'ils n'avoient jamais trouvé deux médailles qui paruffent avoir été frappées dans le même coin, & qu'il n'étoit pourtant pas croyable que l'on eût gravé un nouveau coin pour chaque médaille. Cela ne peut être en effet; car Beauvais affure qu'il en a vu plufieurs, & entr'autres deux de Galba en grand bronze, parfaitement confervées, qui avoient été fabriquées dans le même coin ; & on en trouveroit beaucoup, fi les médailles de bronze nous étoient toutes parvenues à fleur de coin; mais on les trouve la plupart fruftes, c'est-à-dire, ufées, & hors d'état par conféquent de pouvoir être comparées avec celles qui n'ont point de défauts.

Nous ne parlerons pas, dans cet article, des médailles égyptiennes avant les Ptolémées, parce qu'elles fe réduisent à une ou deux; c'eft pourquoi elles trouveront mieux leur place à l'article MONNOIE.

Il y a des médaillons d'or, d'argent & de bronze; & comme ceux d'or font fort rares, les antiquaires qui en pofsèdent, fe contentent de les mettre à la tête de l'or ou de l'argent, pour faire l'honneur de leur cabinet.

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Le cardinal Gafpard Carpegna eft un des premiers qui fe foient attachés à former une fuite de médaillons. Cependant, dans la première édition de fon Recueil, on en fit graver feulement vingttrois & on donna la defcription de quarantecinq. Dans la fuite, cette collection s'étant fort augmentée, dans la feconde édition, à laquelle on ajouta les obfervations de Buonaroti, on en fit graver jufqu'à cent vingt-neuf. Vaillant en a décrit environ quatre cents cinquante, depuis Céfar jufqu'à Conftance Céfar jufqu'à Conftance, qu'il avoit vus dans différens cabinets de France & d'Italie. On publia

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