Imágenes de páginas
PDF
EPUB

revienne régner en roi paifible & glorieux. Tel | eft le fujet & le dénouement de la tragédie d'Orefte, dans Euripide. Voyez MENELAS.

cc

Orefte fe rend à Athènes, & le met d'abord fous la protection de Minerve: la déeffe veut qu'il foit jugé dans les formes par des athéniens choifis, qui jureront de prononcer fuivant l'équité. Apollon entre en caufe en faveur de l'accufé: il avoue qu'il a commandé à Orefte de tuer fa mère ; mais il ajoute que tous fes oracles font les décrets de Jupiter même. « Quoi, répliquent les Furies, » (dans les Euménides d'Efchyle, Act. I. ), Jupiter vous a infpiré d'ordonner le meurtre d'une » mère pour venger un père mort? Oui, dit le dieu, car la mort d'un héros & d'un roi » doit être confidérée avec d'autres yeux que celle » d'une indigne époufe ». Minerve ordonne qu'on aille aux voix : les fuffrages pour & contre fe trouvent en nombre égal; & la déeffe, qui a auffi droit de fuffrage, donne le fien à Orefte, & le renvoie abfous; il fut même expié par le roi Démophoon.

[ocr errors]

Malgré ce jugement, les Furies ne le quittent Foint, & ne cellent de le tourmenter. Désespéré de fa fituation, il retourne à Delphes, réfolu de fe donner la mort, fi le dieu, qui étoit cause de fon malheur, ne devenoit l'auteur de fon falut. Apollon lui ordonne d'aller dans la Tauride, d'y enlever la ftatue de Diane defcendue du ciel, & de la porter à Athènes, promettant qu'à cette condition, il fera délivré de fes fureurs. Orefte exécuta l'ordre ; & à fon retour, les Furies l'ayant quitté, il vécut en repos, & remonta paisiblement fur le trône de fon père. Voyez CHRYSES, EUMÉNIDES, IPHIGÉNIE.

Orefte époufa Hermione, fille de fon oncle Ménélas, & joignit le royaume de Sparte à ceux d'Argos & de Mycènes. Euripide le rend encore coupable de la mort de Pyrrhus, à qui il enleva Hermione. Voyez HERMIONE. Après la mort d'Hermione, Orefte époufa Erigone, fa foeur utérine: elle étoit fille d'Egyfthe & de Clytemneftre. Il en eut un fils, nommé Penthile, qui lui fuccéda. Ovefte vécut quatre-vingt-dix ans, dont il en régna foixante dix: il mourut, dit-on, dans un voyage qu'il fit en Arcadie.

Paufanias nous apprend encore une circonftance fingulière de l'histoire d'Orefte. Non content d'être abfous par le jugement de l'aréopage, il alla encore chez les trézéniens, pour se soumettre à la cérémonie de l'expiation; en y arrivant, il fut logé dans un lieu folitaire, où il demeura comme féparé des autres hommes, aucun trézénien n'ayant voulu le recevoir chez lui jufqu'à ce qu'il fût lavé de la tache qu'il avoit contracté, dit l'hiftorien, en trempant les mains dans ie fang

de fa mère. Cependant on prenoit foin de le nourrir & de le purifier tous les jours, & l'on obfervoit d'enterrer, auprès de fa maifon, toutes les chofes qui avoient été à fon ufage, & qui avoient fervi à fa purification. Lorfque toutes les cérémonies furent accomplies, il fortit de ce même endroit un laurier qui s'eft toujours confervé depuis, difoit-on. Les defcendans de ceux qui furent commis à la purification d'Orefte, mangeoient tous les ans, à certains jours, en ce même lieu, & l'on montra long-tems, à Trézène, le vieux logement d'Orefte.

Paufanias (Corinthiac. ) dit encore que dans un temple de Junon, bâti près de Mycène, on voyoit une ftatue qui, de fon temps, portoit le nom & l'infcription d'Augufte, mais que la tradition du pays attribuoit à Orefte. Cette fubftitution ne doit point étonner, lorfqu'on fe rappelle que les grecs, foumis aux romains, ne faifoient plus élever de nouvelles ftatues à ceux qu'ils vouloient honorer; mais qu'ils infcrivoient leurs noms fur d'anciennes ftatues de héros, dont ils leur attribuoient le monument, quoiqu'il fût beaucoup plus ancien.

On voit à la villa Pamphili de Rome, un groupe fauffement appellé Papirius avec fa mère, que Winckelmann a dénommé, avec plus de vraisemblance, Orefte & Electre. Voyez-en les raifons à l'article ELECTRE. Le prétendu Clodius de la même Villa eft, felon le même antiquaire, Electre. Les raifons en font exposées à l'article CLODIUS.

Orefte n'étoit âgé que de onze ans lorsqu'il fe fauva des pourfuites d'Egifthe (Sophoc. Electre v. 11.). Il fit l'offrande de fa première chevelure au fleuve Inachus ( Æfchyl. Choephor. v. 6.).

Winckelmann a publié dans fes Monumenti inediti, plufieurs bas-reliefs, fur lefquels Orefte eft représenté. On voit au n° 151 le jugement de l'aréopage fur fon parricide ; au no 149, pris du palais Accoramboni à Rome, Orefte & Pilade en Tauride, prêts à être immolés par Iphigénie, & conduit par Thoas; le même Orefte tourmenté par les Furies, & les deux amis s'embarquant pour la Grèce avec Iphigénie & la ftatue de Diane taurique. On voit enfin au n° 146 un vafe de terre cuite, fur lequel font repréfentés Orefte & Pilade faifant des libations fur le tombeau d'Aga

memnon.

Caylus dit (Rec. d'antiq. 2. pl. 44. n°. 2.) « le fujet de ce beau camée, traité fur une agathe de trois couleurs, eft l'expiation ou l'abfolution d'Orefte. On dit que Minerve donna fa voix en faveur du héros, & c'est l'action dans laquelle elle eft ici repréfentée. Elle met une fève dans un vafe, dont la forme eft de la plus grande élé

gance. Le coupable, attentif à la démarche de 1 cette déeffe, eft accompagné d'une jeune fille vêtue, qu'il tient de la inain gauche. Cette fille mdique l'intérêt qu'elle prend à cet évènement par fes mains jointes, & par le caractère de fa tête. Sa proportion paroit bien diminuée en comparaifon des autres figures. Mais l'artiste éclairci par la vérité de l'hiftoire, ou guidé par fes propres idées, aura voulu peindre Iphigénie beaucoup plus jeune que fon frère. A côté d'elle on voit la tatue de Minerve, qui marque apparemment Athènes, comme le lieu de la fcêne. Elle ett pofée fur un cippe, femblable à ceux que Paufanias a fi fouvent décrits en parlant des temples de la Grèce. Malgré la médiocrité du volume de cette ftatue, l'artifte n'a pas oublié de déterminer les attributs de cette divinité ».

« Cette fable eft encore gravée de relief, dit Winckelmann (Hift. de l'art. liv. VI. ch. s. ), | fur une coupe d'argent d'environ un palme (fept pouces de France) de hauteur, & qui pourroit être attribuée au célèbre cifeleur Zopyrus, dont parle Pline (lib., 33. c. 55. ). Comme cette coupe, qui appartient aujourd'hui au cardinal Corfini, a été trouvée fous le pontificat de Benoît XIV, dans le port de l'ancienne ville d'Antium, lorfqu'on le rétablit, il eft à croire qu'eile n'a pas été exécutée à Rome; mais qu'ayant été apportée d'un autre endroit, vraisemblablement de la Grèce, elle périt dans ce port par quelqu'accident. Je fuis le premier qui ai publié & fait graver ce morceau rare dans mes monumens de l'antiquité (Monum. ant. ined. n°. 131.). Dans Ja defcription que j'ai faite de ce vafe, j'ai montré qu'il reffemble, pour la forme, à la coupe de Neftor dans Homère. Ce vafe eft double. La cifelure qui fait l'ornement extérieur du vase, lui fert en même-temps d'étui, de forte que cette coupe fe décompofe, & les parties s'adaptent fi bien, qu'il n'ett pas facile d'en decouvrir le double travail, à moins qu'on ne le fache. Par-là j'explique ce qu'Homère nonme aμQirotos Qiani, coupe ou gobelet double ».

L'efpèce de manteau court qu'Ariftophane donne à Oreite, & que ce jeune héros portoit, étoit fans doute replié fur l'épaule gauche: c'eft ainfi qu'il eft repréfenté fur le vafe d'argent du cardinal Nerini Corfini, lorfqu'il paroît devant l'aréopage pour peindre fon état de trifteffe & d'abaillement ( Monum. ant. med. n°. 131.

Cette manière de porter le manteau eft ainfi exprimée par Plaute,conjicere in collum pallium, & collecto pallio ».

On voit fur une pâte antique de la collection de tofch, Orefte & Pylade liés auprès d'un autel dour être facrifiés à Diane taurique par Iphi

génie, qui eft "devant eux. On trouve le même. fujet parmi les (Pittur. d'Erc. t. I. tav. XII.) peintures d'Herculanum, de même que fur une urne de dix palmes de long, qui eft au palais accur amboni à Rome, où eft repréfenté en même-temps l'embarquement d'Iphigénie. La ftatue de Diane taurique y eft placée fous un arbre, auquel font attachées les têtes des hommes qu'on venoit d'immoler à la déeffe; & au bas du piedestal de la ftatue, il y a une tablette garnie d'un petit bord à l'entour pour marquer les codicilli, ou la lettre par laquelle Orefte le fit reconnoître a fa foeur. Orefte & Pylade vont à l'autel, les mains liées derrière le dos, accompagnés du roi Thoas, qui eft habillé comme les rois barbares ; & après avoir embarqué Iphigénie, ils s'avancent en combattant pour le fauver avec elle.

ORESTES, furnom des familles AVTIDIA AVRELIA.

ORGANUM, nom général des inftrumens de mufique; mais qui devint le nom particulier des inftrumens de la même espèce que les orgues modernes ( Ifidor. 3. 20.). Lucrèce ( 2. 412.) appelle organicos les joueurs de lyre, & Juvénal fe fert du mot organa ( Sat. 6. 412.) pour défigner les lyres.

ORGE. « Après le triticum, la filigo & le far, la culture la plus utile eft celle de l'orge, hordeum ou ordeum; c'est en Italie un froment d'hiver que l'on sèmé vers le tems du coucher des pléiades, c'eft-à-dire, vers la fin d'octobre. Il lève le feptième jour après qu'on l'a mis en terre. Du plus gros bout du grain fort la racine de la plante, & du moindre la tige, le feuillage & la fleur. La tige eft divifée par huit noeuds. Les feuilles font rudes au toucher. Le grain n'eft point enveloppé dans des tuniques, il eft nud comme dans l'arinca & l'aveine. Son épi eft barbu & plus piquant que celui du triticum. Son grain eft le plus léger des fromens. Il eft rare qu'un modios attique d'orge paffe quinze litres attiques ou livres romaines (17 livres de Paris le boiffeau). On doit le femer, autant qu'il eft poffible, dans une terre neuve ou dans une terre reftible. Il y a plufieurs espèces de cette plante. Il y a l'orge à deux rangs de grains fur l'épi, hordeum diftinctum ou galaticum; c'est celui que l'on appelle en France à deux quarts. Il y en a à quatre quarts & à fix quarts. Ce dernier fe nomme hordeum hexaftichum ou cantherinum. L'orge hexaftique étoit eftimé des anciens, tant parce qu'il eft excellent pour la nourriture des beftiaux, que parce que dans un temps de difette & de cherté, il peut fervir d'aliment à l'homme même. L'efpèce d'orge appellée diftique ou galatique a le grain compacte, pefant & d'une agréable blancheur. En le mêlant avec du triticum, on en faifoit de très-bon pain

[ocr errors]

pour les efclaves chez les romains. Comme il y plufieurs efpèces d'orge, on remarque auffi quelques différences dans la forme, le poids & la couleur de ce grain. Il eft tantôt plus long, tantôt plus court ou plus rond, tantôt plus blanc, tantôt plus noir; quelquefois même il tire fur la couleur de pourpre. C'est avec l'orge qu'on faifoit en Egypte la ptifana, c'est-à-dire, le gruau ou l'orge mondé, apparemment. Pline dit que la manière de faire cette préparation de l'orge eft connue de tout le monde. Aujourd'hui nous ne favons précisément pas ce que c'eft. La polenta eft un

réduit en farine, & préparé pour fervir d'aliment, Pline explique la manière dont elle fe faifoit. (Métrologie de M. Paulton.) Voyez MAZA.

[ocr errors]

On en fit ufage pour la première à Eleufis, ville de l'Attique, où il fervoit de récompenfe au vainqueur qui avoit été couronné dans les jeux établis en cette ville. Celebratur illic Agon, dit un fcholiatte de Pindare, Proferpina & Cereris, qui vocatur Eleufina, cujus pramium erat menfura hordei. Les romains en nourriffoient leurs chevaux & pour punir les foldats de quelque faute, ils leur en donnoient pour toute nourriture; ce qui étoit une tache pour eux, comme nous l'apprenons de Plutarque: Concione demiffà, cohortibus qua terga dederant, juffit pro tritico hordeum dari. On vouloit leur faire entendre par-là qu'ils étoient indignes de recevoir la nourriture ordinaire, & qu'ils méritoient d'être réduits à celle des animaux. Cependant, par une inconféquence dont on ne peut rendre raifon, les mêmes romains faifoient de l'orge une récompenfe qu'ils diftribuoient fous le nom de hordearius miffus, à ceux qui avoient remporté le prix de la courfe aux jeux du cirque.

ORGE fur les médailles.

On voit un grain d'orge fur les médailles des Léontins.

On en voit des épis & des grains détachés fur les médailles de Metapontum, de Myconus & d'Obulco.

ORGIASTES, femmes qui préfidoient aux

orgies.

ORGIES, on donnoit ce nom aux fêtes qui fe célébroient avec beaucoup de bruit, de tumulte & de confufion (orgies vient de gyn, fureur, colère,): telles étoient les fêtes de Bacchus, de Cybele & de Cérès. Les orgies de Cérès & de Bacchus alloient fouvent enfemble. Mais c'étoit principalement en l'honneur de Bacchus qu'elles fe célébroient, & en mémoire de fon voyage des Indes. Elies prirent naiffance en Egypte, où Ofiris fut le premier modèle du Bacchus grec. De-là elles paffèrent en Grèce, en Italie, chez les gaulois,

& dans prefque tout le monde connu. Dans les commencemens, les orgies étoient peu chargées de cérémonies: on portoit feulement en proceffion une cruche de vin, avec une branche de farment, puis fuivoit le bouc qu'on immoloit comme un animal odieux à Bacchus, dont il ravageoit les vignes. Mais cette première fimplicité ne dura pas long-temps, & le luxe qu'introduifirent les richeffes, paffa dans les cérémonies religieufes. Le jour destiné à cette fête, les hommes & les femmes couronnés de lierre, les cheveux épars & prefque nuds, couroient à travers les rues, criant comme des forcenés, evohe Bacche. Au milieu de cette troupe on voyoit des gens ivres, vêtus en fatyres, en faunes, en filènes, faifant des grimaces & des contorfions, où la pudeur étoit peu ménagée. Venoit enfuite une troupe montée fur des ânes, qui étoit fuivie de faunes, de bacchantes, de thyades, de nymphes, de mimallonides, &c. lefquelles faiforent retentir de leurs hurlemens tous les lieux par où elles paffoient. A leur fuite on portoit des autels en forme de feps de vignes couronnés de lierre, & fur lefquels fumoient l'encens & les autres aromates. Toute cette proceffion étoit fermée par une troupe de bacchantes couronnées de lierre, entrelacées de branches d'if & de ferpens. Il n'eft pas furprenant que la licence fe foit introduite au milieu d'une telle fociété; aufli les hittoriens nous affurent qu'on fe porta aux derniers excès, aux débauches les plus infâmes, & à tous les crimes que peuvent autorifer l'exemple, l'ivreffe & l'impunité. Ce qu'il y a de plus furprenant, c'eft qu'on s'avifa fort tard d'y remédier; ce ne fut que l'an de Rome 568, que le fénat rendit un édit qui interdit les orgies, dans toute l'étendue de la république romaine, fous peine de mort. Voyez MYSTÈRES.

ORGIOPHANTES, prêtres ou miniftres des orgies. On lit dans une infcription recueillie par Muratori (2019. 5.). ORGIOPHANTA MAXIMUS,

ORGUE hydraulique. Voyez CLEPSYDRE.

On rend ordinairement par ces deux mots, l'inf trument des anciens appellé organum hydraulicum, tel que ceux dont parle Vitruve & Athénée. Les monumens n'en offrent aucun modèle; mais un bas-relief de la villa Pamphili, publié par Winckelmann, au n°. 189 des monumenti inediti, nous a confervé la figure d'un inftrument analogue à l'orgue-hydraulique, s'il n'eft pas le même. On voit un enfant agenouillé, devant lequel eft placé un grand globe monté fur une bafe quarrée. Ce globe eft percé de plufieurs trous, qui font bouchés par des efpèces de petits entonnoirs, ou d'embou chures pareilles à celles des cors de chaffe. L'enfant tient un de ces petits tubes de la main gauche. La droite eft cachée derrière le globe, & paroît occupée à agiter l'eau, qui produifoit par ce mou

[ocr errors]

vement un courant d'air, deftiné à former divers fons par la diverfité des ouvertures qui le laiffoient échapper. Ces ouvertures déterminoient par leur nombre l'espèce de l'instrument, de forte que celui du marbre de la villa Pamphili eft un hexacorde. Xiphilin (Nev. p. 184.), & Lampride (Heliogab. P. 112.) nous apprennent que les orgues-hydrauliques furent admis fur les théâtres du temps de Néron.

Athénée (Deipn. 1. IV.) dit que l'orgue hy draulique reffembloit à un autel rond, qu'il étoit garni de petits tuyaux. Il ajoute qu'un enfant faifort remuer l'eau qui rempliffoit fa cavité, & qui produifoit les fons.

L'empereur Conftantin Copronyme fit présent en 757 au roi Pepin, d'un orgue que l'on fuppofe avoir été hydraulique. Conftantin Curopalate en envoya un autre à Charlemagne, vers l'an 812, & Louis le Débonna're en fit conftruire un femblable dans fon palais à Aix-la-Chapelle, par un prêtre vénitien. Si l'on ajoute à ceux-là l'orgue qui exiftoit en Angleterre dans le douzième siècle du temps de Guillaume de Mamelsbury, on aura une notice exacte des orgues hydrauliques, dont les auteurs eccléfiaftiques ont fait mention.

Quoique connu dès le temps de Néron, l'ufage en fut perdu, & fe conferva feulement chez les grecs, d'où il revint fous les empereurs françois dans les VIII & IXc fiècles. Mais quelle en étoit la conftruction? Le vent étoit-il produit par une chûte d'eau comme dans les trompes des forges, ou par un courant d'eau qui faifoit tourner une roue, principe du mouvement des foufflets, ou enfin par la vapeur de l'eau bouillante comme dans la pompe à feu, ou l'éolipile? C'eft fur quoi nous ne trouvons dans les anciens aucun renfei gnement. Vitruve qui décrit un orgue hydraulique eft fi obfcur, que Kircher & Claude Perraut croyant l'éclaircir, ont donné chacun la defcription d'une machine de fon invention plutôt que de l'orgue de Vitruve. D'ailleurs, le mot organum fi équivoque chez les romains, qu'il exprimoit un concert de voix, un concert d'inftrument, un inftrument à corde & un inftrument à vent, n'a pas peu contribué à cette obfcurité.

L'orgue à vent étoit connu dès le temps des orgues hydrauliques comme il paroît par un paffage de S. Augustin (Pf. 56.), duquel on peut conclure qu'il n'a vu que celui là. Le premier orgue à foufflets, fans eau, dont on ait une époque certaine eft celui que Louis le Débonnaire fit conftruire pour l'églife d'Aix-la-Chapelle, & qui étoit différent de l'orgue hydraulique conftruit par fes ordres, & placé dans le palais impérial. Cette machine inconnue jufqu'alors fixa l'attention des allemands toujours portés vers la mufique. Ils réuflirent fi bien à l'imiter, que 30 ou 40 ans après la mort de

Louis le Débonnaire, Jean VIII s'adreffa à un évêque de leur nation, pour lui fournir un bon orgue, & un artiste capable de le bien gouverner, C'eft probablement le premier qu'aient vu les églifes de Rome: car il eft vifiblement faux que le pape Vitalien en ait jamais fait conftruire. Les moines d'Italie chez qui le travail des mains étoit en recommandation, s'appliquoient à la fabrique de l'orgue, & dans le dixième fiècle un abbe de France s'adreffa au célèbre méchanicien (car telle étoit pour lors la fignification du mot mathématic en Gerbert, abbé de Bobio dans le Milaais, pour lui en demander un. L'ufage s'en répandit infenfiblement dans toutes les églifes d'Occident, & dès le quinzième fiècle ils étoient très communs en France, en Angleterre & en Allemagne. Jufqu'à cette époque, les tuyaux avoient généralement été faits de cuivre, a l'exception de quelques effais faits en or & en argent, mais on commenca à les conftruire en plomb & en étain; & cet alliage a toujours paru depuis fi avantageux, qu'il a été adopté universellement : car on ne doit tenir aucun compte d'un orgue dont tous les tuyaux, tant à bouche qu'à anches, font faits avec des cartes à jouer, felon Bédos, & de celu: dont parle Majolus, qui avoit été fait en entier d'albâtre, les tuyaux & le clavier, & qui avoit été donné au duc de Mantoue Frédéric.

Pour avoir une idée des premiers orgues, qu'on life la defeription de celui de Westminster au dixième fiècle. Il étoit compofé de quatre cens tuyaux, & il falloit vingt-fix foufflets pour les faire parler, tandis que nous faifons jouer aujourd'hui un orgue de deux ou trois mille tuyaux avec quatre ou cinq foufflets feulement. Soixante-dix hommes vigoureux avoient beaucoup de peine à les mettre en mouvement. On voyoit encore dans le fiècle dernier à Halbertat un orgue à vingt foufflets mûs par dix hommes. Ces fouffleurs avoient leurs pieds fixés au fouffet, & fe tenant fufpendus à une perche horizontale, d'un pied ils élevoient un foufflet, & ils fouloient le fuivant de l'autre. Les premiers claviers étoient fi durs, qu'on ne touchoit l'orgue qu'à coups de poings ; & les touches avoient cinq ou fix pouces de largeur, quand l'orgue étoit réduit à une octave. On les retrécit en donnant à l'inftrument plus d'étendue. Les allemands inventèrent le cromorne, le hautbois, le baffon, & la plupart des jeux d'anches. Un nommé Bernard, de la même nation, inventa les pédales qu'il faifoit jouer avec de petites cordes. Peu d'années avant 1615, Timothée, facteur d'orgues, raccommodant celui de Wurtzbourg, y plaça les premiers regiftres connus. Voilà les noms de tous ceux qui ont fait dans cet instrument quelque changement confidérable, & dont on ait confervé l'ufage.

Au feizième siècle, l'orgue hydraulique étoit

enco re

encore en ufage. Un paffage de Montaigne pourra | autonome de bronze avec la légende ci deffus, & une borne pour type. jetter quelque jour fur cette matière. Il rapporte dans fon voyage d'Italie en 1581, qu'à Pratolino, maifon des dues de Tofcane, il eft des figures que l'eau faifoit mouvoir, & entendit une mufique dont l'eau étoit le mobile. Tivoli offrit à fon admiration chez le cardinal de Ferrare des jeux hydrauliques de toute efpèce, des orgues, des trompettes, des chants d'oifeaux, des bruits de moufqueterie & de canon, produits par des chutes d'eau qui agitoient l'air, & le pouffoient dans les tuyaux.

ORGYE, hexapode, braffe, mesure itinéraire & linéaire de l'Afie & de l'Egypte.

ORIENS, l'orient, le lever du foleil, un des points cardinaux du monde. On a donné le nom Orient à toute l'étendue de pays vers lequel on voit fe lever le foleil. Ainfi l'empire de l'Orient comprend les provinces fituées au lever de cet aftre, & celui d'Occident les pays fitués à fon couchant. Cette divifion de l'empire romain eut d'abord lieu fous Probus & Florien, puis fous Maximin & Conftant, enfuite fous Conftantin & Galère, qui fe partagèrent entr'eux les provinces. Les fils de Conftaotin-le-Grand en firent autant. Valentinien retint pour lui l'Occident, & donna l'Orient à son fère Valens. Théodofe réunit les deux parties fur fa tête, & en fit de nouveau le partage à fes fils Arcade & Honorius, qui, ayant des états féparés, les gouvernèrent cependant en commun, comme fi c'eût été un feul & même empire. Cette divifion eut lieu jufqu'à Valentinien III & Martien, fous lefquels les barbares ayant envahi la Bretagne, l'Espagne, la Gaule, l'Italie, l'Illyrie & l'Afrique; l'empire d'Occident fut détruit celui d'Orient fe foutint encore pendant quelques ORIA, canot, très-petit bateau (Fulgent. ex-fiècles, pofit. ferm. ant. §. 15.): Oriam dicunt navicellam fiècles, à travers mille fecouffes. modicam pifcatoriam. On lit dans Plaute :

632

Elle valoit 61 pouces & de France, felon M. Paucton.

Elle valoit en mefures anciennes des mêmes

pays:

1 } bême diploun.

ou 2 bême aploun.

Malo hunc alligari ad oriam,

Ut femper pifcetur, etiam fit tempeftas maxima.

ORIBATES. C'eft un des noms que les anciens donnoient aux danfeurs de cordes & aux faiseurs de tours de force (Firmicus, lib. V.).

ORIENTAUX (Costume général des ). On peut les habiller comme ils le font encore aujourd'hui. Sur un autel palmyrénien du Capitole, Aglibolus porte de longues chauffes, des fou.iers qui enveloppent tout le pied, une tunique defcendant jufqu'au genou, ferrée avec une ceinture. Sur cette tunique eft un dolimin femblable à celui dont on fe fert encore aujourd'hui dans le Levant; il eft ouvert par-devant, defcend à ORICHALCUM Quelques-uns écrivent auri- mi-jambe, & a des manches qui laiffent les bras nuds depuis les coudes. On voit le même habillechalcum, parce qu'ils prétendent que c'est un mélange d'or & d'airain. Aurichalcum, dit Feftus, ment fur un autre autel palmyrénien du même quidam putant compofitum ex are & auro, five quòd museum, qui de la villa Boño étoit paffé dans les colorem habeat aureum. L'orichalcum étoit un vé-jardins Mattei, & qu'Adrien Reland a publié dans ritable métal felon les grecs, qui l'appelloient fa Palestine (Lib. III. p. 526. ). optixadnov, as montanum. D'après une ancienne fable qui portoit que le feu ayant pris aux forêts des montagnes, plufieurs métaux couloient de la terre échauffée, parmi lefquels on remarqua l'oricalque: Cùm primùm homines fylvas incendiffent, dit Servius d'après Lucrèce (Eneid. XII. 87.); nullarum adhuc rerum periti, terra cafu fertilis om nium ex incendii calore defudavit metella, inter qua orichalcum. Ceux qui croient qu'il a été ainfi dénommé à cause de fa reffemblance avec l'or, fignent fous le nom d'orichalcum ce cuivre que l'on jaunit avec la calamine pour en faire du laiton (Voyez ce mot.), comme le dit encore Feftus: Cadmia terra qua in as conjicitur, ut fiat aurichalcum.

ORICUS, dans l'Epire. OKION.

M. Eckhel attribue à cette ville une médaille
Antiquités, Tome IV.

Pour leur coëffure, V. CIDARIS, MITRE,TIARE.

Coftume des affyriens & des babyloniens.

Si l'on excepte les grecs & les romains, toutes les autres nations plus orientales regardoientcomme une chofe honteufe de fe montrer nuds (Hérodote); auffi voit-on celles ci, pour l'ordinaire, couvertes d'habits qui leur enveloppent tout le corps. De ce nombre font les affyriens, peuple de la plus haute antiquité; mais nous fommes réduits à confulter fur leur coftume les monumens des nations voifines, & ce que les auteurs plus modernes en ont écrit. Juflin nous apprend que Ninus, roi des affyriens, étant mort, il laiffa un fils, nommé Ninias, de fa femme Sémiramis laquelle, dit-il, n'ofant confier les rênes de l'em» pire en de fi jeunes mains, ni les prendre » ouvertement elle-même, fe déguisa fi bien,

cc

כל

LII

« AnteriorContinuar »