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autres croient que la patrie de l'opobalfamum eft la! Judée ou l'Egypte; mais il eft confiant que ni la Judée ni l'Egypte ne font les pays où ce baume vient de lui-même. On ne trouve aucun arbre qui porte ce baume dans la Judée; & du temps de Bélon, on n'y en trouvoit pas non plus. Strabon a cu raifon de dire qu'on le trouvoit dans l'ArabieHeureufe, qui eft effectivement la feule patrie de ce baume.

Les anciens ne recueilloient uniquement que le baume qui découloit de l'écorce de l'arbre, auquel ils faifoient une incifion; & ils en retiroient une très-petite quantité. Aujourd'hui il y a deux efpèces de ce baume, felon Auguftin Lippi. La première peut être appellée le véritable baume, & c'est celui qui coule de lui-même ou par l'incifion qu'on fait à l'écorce; mais on en retire une fi petite quantité, qu'à peine fuffit-elle pour les habitans & pour les grands du pays, & il est très rare que l'on en porte ailleurs. L'autre espèce eft le baume de la Mecque & de Conftantinople, qui eft encore précieux, & qui parvient rarement jufqu'à nous, fi ce n'eft par le moyen des grands qui en font des préfens..

On mêloit de l'opobalfamum aux cendres des perfonnes riches. L'infcription fuivante (Guther. de jure man. 2. 22. .) en fait foi:

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OPOC ARPASUM ou OPOCALPASUM, fuc végétal qui reffembloit à la meilleure myrrhe liquide, que l'on mêloit fouvent avec elle par l'amour du gain, & dont on ne pouvoit facilement la diftinguer. Ce fuc caufoit l'affoupiffement & une efpèce d'étranglement fubit. Galien rapporte qu'il a vu plufieurs perfonnes mourir pour avoir pris de la myrrhe dans laquelle il y avoit de l'opocarpafum, fans qu'ils le fuffent. Aucun des anciens n'a pu nous apprendre de quelle plante, de quel arbre ou de quelle herbe étoit tiré le fuc que P'on appelloit opocarpafum, & aucun auteur moderne ne le fait encore aujourd'hui.

OPOPANAX. L'opopanax, appellé ainfi en grec, de même qu'en françois, fe dit en latin opopanacum; c'eft un fuc gommeux, réfineux, qui nous vient en grumeaux, environ de la groffeur d'un pois, tantôt plus grands, tantôt plus petits, rouffatres en-dehors, d'un jaune blanchâtre endedans, fort amers, âcres, de mauvaise odeur, d'un goût qui excite un peu la naufée, gras & cependant friables.

On apporte l'opopanax d'Orient; mais nous ne favons point du tout de quelle plante il vient. Il a été connu des grecs. On le tire, felon Galien, du panax héracleus, dont on coupe les racines & les tiges; mais il n'y a rien de certain dans les auteurs fur le panax heracleus; c'eft une plante qui nous eft inconnue.

L'opopanax s'enflamme comme les réfines; il fe diffout dans l'eau comme les fubftances gommeufes; mais il rend l'eau laiteufe à caufe de la grande quantité d'huile.

OPORICE, 'wagon. C'eft un remède fort vanté, que Pline (Liv. XXIV. ch. 14. ) nous dit être compofé de quelques fruits d'automne. Il y entroit cinq coins, autant de grenades, du fumach de Syrie & du fafran. On faifoit bouillir le tout dans un conge de vin blanc, jufqu'à confiftance du miel. Ce remède étoit employé pour les diffenteries & pour les débilités de l'eftomac. Le mot oporicé et dérivé du grec agn, qui veut dire automne ou le fruit de cette faifon.

OPOROTHECA, endroit où l'on renfermoiz les fruits d'automne. Varron (De re ruftic. I. 59.) décrit la manière dont il faut difpofer l'oporotheca. Ce mot eft formé de őzwęŋ, automne, & de brun, dépôt.

OPOS. Ce nom grec indique chez les anciens. médecins le fuc des plantes, foit qu'il découlât naturellement ou par incifion; mais Hippocrate emploie ce mot pour défigner le fuc du Silphium, qu'on nommoit le fuc par excellence, comme nous appelions aujourd'hui l'écorce du quinquina, fimplement l'écorce.

OPPIA, famille romaine dont on a des mé dailles :

O. en or.

O. en argent. R. en bronze,

OPPIDUM. Ce mot latin défigne ordinairement une petite ville, fouvent ce que nous appellons un bourg; mais les anciens, fur tout les poëtes, employoient indifféremment les mots urbes

& oppida. D'un autre côté, les auteurs en profe, les orateurs eux-mêmes, ont employé ces deux mots indiftin&tement, ce qui montre qu'ils les ont regardé comme fynonymnes. Cicéron dit que le mot oppidum venoit du fecours que les hommes s'étoient promis naturellement en demeurant les uns auprès des autres: Oppida quòd opem darent. Les habitans étoient nommés oppidani. (D. J.)

OPPIDUM On appelloit ainfi toute l'extrémité du cirque où étoient les barrières, carceres: Oppidum dicitur & locus in circo, undè quadriga mittuntur.

OPPONERE, fe difoit d'un cocher du cirque qui, ayant paffé tous fes concurrens, fe voyoit vivement preffé par l'un d'eux qu'il ne pouvoit arrêter qu'en rangeant fon char de manière que celui de fon adverfaire vînt fe brifer contre lui, ou du moins fe heurter fi vivement, que le cocher fut culbuté de fon fiég. C'elt cette action que l'on exprimoit par le mot opponere.

OPS, la même divinité que Rhea, ou Cybèle, ou même la Terre, que l'on a furnommée Ops, à caufe des grands fecours que l'on en tire pour la vie, ou peut-être parce que toutes les richeffes (en latin opes) viennent de la terre, comme dit Cicéron au livre II de la Nature des dieux. On repréfentoit Ops fous les traits d'une matrone vénérable qui tendoit la main droite, com ne pour offrir fon fecours à tout le monde, & qui, de la main gauche, donnoit du pain à des pauvres. T. Tatius, roi des Sabins, fut le premier qui voua & bâtit un temple dans Rome à cette divinité ; on y dépofuit le tréfor public. Tullus-Hoftilius lui en bâtir un autre, conjointement avec Saturne. Ceux qui facrificient à cette décffe, étoient affis pendant le facrifice, pour marquer la ftabilité de la terre. On lui immoloit, au mois d'Avril, une vache pleine & des truies.

S. Auguftin qui, à l'endroit cité, réduit tous les dieux & les déeffes à l'ame ou l'efprit du monde, animus mundi, en tant qu'il a quelque propriété, dit que cet efprit du monde, en tant qu'il prête fon affiftance aux femmes en couches, & qu'il reçoit leurs fruits fur le fein de la terre, eit appellé Ops.

OPSONOME, nom d'un magiftrat de police à Athènes. Il y avoit deux ou trois opfonomes, que l'on avoit tirés du fénat ou du confeil. Leur office étoit de veiller fur la poiffonnerie, ou le marché au poiffon, & d'avoir foin que tout s'y fît dans l'ordre & felon les loix. (Samuel Petit, Comment. ad leg. att. l. V. tit. 3.)

OPTÈRES,

}

OPTERIES, préfent que l'on faifoit à un enfant la première fois qu'on le voyoit. Ce mot vient du grec roμar, je vois. Opterie le difoit auffi des préfens qu'un nouveau marié faifoit à fon époufe, quand on le conduifoit chez elle, & qu'on le lui préfentoit (Voyez Bartholin, de puer. veter.), & du prix des places au theatre.

OPTILÉTIS, furnom de Minerve, & qui fignifie la déeffe aux bons yeux. Ce furnom eft formé du mot es, qui, en langue dorique, fignifie

œil.

OPTIMATES, terme dont on fe fervoit autrefois pour défigner une des portions du peuple romain, qui étoit oppofée à populares. Voyez POPULAIRE.

Selon la diftinction des optimates & des populares, donnée par Cicéron, optimates étoient les meilleurs citoyens, & ceux qui ne cherchoient dans leurs actions que l'approbation de la plus faine partie ; & les populares au contraire, fans fe foucier de cette espèce de gloire, ne cherchoient pas tant ce qui étoit jufte & bon en foi, que ce qui étoit agréable au peuple, & qui pouvoit leur Dans une infcription rapportée par Gruter (P. être utile à eux-mêmes ( Cicer. pro Sexto, c. 45. ). 26. 3.), il eft dit que fous le confulat de L. Mu- D'autres difent que les optimates étoient les plus natius Verus & de C. Terentius Felix, on defigna ardens défenfeurs de la dignité des premiers maun emplacement pour un temple d'Ops & de Sa-giftrats, & les plus zélés pour la grandeur de turne; &, ce qui eft fingulier, Ops eft nommée l'état, qui ne s'embarralloient point que les memavant Saturne. Une autre infcription faite fous bres inférieurs de l'état fouffriffent, pourvu que Pertinax ( Ibid. n. 4. )., lui donne le titre de di- cela fer.ît à augmenter l'autorité des chefs; & vine, & lui adjoint la Fortune: que les populares, au contraire, étoient ceux qui recherchoient la faveur du bas peuple, & qui l'excitoient à demander les plus grands priviléges pour contrebalancer la puiffance des grands.

OPI DIVINE ET FORTUNÆ
PRIMIGENI AE SACR. &c.

Ce font les deux feules infcriptions que l'on trouve gravées à l'honneur de cette déeffe fous le nom d'Ops. (Voyez Varron, de L. L. lib. IV. C. 5. Denys d'Halicarnaffe, L. II. & I, III. S. Auguftin, de civit, lib. IV. c. 11.)

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fénat & le peuple qui le donnent à l'empereur : S. P. Q. R. optimo principi. Auffi ne fe trouve-til placé de la forte que dans les premières années de fon règne; mais quand le mot optimus eft du côté de la tête, c'est un véritable furnom, un nom diftinctif de Trajan, qui fe faifoit honneur de le mériter, & qui permettoit qu'on le gravât fur les médailles. Alors Trajan non-feulement le joignoit à fes autres titres, mais il le plaçoit même avant le titre d'Augufte, qui précédoit toujours les furnoms de Germanicus, Dacicus, Parthicus. Auffi fon fucceffeur, Hadrien, qui, en vertu de fon adoption, avoit droit à tous les noms que Trajan avoit portés, a fait graver plufieurs de fes propres médailles, & fur-tout celles où on lit le mot ADOPTIO, avec cette légende partagée fur les deux côtés de la médaille: IMP. CES. TRAJAN. HADRIAN, OPT. AUG. GER, DAC. PARTHIC. DIVI. TRAJANI, AUG. F. P. M. TR. P. COS. PP. On ne doit pas accufer Trajan de vanité pour avoir adopté un titre fi flatteur; il le fit plutôt pour déférer aux volontés de fes fujets, & pour prendre avec eux une espèce d'engagement public de ne jamais ceffer de le mériter.

OPTIMUS-MAXIMUS. C'est le nom le plus ordinaire que les romains donnoient à Jupiter, comme étant celui qui caractérisoit le mieux la divinité dans fes deux principaux attributs, la fouveraine bonté & la fouveraine puiffance.

OPTIO,

OPTION, lieutenant que le tribun des foldats donnoit au centurion pour l'aider dans fes fonctions, & que l'on nommoit fuccenturion ou option, parce que dit Feftus: Centurionibus permiffum eft optare, & nomen ex facto fortitus eft. Ils prirent ce nom, parce que, dans les commencemens, les centurions eurent la liberté de fe les choifir; mais depuis, ils étoient obligés de les recevoir de la main des tribuns. Ces officiers s'appelloient auffi accenfes.

OPTIO carceris Ulpian. lib. VI. ff. de bon. damn.), aide du geolier & du bourreau.

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Les égyptiens & les phéniciens font les premiers peuples qui aient exploité les mines. Les feconds ont étendu leur induftrie jufqu'à celles de l'Espagne, & ce fut la fource d'une grande partie de leurs richeffes.

Les perfes poffédoient abondamment de l'or & de l'argent, comme il paroît par les récits des hiftoriens, & la mention fréquente qu'ils font des mines d'or des Perfes. Is tirèrent, fans doute, de l'Inde, les métaux précieux, ou des provinces limitrophes de l'Afie-Mineure.

Les grecs exploitèrent foigneufement les mines d'argent de l'Attique. L'or fut toujours étranger à leur territoire. C'étoient les macédoniens & les thraces qui le tiroient (Hérodot. 7. ) du mont Pangée & des autres montagnes de la Macédoine, des Noriques, de la Pannonie, de Proconnèfe, de l'Illyrie, &c. C'eft pourquoi les médailles d'or des villes & des isles Grecques font fi rares; tandis que l'on en a abondamment des rois de Macédoine.

Il paroît que les grecs exploitèrent les mines d'Efpagne; car le plus grand nombre des mots

OPTIO fabrica, chef ou inspecteur d'une fa- employés dans ces mines, étoient grecs d'oribrique.

OPTIO tabellariorum ftationis marmorum. On lit dans une infcription rapportée par Gouthier (De offic. Dom. Auguft. 3. 19.), ces mots qui défignent peut-être le chef des écrivains commis à un enregiftrement.

OPTIO, dans Procope ( Perfic. 3.), défigne un officier chargé des détails domeftiques de l'empereur.

OPUNTII, dans la Locride, OПONTION.
Antiquités, Tome IV.

gine. Tel agoga, galeries; arrugia ou arugia, or tiré des mines par oppofition à l'or des rivières. Arugia vient probablement de òguyías, foffe, excavation, & agoga de żywyn, transport.

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Le Piémont renfermoit des mines que les Romains exploitoient foigneufement. Mais Pline (33. 4.) dit que l'on fit une loi pour empêcher d'employer plus de 5,000 ouvriers à celle de Verceil.

Les phéniciens dès les temps les plus reculés, alloient jufqu'atix isles Britanniques pour en rapporter l'étain, dont ces isles femblent être la patrie naturelle. Ils recevoient auffi fur les côtes des Gaules, l'or que leurs habitans ramaffolent dans les fleuves. On fait combien la conquête des gaules produifit de richelles métalliques à Céfar.

Les anciens fe fervirent pour exploiter les mines, à peu-près de tous les moyers employés aujourd'hui. Tantôt ils retiroient l'or du fable des rivières aurifères, tantôt ils creufoient les flancs des montagnes, tantôt ils travailloient à ciel ouvert, tantôt avec le fer, tantôt avec le feu & le vinaigre, &c. L'amalgame du mercure étot employé par eux pour la féparation des métaux riches, l'alun & le vitriol martial pour l'affinage, &c.

Les mines étoient fous la protection de Pluton, & l'on a déterré dans la vigne du marquis Belloni, à Rome, l'infcription fuivante qui fait reconnoître Pluton, ou le Jupiter-Inférieur, cette attribution.

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Pour completter cet article, voyez chaque métal & demi- métal en particulier. Voici ce qui regarde l'or.

A l'article MONNOIE on trouvera le rapport de l'or à l'argent, chez les romains, depuis l'an de Rome 547, jusqu'au règne de Conftantin.

Le commerce què les égyptiens faifoient avec les éthiopiens, dit M. Paw, étoit fort avantageux aux marchands de l'Égypte qui recevoient par-ià beaucoup de poudre d'or, dont une partie paffe encore de nos jours à la côte occidentale de l'Afrique: une autre reflue en Barbarie, & le refte vient encore au Caire. Mais c'eft une exagération très-groffière de la part de M. Maillet, d'avoir évalué à douze cents quintaux l'or que les caravanes Nubiennes déchargent annuellement en Egypte. Bofman dit bien politivement que de fon temps toute la côte de Guinée ne don

à

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» Rien n'eft moins certain que l'existence des mines d'or, que les rois d'Égypte doivent avoir poffédées & dont Hécatée a évalué le produit, fuivant fa méthode ordinaire, à une fomme incroyable; elles étoient fituées, dit Diodore, fur les confins de l'Arabie, de l'Éthiopie & de l'Égypte, (Lib. IV.) & par conféquent vers l'endroit où eft la mine des émeraudes. Mais dans l'antiquité la domination des égyptiens ne s'étendoit point jufques là: car ce diftri& appartenoit ou aux troglodites ou aux éthiopiens; & c'est réellement des éthiopiens qu'on recevoit l'or qui avoit été tiré du fable des torrens & des tivières, ou exploité de la même manière qu'on le fait aujourd'hui dans l'interieur de l'Afrique. »

» On ne doit point prendre lorfqu'on parle des anciens, dit M. Paw, en confidération la différence qu'on voudroit imaginer dans la valeur des efpèces: car, fuivant nos principes, il n'y a point de différence notable entre la valeur d'alors & celle d'aujourd'hui, par une raifon qu'on comprendra aifément pour peu qu'on y réfléchiffe. La quantité de l'or & de l'argent eft maintenant bien plus grande; mais en revanche ces métaux font auffi plus répandus, & circulent dans une étendue immenfe. Au temps de Philadelphe, l'or & l'argent avoient à peine quelque cours en France, en Espagne, en Angleterre, ils n'en avoient aucun en Allemagne, en Pologne, en Suède & en Dannemarck. Comme les espèces étoient alors concentrées entre les peuples qui habitoient les côtes & les îles de la Méditerranée, cette abondance mettoit un obstacle à l'augmentation de la valeur ».

« Voici maintenant comment on peut démontrer par une preuve directe, qu'on a beaucoup exagéré tout ce qu'on dit des immenfes richeffes des anciens Pharaons. Hérodote donne une fpécification des tributs que Darius, fils d'Hiftafpe levoit fur les contrées qui lui étoient foumifes; l'Affyrie, en y comprenant Babylone, payoit mille ta'ens, & fourniffoit encore annuellement au férail cinq cens enfans châtrés, tand's que toute l'E-, gypte, Barca, Cyrène & un autre canton de l'Ahique ne payoient enfemble que fept cens talens. Là-dedans on ne comprenoit, à la vérité, point les livraisons en grains qu'il falloit faire à cent & vingt mille perfans, ni l'argent qui provenoit de la pêche du lac Méris; mais cet article ne peut

OR

avoir été auffi confidérable que les grecs fe le font imaginés, & ce qu'ils en difent eft puérile. Au refte, ce tribut de l'Egypte étoit très-modique en comparaifou de ce qu'il auroit dû être, fi les Pharaons euffent eu des revenus énormes; car Darius avoit fûrement mis un rapport quelconque entre les impofitions & les revenus des contrées refpectives.

« Ceux qui ont écrit jufques à préfent fur l'hif toire de l'Egypte, prétendent qu'elle fut prodigieufement enrichie par les dépouilles que Séfoftris avoit rapportées de fon expédition, pendant laquelle il rançonna tout le monde habitable. Mais ce font les interprêtes qui, en montrant aux étrangers les temples & les monumens de l'Egypte, leur ont débité ces fables, qui allèrent en croiffant de bouche en bouche. Diodore dit que quand Séfoftris vouloit fe promener dans les rues de la capitale, il faifoit atteler à fon char les députés des rois de la terre; & Lucain dit déjà qu'il y atteloit les rois mêmes. Voilà comme les fictions fe répandent, & comme on exagère enfuite ce qu'on a rêvé ».

ce

« Ce font réellement les trois premiers Ptolémées qui ont enrichi l'Egypte en fixant le centre du plus grand commerce qu'on ait fait alors dans l'ancien continent. Et c'est parce que ce commerce étoit fur-tout fondé fur un luxe deftru&tif, que quelques habiles politiques de Rome fupposèrent l'oracle fybillin qui intrigua tant le fénat, & par lequel il étoit défendu aux romains de porter leurs armes en Egypte; car cet oracle étoit fuppofé, ainfi qu'un autre fur le même fujet, qu'on prétendoit avoir été découvert à Memphis:

Haud equidem immeritò Cumana carmine vatis
Cautum, ne Nili Pelufia tangeret arva
Hefperius miles.

Ces vers de la Pharfale font une paraphrafe des quatre mots fuivans, qu'on disoit être extraits des livres tybillins: MILES ROMANE, ÆGYPTUM CAVE ».

« Ce cerf, dit Caylus ( II. pl. 11.), eft d'or, ma:s d'un titre fort bas, & allié d'argent; ce qui joint à d'autres raifons tirées du travail, me perfuade qu'il n'a point été fabriqué en Egypte. L'or de ce pays m'ayant paru fort fupérieur dans tous les monumens que j'ai vus ».

Il fut un temps où l'or étoit fi commun à Rome, que l'argent lui fut préféré, même pour les anneaux. Pline, qui nous en afsure ( Lib. XXXIII. c. 12.), en parlant d'Aré ius, chevalier romain, ajoute que l'excès du luxe alla au point qu'on couvrit d'argent les armes des foldats.

« L'an 365 de la fondation de Rome, on trouve à peine dans le tréfor public mille livres d'or (1,087,000 liv.), pour remplir les conditions du traité avec Brennus; l'an 586, après la défaite de Perfée, la maffe de l'or eft augmentée; PaulEmile la groffit de trois miile livres pefant (3,261,000 liv.). L'an 594, fous le confulat de Sextus-Julius & de Lucius-Aurelius, on ne trouvá dans le tréfor que fept cent vingt-fix livres pefant d'or (789,162 liv.); les deux premières guerres puniques l'avoient épuifé; on y trouva néanmoins de plus 92,375 livres pefant d'argent (6,928, 125 liv.). L'an 663, au commencement de fa guerre fociale, fous le confulát de Sextus-Julius-Cefar & de Lucius-Martius Philippus, on ne trouva dans le trésor public, fi les calculs de Pline font exacts, que 746 livres pefant d'or (919,602 liv.); apparemment qu'il avoit été pillé. L'an 672, la répu blique fe trouva en poffeffion de vingt-huit mille livres pefant d'or (30,436,000 liv.). & de cent vingt-deux mille livres pefant d'argent (8,677, 500 liv.) Enfin, l'an 703, au commencement de la guerre civile, Caius Céfar enleva du tréfor vingtfix mille trois cent liv. pefant d'or. Pline ne parle point de l'argent; mais il ajoute que jamais la république ne fut plus riche qu'à cette époque. Voyez cet auteur (Lib. XXXIII. cap. 1.& 3.). La même progreffion fe fait obferver par rapport à la proportion des métaux. Dans les premiers fiècles de la république, le cuivre, comme l'obferve fort bien M. Dupuy, étoit prefque la feule monnoie qui fervît aux befoins ordinaires de la fociété. L'argent étoit rare par le défaut de commerce, & d'un prix extrêmement fupérieur à celui du cuivre ; mais il en perdit à me fure qu'il devint abondant Abjecta funt deinde hac, & fordefcere cœpére, & auri argentiquè nimium fuit. Son ufage devenu général l'avilit en quelque forte, & redonna du prix au métal qui avoit fuffi à la noble médiocrité des premiers romains. Les différentes mutations que fubit la monnoie à chaque refonte, nous montrent la marche de ces viciffitudes progreffives du prix refpectif de l'argent & du cuivre. La première & la feconde époques nous font voir une once d'argent appréciée à cent vingt onces de cuivre ; la troisième, une once d'argent appréciée à quatre-vingt-feize onces de cuivre ; la quatrième, une once d'argent appréciée à cinquante-fix onces de cuivre; & la cinquième époque enfin, une once d'argent appréciée à trente-deux onces de cuivre ».

OR des romains (Métrologie de M. Paucton.). Son rapport avec l'argent.

« Pline dit (Lib. XXXIII, cap. 1.) que pendant long-temps il n'y eut point d'or à Rome, fi ce n'eft en très-petite quantité. Lorfque Brennus prit la ville l'an 364 de la fondation, on eut bien OR des romains (Métrologie de M. Paucton. ). de la peine à y trouver mille livres pefant d'or pour

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